“Le « Projet » pastefien en question” (Par Tamsir Faye)
La vidéo est devenue virale et se partage en boucle sur le Net. Me Ngagne Demba Touré, membre du mouvement national des cadres patriotes de PASTEF, explique, en regardant les sénégalais droit dans les yeux, le « Projet » pastefien en ces termes : « la conduite de PASTEF a pour finalité d’éveiller les êtres humains pour qu’ils cessent de vénérer les humains comme eux au profit exclusif du Créateur (Dieu) ».
Du point de vue sémantique, le message adressé aux destinataires clairement identifiés est sans ambages. Le déséquilibre dans la répétition, fait à dessein, dénote la place peu significative qu’occupent nos guides religieux dans le projet de PASTEF.
Mamadou Diop Decroix, Me Djibril War ainsi que certains foyers religieux, en observateurs avertis, ont bien raison de tirer sur la sonnette d’alarme. Ce n’est pas, en effet, la première fois que le Secrétaire général de PASTEF Grand Yoff fait une telle sortie. Le 23 février dernier, celui qui désormais se considère, de par ses diatribes récurrentes contre le régime du Président Macky Sall, comme l’un de ses plus grands pourfendeurs, a maintes fois martelé cette idéologie inscrite dans l’article 5 des statuts de PASTEF, afin que nul n’en ignore.
La « Da’wa » de PASTEF est simple et claire. La technique jadis utilisée en direction des non musulmans pour élargir le cercle de fidèles est, ici, manifestement dirigée, à des fins fractionnistes cette fois, contre les foyers religieux de notre pays, notamment les villes saintes de TOUBA, TIVAOUANE, MEDINA BAYE, NDIASSANE, THIENABA, YOFF, POPENGUINE… Elle a pour cibles les fidèles talibés mourides, tidianes, layènes, khadres …ainsi que leurs vénérés guides religieux que sont Seydi El hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikhal Islam Ibrahima Niasse, Boucounta Ndiassane, Seydina Limamou Laye Al Mahdi, pour ne citer que ceux-là. Elle n’épargne point, non plus la très respectable communauté chrétienne regroupée autour de son chef Mgr Benjamin Ndiaye. Cette idéologie montre clairement, pour ceux qui en doutaient encore, que PASTEF, concomitamment à sa volonté de briguer le suffrage des sénégalais, œuvre manifestement pour la disparition totale et complète des foyers religieux dans notre pays.
C’est une idéologie, à la fois sectaire et dangereuse, qui reproduit in extenso le manifeste des extrémistes d’Ansar Dine et de Boko Haram, succursales de DAESH (l’Etat islamique) au Sahel. Pour ces organisations comme pour PASTEF, il ne doit avoir, en réalité, aucun intermédiaire entre les fidèles et Dieu. Cette vision totalitaire est à la base des actions terroristes de ces organisations et dont les membres, se réclamant pourtant de l’Islam, n’hésitent pas à tuer, violer les femmes, organiser des rapts de jeunes filles, en définitive transformées en objet sexuel, exercer une violence inouïe, lâche et gratuite en direction de populations vulnérables, partout et quand bon leur semble. Cette perception d’un Islam radical et rigoriste, rétive à tout ce qui provient de l’Occident, est également à la base des destructions massives, en 2012, de 14 des 16 mausolées de Tombouctou au Mali, la ville des 333 saints, Patrimoine mondial de l’UNESCO mettant en relief l’extrême richesse de la civilisation Songhaï. Ces organisations terroristes ont, en outre, mis à profit le chaos issu du conflit armé à l’époque, pour saccager le monument AL Farouk, détruire ou voler plus de 4000 manuscrits entreposés à l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed-Baba (IHERI ABT).
Aujourd’hui, au regard de l’évolution des groupes armés salafi-djihadiste (AQMI, MUJAO, ANSAR DINE…) sur le Contient, il est clair qu’il existe bel et bien un projet djihadiste au Sahel, lequel n’a pas fini de s’installer complètement. Leur projet en bandoulière, ces dits groupes forment aujourd’hui un cercle de feu autour des pays limitrophes du Sénégal et n’hésiteraient, sans doute pas, à infiltrer notre pays à la moindre occasion. La similitude parfaite du projet ANSAR DINE et celui de PASTEF telle que déclinée, en bonne et due forme, dans les statuts de ce parti est frappante. Il y a lieu, dès lors, de s’inquiéter à raison. Car si, par concours de circonstances, ce parti arrivait au pouvoir, tous les mausolées de Touba, de Tivaouane, de Yoff, de Ndiassane…, seront détruits. Les écrits ô combien riches et profonds de nos vénérés guides Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Seydi Hadji Malick, Khaly Ma Diakhaté Kala etc., ne seront donc plus d’aucune utilité et subiront, en voie de conséquence, le même sort que les 4000 manuscrits de l’IHERI ABT. La pierre tombale étant considérée comme de l’idolâtrie chez les souteneurs de cette doctrine, nos cimetières, qu’ils soient catholiques ou musulmans, tels qu’ils sont constitués aujourd’hui, n’existeront plus.
