Paix en Casamance : A l’intention du nouveau CEMGA, Jean–Marie François BIAGUI adresse une correspondance

JeanMarie

« Si vous voulez la paix, préparez la paix ! » Cette recommandation émane de Monseigneur Jean–Pierre BASSENE, Évêque de Kolda, adressée à tous et à chacun lors d’un pèlerinage marial à Popenguine.

Dans la recherche de solutions, de part et d’autre, au moment où le conflit veux de quatre décennies est apparemment d’une latence manifeste, Jean–Marie François BIAGUI a, encore une fois, pris sa plume pour aborder le problème à sa manière.

 

Voici la lettre ouverte de Jean–Marie François BIAGUI rédigée à l’intention du CEMGA !

 

“ Comme en écho, un Colonel de l’Armée me dit, je cite en substance : « Quand il s’est agi de faire la guerre, je l’ai faite, sans état d’âme. Maintenant qu’il s’agit de faire la paix, je m’y engage, sans état d’âme non plus ». Celui–ci est, en effet, l’un des premiers pilotes, sinon le tout premier, à avoir jeté des bombes sur les bases du MFDC au début des années 1990.

Monsieur le Général,

Tout récemment, dans la zone nord de la Casamance, frontalière de la Gambie voisine, des drones de l’Armée ont pris pour cibles des paysans producteurs de cannabis. Non armés, ces derniers ne pouvaient, de toute façon, passer pour des combattants armés du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance), si l’on sait que le secteur concerné était abandonné par la faction du MFDC qui y était basée jusqu’alors, à la faveur de l’offensive de l’Armée de Mars et Avril 2022.

Et à supposer même qu’ils fussent des éléments du MFDC, dès lors qu’ils n’étaient pas armés et qu’ils ne constituaient, par ce fait, aucune menace, il eût été naturel, dans un État de droit, de les arrêter, ou de les faire arrêter, en l’occurrence par la Gendarmerie, et de les confier à la Justice.

Aussi, à l’époque des faits, avais–je été quasiment seul à m’être indigné publiquement contre ce qui était à mes yeux une forme d’exécution extra judiciaire.

Certes, l’Armée n’a–t–elle rien à craindre sur la question, ni de la part des droits-de-l’hommistes sénégalais, ni des journalistes sénégalais. Tous, lui sont, en effet, inconditionnellement et totalement acquis, d’autant plus que dans leur entendement, du reste avoué, tuer en Casamance des paysans producteurs de cannabis, non armés pour le coup, qui plus est au moyen de drones, et donc sans sommation, c’est tuer, en toute légitimité et légalité, du “MFDC“. Certains parmi eux, et pas des moindres, n’ont–ils pas réclamé à cor et à cri à l’Armée la liquidation physique de Salif SADIO, sans aucune autre forme de procès, suite à l’incident malheureux et regrettable du 24 Janvier 2022, qui opposa indûment et par leur seul fait des soldats de la CEDEAO basés en Gambie aux hommes du Chef de guerre du MFDC, dans une zone alors « sous contrôle » de celui–ci ?

Rappelons, tout à propos, que le MFDC ne dispose d’aucune base d’aucune sorte à l’étranger. L’Armée n’a donc rien à craindre, sous ce rapport–là. Cependant, n’en déplaise aux droits-de-l’hommistes saisonniers et autres rentiers de la guerre et des crises politiques et sociales, ni le droit, ni la morale, ni à plus forte raison l’éthique ne sont en l’espèce avec l’Armée.

C’est connu, Monsieur le Général, l’Armée sénégalaise sait faire la guerre, mais elle ne sait pas faire la paix. Nombre d’Officiers supérieurs ont payé de leur carrière leur volonté de paix en Casamance ; qui jetés, à cet effet, loin du pays, qui contraints de partir à la retraite anticipée, voire de démissionner, etc.

Or, l’heure de la paix a sonné. Et elle ne sonne jamais qu’une fois.

Figurez–vous, Monsieur le Général, que l’heure de la paix en Casamance a sonné, il y a de cela plusieurs décennies ; c’est–à–dire du vivant même de Sidy BADJI, fondateur du maquis casamançais, et de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, alors Secrétaire Général du MFDC. Mais, si de nos jours nous parlons encore “processus de paix en Casamance“, cela démontre à suffisance que l’Armée sénégalaise n’est pas douée pour la paix.

En fait, quand du côté de l’Armée l’on parle “paix en Casamance“, il faut entendre : “laver l’affront contre le MFDC“ ; et lorsque l’on évoque de ce côté–là “négociation avec le MFDC“, cela sous–entend “processus de reddition du MFDC“.

 

Toutefois, je veux croire avec vous, Monsieur le Général, à l’avènement d’une ère nouvelle, en Casamance en tous les cas.

 

Fraternellement,

 

Jean–Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC “.

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