Validation de candidatures par le parrainage : une pratique-mille supputations

Il a suffi que l’Etat décide, comme lors de la présidentielle de 2019, de recourir encore une fois au parrainage en vue des législatives du 31 juillet 2022 pour que les langues se délient ! Si certains approuvent sans réserve le mécanisme en tant que tel, d’autres ne manquent pas de l’assimiler à ni plus ni moins qu’un filtre. A leur en croire, des adversaires politiques bien ciblés seraient écartés avec le système du parrainage. De l’avis de ces acteurs politiques du Pakao, il ne faudrait pas rééditer l’expérience qu’ils assimilent à « un recul démocratique et un blocage à la liberté de candidature ». En possession des listes parrainées, ne risque-t-on pas de galvauder l’essence-même de l’exercice du droit civique qu’est le vote, qui requiert une certaine discrétion. Poursuivant dans leur logique, ils affirment « il (le parrainage) viole aussi le secret du vote puisqu’il dévoile le choix de l’électeur avant le jour du scrutin ». L’un dans l’autre, ils restent formels : « ce parrainage n’est plus ni moins qu’une escroquerie politique ».

Apportant la réplique, d’autres acteurs dans le Fouladou magnifient le système du parrainage. Pour eux « le champ politique ne doit pas être assimilable à un cirque puisqu’il est question du destin du pays » et le mécanisme arrive à son heure.

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A l’opposé des détracteurs, ils sont d’avis que sans le parrainage les choses risqueraient de poser un vrai problème en termes de faisabilité. Ceci dans la mesure où avec près de 300 formations politiques au Sénégal « il faut impérativement un filtre pour écarter les candidatures farfelues et fantaisistes ». Embouchant la même trompette, ils redoutent que des consultations électorales ne puissent se tenir en l’espace d’une journée sans le parrainage. Ce qu’ils qualifient du reste comme « un précédent dangereux ».

Toutefois, l’arrêt de la Cedeao du 28 avril 2021 à propos du système est pris comme prétexte pour ces détracteurs du parrainage.

« La Cour décide que les formations politiques et les citoyens du Sénégal qui ne peuvent se présenter aux élections du fait de la modification de la loi électorale doivent être rétablis dans leurs droits par la suppression du système de parrainage, qui constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part ».

D’aucuns pensent qu’il faudrait se retrouver autour de l’essentiel et miser sur la concertation entre acteurs du jeu démocratique, privilégier vaille que vaille une démarche inclusive au sujet de la question. Il parait plus que jamais nécessaire d’éviter au pays de vivre des lendemains incertains en replongeant dans la violence.

Moussa

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