Edito- Motion de censure de YAW :  Analyse d’une stratégie de communication déguisée…

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Motion de censure de YAW :  Analyse d’une stratégie de communication déguisée…

 La motion de censure initiée par les députés de Yewwi Askan WI pour renverser le gouvernement d’Amadou fraichement formé, sonne comme un test grandeur nature de cette coalition qui a fini d’être requinquée par les résultats des dernières élections législatives. Ragaillardie par une forte présence à l’hémicycle, conséquence de la majorité étriquée de la mouvance présidentielle, « Yewwi Askan Wi » a cru bon de juger sa force de frappe, en usant d’une prérogative constitutionnelle prévue à l’article 86 de la Constitution.

Si légalement rien ne s’y oppose, les motifs invoqués pour recourir à cette arme parlementaire aux conséquences lourdes, laissent transparaitre une volonté manifeste de bloquer le fonctionnement des institutions.  L’ancien Maire de Dakar, Pape Diop avait alerté sur un tel risque s’il advenait que l’opposition l’emporte sur le pouvoir à l’Assemblée Nationale. Aussi, avait-il très tôt fait le choix de rallier la majorité présidentielle pour parer à une telle éventualité. Cela lui avait valu des critiques et des remerciements.

Aujourd’hui, l’attitude des 53 députés de Yewwi Askan Wi déterminés à en découdre avec le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba qu’ils ont voulu démettre à tout prix, laissent penser que l’honorable député Pape Diop n’avait pas tort.  Pour s’en convaincre, il n’est que jeter un coup d’œil sur l’exposé des motifs de la fameuse motion de censure.  Au pupitre de l’Assemblée nationale, le président du groupe parlementaire de Yewwi,  Birame Souleye Diop, a exposé les motifs de la motion de censure. A l’en croire, cette motion de censure se présente comme une motion de défiance à l’égard du Premier ministre qui n’a pas voulu se soumettre à un vote de confiance des députés. « Voter la censure du gouvernement, c’est confirmer que les Sénégalais, dans une large majorité, ne sont pas convaincus de la déclaration de politique générale du Premier Ministre », a-t-il déclaré.  Et le parlementaire de soutenir que le Premier ministre Amadou Ba n’est pas à la hauteur des attentes des Sénégalais.

La première observation qui saute à l’œil nu, c’est cette précipitation à vouloir sanctionner un gouvernement qui n’a pas encore mis en œuvre sa politique. En effet, trois jours seulement après sa déclaration de politique général, Amadou Ba se voit contraint de revenir à l’hémicycle, obligé de défendre un travail qu’il n’a pas encore entamé. Sauf à vouloir verser dans un populisme débridé, force est de reconnaitre que l’opportunité de cette motion de censure est inexistante. En atteste la clairvoyance de la coalition Wallu qui l’a vite rejeté.

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S’il s’agit d’un exercice normal dans le jeu démocratique, la motion de censure n’aboutit jamais (ou presque). En France, durant la Vème République, une seule motion de censure a permis de renverser un gouvernement. Elle émanait du “cartel des non”, coalition de partis opposés à la volonté du général de Gaulle d’élire le président de la République au suffrage universel direct. Georges Pompidou a donc dû démissionner. Mais le résultat politique a été un basculement vers le présidentialisme: de Gaulle a contourné la censure en rappelant Pompidou et en soumettant la réforme à un référendum populaire. Avec ce scrutin plébiscitaire, il a court-circuité les canaux de résistance parlementaire. La seule motion de censure ayant aboutie est donc une victoire paradoxale.

C’est dire alors qu’en déposant une motion de censure contre le gouvernement d’Amadou BA, la coalition YAW était plus dans une logique de quête de visibilité, une affirmation de sa présence à l’hémicycle, bref un embellissement de son image ternie par le comportement de certains de ses députés qui se sont illustrés de la pire des manières.   En d’autre termes, la motion de censure de YAW relève beaucoup plus de la communication que d’un processus législatif. Elle a eu plus d’effet médiatique que politique. Mais, qu’à cela ne tienne ! cela fait partie du jeu politique…

Malheureusement pour la coalition YAW, cette motion a produit le contraire des résultats escomptés. Elle a révélé à l’opinion publique un Amadou politiquement crédible et une coalition YAW de l’opposition mue par la volonté tenace de bloquer le fonctionnement des institutions.  Du bad buzz dirait-on dans un langage plus familier…

 

 

 

 

 

 

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