« La liberté d’expression et la sécurité des journalistes doivent être encouragées par les acteurs judiciaires », Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, premier président de la Cour suprême

ctcoulibaly

En collaboration avec l’Unesco, le Service de Documentation et d’Etudes de la Cour suprême (Sdecs), a convié hier les acteurs judiciaires à un atelier d’échanges sur le thème : « La jurisprudence internationale et africaine sur la liberté d’expression et la sécurité des journalistes ». Se souciant grandement de l’accès à l’information, de la sécurité des journalistes, ainsi que de la protection de la liberté d’expression, le premier président de la Cour suprême, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, venu présider la cérémonie d’ouverture, a incité les acteurs judiciaires à encourager et à soutenir ces éléments phares, qui font partie des piliers fondamentaux de l’émergence de toute démocratie. 

Les détentions arbitraires dont sont victimes les journalistes inquiète sérieusement le premier président de la Cour suprême, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly. Persuadé du fait que la liberté d’expression constitue un des aspects des libertés fondamentales, piliers de notre démocratie, le magistrat invite les juges à utiliser la portée normative de leurs décisions pour en tirer le plus d’avantages dans le cadre de la protection de la liberté d’expression. « La protection de la liberté d’expression et de l’accès à l’information et la sécurité des journalistes doivent être encouragées et soutenues par les acteurs judiciaires, comme gardiens des libertés. Les juges, comme le rappelle François Ost, sont investis d’une force créatrice qui s’associe directement au pouvoir d’interprétation des normes qu’ils appliquent », a confié le premier président de la Cour suprême.

Encore plus du fait que, poursuit-il, en l’absence de liberté d’expression, aucune instauration d’une démocratie n’est possible. « Elle est indispensable à la stabilité de la société, puisqu’elle participe à la libre circulation des idées et la presse joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la démocratie », fait remarquer le juge.

En revanche, il n’a pas manqué de noter qu’aucune liberté n’est absolue et rappelle que certaines limites sont inhérentes à celle-ci. « Des restrictions nécessaires, pour des motifs précis, sont prévues par le droit sous le contrôle du juge. Ainsi, l’incitation à la discrimination ou à la violence ne peut être considérée comme l’exercice légitime du droit à la liberté d’expression », décrète le magistrat, appelant ainsi les acteurs des mass media à se pencher sur la question des moyens efficaces d’empêcher la prolifération « de fake news » et de réglementer le statut de la presse en ligne et de garantir la protection de ce qu’on appelle les lanceurs d’alerte.

D’autre part, il s’afflige des incessantes attaques dont fait l’objet la presse. Selon la magistrat, les journalistes, dans leur mission de recherche, de collecte, de traitement et de diffusion de l’information, en contexte de paix comme en temps de conflit, font la plupart du temps l’objet de harcèlements, de prises d’otages, de tortures, d’indimidations, de meurtres, d’enlèvements et d’arrestations arbitraires, sans pour autant que ceux qui sont à l’origine de ces graves infractions ne fassent l’objet, dans l’écrasante majorité des cas, de poursuites pénales appropriées pour être sanctionnées. « L’incapacité des gouvernements et des autorités du monde entier d’empêcher l’assassinat de journalistes et les attaques subies par les médias ont pour conséquence de nous priver d’un droit fondamental garanti par la Déclaration universelle des droits de l’Homme : celui d’avoir connaissance d’informations et d’idées et de les communiquer librement à d’autres. Chaque journaliste tué ou neutralisé par la terreur est un observateur de la condition humaine en moins. Chaque attaque déforme la réalité en créant un climat de peur et d’autocensure. C’est pourquoi le 2 novembre 2017, lors de la commémoration de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, le Secrétaire général des Nations unies affirmait sa détermination à aider à l’instauration des conditions dont les journalistes ont besoin pour exercer leur activité et faire avancer l’idée que la liberté et l’indépendance des médias sont indispensables au développement et à la paix », soutient Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, premier président de la Cour suprême.

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