Lorsqu’on écoute Me Ngagne Demba Touré dérouler le Projet de son parti, il y a de quoi avoir des sueurs froides. Car, logique pour logique, lorsque PASTEF arrivera au pouvoir, le Magal de Touba, le Maouloud ou Gamou de Tivaouane, celui de Leona niassène ou de Ndiassane, l’Appel de Yoff… seront carrément interdits. Les khadras Tidianes, faits à la gloire du prophète SAW et de Cheikh Ahmad Tidiane Cherif RTA ainsi les « Thiant » mourides en l’honneur du vénéré Cheikh, n’en parlons même pas. Le pèlerinage marial de Popenguine où près de 30 000 fidèles chrétiens se réunissent chaque année pour célébrer la Vierge Marie, disparaitra également. Car tout cela c’est du « bida », c’est « haram ».
Pour ceux qui comprennent la portée et le sens profond de ces prières qui contribuent quotidiennement à la stabilité de notre pays, le Projet de PASTEF est une aberration, une hérésie. Au regard de ses conséquences lourdes sur nos valeurs, nos civilisations, notre commune volonté de vivre en commun, il constitue une véritable bombe à fragmentation. L’on est en droit, dès lors, de se demander, comme bon nombre de sénégalais, comment ce parti est né sur la base d’un projet aussi funeste et décrié ? Ainsi, tous les patriotes de notre pays, les vrais patriotes dis-je, qui aspirent à la paix et la tranquillité du Sénégal, devraient le déchirer et le jeter à la poubelle avant qu’il ne soit trop tard. Mieux, ils devraient barrer la route à son leader dont l’inculture politique ahurissant, devient de plus en plus encombrant pour tous. Parvenu en politique, par un simple concours de circonstances, cet homme dont la violence verbale et physique contre les institutions de la République, ses symboles et les hommes et femmes qui l’incarnent, rappelle curieusement un certain Charles Blé Goudé, du temps de sa toute-puissance. Théoricien de « l’ivoirité », lui aussi s’égosillait en toute impunité devant les masses, constituées pour la plupart de jeunes innocents, taillables et manipulables à souhait qui le suivaient aveuglément. Tout comme Ousmane Sonko aujourd’hui, il n’hésitait pas à descendre dans la rue pour inciter les masses à la violence et la haine, contribuant à faire basculer la Cote d’Ivoire dans l’une de ses plus graves crises politico-militaire de son histoire en 2004. Patriote en chef, tout comme Ousmane Sonko, on sait où son arrogance et son impertinence l’ont finalement mené. A la suite de son incarcération, il s’est assagi et continue, à présent, de demander, pardon au peuple ivoirien. Mais à quel prix ?
Depuis que la jeune Adji Sarr l’a attrait en justice pour fait de viol et de violence répétée contre sa personne, Ousmane Sonko panique, tient à tout va un discours va-t’en guerre, en tirant sur tout ce qui bouge. Sa boulimie du buzz, sa quête permanente du m’as-tu vu(?), ses rhétoriques incendiaires, ses appels permanents à l’insurrection pour fuir le procès en question et se faire arrêter plutôt sous le coup des articles 80 du Code pénal et crier encore au complot, n’épargnent aucun secteur de la société, aucune institution de la République. Certains de ses partisans, la plupart adeptes de la pensée unique, se cachent de manière lâche et éhontée derrière un clavier, pour insulter quotidiennement nos chefs religieux et s’insurger contre tous ceux qui s’autorisent à ramer à contre-courant de leur modèle. Des agissements au ras des pâquerettes que le leader de PASTEF n’a jamais du reste condamné de manière ferme. Ses affidés, y compris les recyclés de la vieille garde en quête de virginité politique, ayant accepté de se ranger docilement derrière Sonko, simplement par calculs politiques ou réflexe de prébendiers, tels des illuminés face à un gourou, ont une très grande responsabilité devant l’histoire. S’ils aiment le Sénégal, comme ils le proclament à satiété, il est temps pour eux de faire amende honorable, taire un tant soit peu leurs petites rancœurs sans objet envers l’Etat et son Chef, au nom du Sénégal, pour que triomphent les valeurs et principes de la République.
Fort heureusement, le Sénégal n’est pas la Côte d’Ivoire ! Encore moins le Mali ou le Burkina Faso ! Dans ce pays, les derniers remparts contre toute idéologie fractionniste ou sectaire de nature à saper les fondements socio-culturels de notre pays, resteront toujours debout, pour faire face aux oiseaux de mauvais augure qui, chaque jour, tentent le diable pour le faire retourner trente ans en arrière. Au prix de leur vie !
La condamnation unanime des chefs religieux des événements de Mbacké et de Touba du 10 février dernier pour sonner la fin de la récréation contre les dérives de Ousmane Sonko, en est une parfaite illustration.
En définitive, le projet pastefien tel que décliné dans les statuts de ce parti, est un projet mort-né. Il est inopérant, improbable dans un pays comme le Sénégal. Toutefois, avec des aventuriers de la trempe de Ousmane Sonko et de ses affidés, il ne faut jurer de rien. On a vu, avec ce qui s’est passé en Côte d’ivoire, que les projets les plus improbables portent souvent les germes d’un chaos ambiant et peuvent provoquer, dans un pays prospère et stable, plus d’une quinzaine d’années de retard et d’hibernation.
Tamsir FAYE
DG ANPEJ