Édito : Birame Soulèye DIOP ou les girouettes d’un politicien intrigant et arriviste

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Membre du PASTEF/Les Patriotes, Parti politique dans lequel il fait partie des cadres, peut–être même des figures de proue, Birame Soulèye DIOP ne veut plus se conformer à sa promesse électoraliste. En effet, en direction de la Présidentielle de 2019, où il fallait coûte que coûte électriser les foules, la lancinante question du cumul de mandats revenait souvent dans les débats et le leadeur de PASTEF/Les Patriotes affirmait urbi et orbi qu’il fallait impérativement y mettre un terme.

Mieux, l’affaire était même bien choisie dans le chapitre des engagements en cas de victoire à la présidentielle de 2019. Entretemps, Birame Soulèye DIOP est devenu Honorable–député et maire de Thiès–Nord.
Quel est le ressenti de Birame Soulèye DIOP par rapport au cumul de mandats ?
Qu’en est-il de sa perception de la chose après l’obtention de deux mandats électifs ?

 

De la véhémente proscription du cumul de mandats électifs

Abordant le cumul de mandats électifs, qu’il définissait d’ailleurs comme « un piège », Guy CARCASSONNE, le juriste français spécialiste du Droit constitutionnel et Professeur des Universités en Droit public disait ceci : « Le cumul des mandats est une plaie. Il faut la cautériser. Rien n’interdit de le faire intelligemment. Reprenons tour à tour chacune de ces trois affirmations. Que le cumul soit une plaie tient d’abord à cette évidence, que l’on connaît au moins depuis GOLDONI : même ARLEQUIN ne peut servir convenablement deux maîtres. La Nation et les Collectivités territoriales ont des intérêts qui peuvent être différents voire, à l’occasion, s’affronter. Celui qui est élu des deux penchera d’un côté et abandonnera l’autre. La confusion des genres nuit toujours à l’un d’entre eux au moins, quand ce n’est pas aux deux. Or représenter la Nation est une occupation qui est bien digne d’un plein-temps et qui s’exercera d’autant mieux que l’on n’aura que cela à accomplir, ce qui est déjà beaucoup. Ne pas l’admettre est intrinsèquement choquant… »

A la lecture de ce mot du constitutionnaliste, une hypothèse demeure envisageable : Birame Soulèye DIOP se serait inspiré peut–être de Feu l’éminent Guy CARCASSONNE ou d’un autre homme de science, c’est selon ! L’un dans l’autre, Birame Soulèye DIOP n’a jamais raté l’occasion de crier véhémentement toute sa réprobation du cumul de fonctions électives. Pour rappel, en la date du 20 septembre dernier, sur le plateau de nos confrères de 2A TV, M. DIOP réaffirmait sa position sur le cumul de mandats électifs, en le désapprouvant d’une façon faite à la diable tout en maintenant une sorte de clair–obscur.

« En 2019, le candidat Ousmane SONKO avait dit du cumul de mandats électifs, qu’il en ferait voter une loi l’interdisant définitivement au Sénégal. Mais, convenons quand même que les Sénégalais ne lui ont pas fait confiance à cette échéance. Je vous dis que dans les textes du PASTEF, il est inexact… J’entends même des journalistes le dire, il n’existe nulle part là où l’on a mis que le cumul de mandats électifs est interdit. Mais, pour ma part, par le simple fait qu’il s’agit d’un engagement d’Ousmane SONKO, moi j’assume totalement et absolument. Le moment venu… Je précise bien ! Le moment venu, je ferai le choix qu’il faut, mais sans pression aucune. Je ferai le choix entre l’Assemblée nationale et ma mairie, l’assumer pour respecter l’engagement qui a été pris par le président Ousmane SONKO. Parce que moi, je me vois dans cet engagement, c’est mon engagement à moi, celui qui avait porté la candidature d’Ousmane SONKO… »

Sauf son respect, convenons que le citoyen épris de vertu et de rigueur ne saurait cautionner pareil reniement ! Or, si Birame Soulèye DIOP a peu ou prou dilué sa position sur la question, c’est parce que dans cet intervalle de temps, il a eu deux mandats cumulés. Cependant, à l’instar de ses camarades de Parti, il s’insurgeait autant que faire se peut contre le cumul de fonctions électives en en faisant une promesse électoraliste.

 

Birame S. DIOP sur le cumul des mandats : « Personne ne doit rien m’imposer… »

En faisant paraître en 2011 son ouvrage intitulé “La politique ou L’art des leurres“, Jean-Paul DELÉAGE en prévenait plus d’un à travers un titre plus qu’évocateur. D’un coup de baguette magique, Birame Soulèye DIOP s’est renié de la plus basse des manières possibles. Dans la Sagesse wolofe, ce n’est pour rien qu’il est constamment dit : « L’honnête homme reste digne et, quoi qu’il advienne, ne ravalera jamais sa vomissure ». Or, entre Birame Soulèye DIOP, l’opposant en campagne électorale, et celui élu maire et Honorable–député, l’on dirait la nuit et le jour. Quitte à y perdre la face, Birame Soulèye DIOP, la mort dans l’âme, semble vouloir conserver en définitive ses deux mandats électifs, à savoir la mairie de Thiès–Nord et le poste d’Honorable–député à l’Hémicycle de l’Assemblée nationale.
« Le cumul de mandats, “aucune loi ne l’interdit“ au Sénégal », selon le maire de Thiès–Nord Birame Soulèye DIOP.
Alors, comme si cela ne suffisait pas, le pastéfien s’entête à vouloir convaincre ses compatriotes et malheureusement bride l’âne par la queue : « Il n’est nulle part interdit d’être maire et député. En France il y a une loi qui l’interdit mais pas au Sénégal. Il n’est nulle part interdit d’être maire et député, je le répète », persiste Birame Soulèye DIOP.

Pour couronner le tout, le maire de Thiès–Nord ajoute : « Personne ne doit me dire ce que je dois faire, personne ne doit rien m’imposer, au moment venu, je saurai quoi faire. Ce n’est pas aux gens de prendre une décision pour moi. Mon choix sera personnel ! »
Pour rappel, le cumul des fonctions électives n’a de cesse susciter le débat au Sénégal suite aux Législatives du 31 juillet dernier. En effet, certains maires ont gagné leur siège à l’Assemblée nationale. A n’en pas douter, dans un contexte de mise en exergue permanente sur les plateaux de télévision, de radio et sur les différents sites d’informations de la question du 3ème mandat, où le respect de la parole est souventefois opposé au Chef de l’Etat, par parallélisme des formes, une autre posture était attendue de Birame Soulèye DIOP et de tous les messieurs et dames de l’opposition, de connivence avec SONKO.

Tout compte fait, il semble que le débat autour du cumul de mandats est plus que jamais lancé dans le camp de l’opposition surtout, qui est ainsi rattrapé par ses promesses électoralistes incohérentes, voire populistes.

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