Exportation des graines d’arachide : Pourquoi les travailleurs de SONACOS freinent des quatre fers

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La décision du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire d’autoriser à nouveau l’exportation de l’arachide menace les emplois au niveau de la SONACOS, ainsi que le devenir de la culture de cette filière. Les syndicalistes, qui ont battu le rappel des troupes, demandent au Chef de l’Etat d’interdire cette mesure.

 

La circulaire du ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire relative à l’organisation des exportations de graines d’arachide pour la campagne 2022/2023 n’agrée pas les huiliers et leurs partenaires. Ils ont décidé de contester cette mesure qu’ils jugent unilatérale et non appropriée. C’est la raison pour laquelle, ils vont se rencontrer ce jeudi à Diourbel pour alerter l’opinion nationale sur les gros risques qui planent sur leurs entreprises. Déjà du côté de la SONACOS, la quantité de graines collectées au niveau national ne dépasse pas les 10.000 tonnes.

Devant cette situation grave, qui risque d’impacter négativement sur les outils de production, les syndicalistes disent ne pas comprendre cette mesure du ministre Aly Ngouille Ndiaye. Dans cette correspondance dont “Bés Bi“ détient copie, le ministre écrit « Faisant suite à la réunion de préparation des exportations des graines d’arachide tenue le 23 décembre 2022 au MAERSA, et de la réunion d’évaluation des stocks de graines d’arachide qui ont suivi, durant la période du 28 au 30 décembre, j’autorise exceptionnellement une expédition partielle de 80% des quantités effectivement trouvées dans les entrepôts et sites de réception des exportateurs de graines, si les exigences sanitaires et phytosanitaires sont respectées. » Et Aly Ngouille Ndiaye d’ajouter : « À cet effet, chaque opérateur recevra une notification individuelle précisant le volume d’exportation qui lui est autorisé, correspondant à 80% du stock de graines d’arachides déjà collectées et enregistrées à l’issue de la mission d’évaluation. »

Cette décision du ministre a mis le feu aux poudres. Les syndicalistes ainsi que les saisonniers de la SONACOS sont vent debout pour faire revenir le ministre sur sa décision. Hier, ils ont tenu une rencontre à l’usine de Diourbel. Pour Mamadou Faye, responsable syndical de l’usine de Louga « la matière première est l’arachide, si, on ne l’a pas, même les aliments de bétail ne pourront pas être produits. Si les 80 % sont autorisés, toutes les usines seront à l’arrêt. Nous appelons tous à sauver la SONACOS qui est un patrimoine national. Personne n’a le droit de saborder cette entreprise car aucun n’y a intérêt. »

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Auparavant, Issa Ly le Secrétaire général du syndicat des corps gras et activités similaires est très inquiet quant à la survie « des emplois. Ils sont très menacés. Nous demandons aux autorités d’arrêter les exportations et d’engager une réflexion pour la filière arachide. Pour cette année, nous n’avons pas encore 15.000 tonnes d’arachides » Ces syndicalistes contestent avec la dernière énergie les chiffres donnés cette année par le ministère de l’agriculture. Pour eux, les rendements obtenus sont loin du chiffre de « 1,2 million de tonnes d’arachides. Nous n’avons même pas produit 600.000 tonnes. C’est cela la vérité des chiffres parce que nous avons une direction des achats qui est en permanence directe avec les producteurs. » Présent à la rencontre, Thié Mbaye Ndiaye le secrétaire général national adjoint des travailleurs des industries des corps gras et activités similaires du Sénégal, Thié Mbaye Ndiaye, regrettera « qu’avec tous ces investissements et les mesures prises en son temps par le chef de l’Etat pour renationaliser la SONACOS, qu’on en arrive quelques années après à poser encore ce problème de sauvegarder l’outil de travail.

Pour El hadji Momar Dièye délégué du personnel au niveau de l’usine de la SONACOS de Kaolack, il faut « sauver la filière arachide. » Et le syndicaliste d’alerter « on va vers la catastrophe. Si, rien n’est fait pour arrêter cette hémorragie, on n’aura plus de semences d’arachide. Il faut respecter le décret 2010-15 du 13 janvier 2010 parce qu’il n’y a pas plus d’un million de tonnes d’arachide. Les services du ministère de l’agriculture trompent le président de la république. Il n’y a pas 1,5 million ». Ces syndicalistes demandent à tous les usagers et bénéficiaires de faire bloc parce que « l’heure est grave ».

S’exprimant au nom des saisonniers, Mamadou Thiam, le président du collectif dira « La plupart des saisonniers risque de retourner à la conduite des motos “Jakarta“. Ce qui est une source d’insécurité alimentaire. Avec le manque d’arachides, le nombre de saisonniers ne dépasse pas 100 saisonniers, alors qu’ils dépassaient les 1500 l’année dernière. Tuer cette filière, c’est aussi rendre un mauvais service aux autres entreprises qui s’activent dans la filière volaille ».

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