Situation politique : Des organisations de la Société civile sonnent l’alerte

L’inquiétude grandit dans l’opinion publique avec le renvoi d’Ousmane Sonko en Chambre criminelle pour “viols et menaces de mort“ sur l’ex-masseuse Adji Sarr. Après le discours musclé à Keur Massar, dimanche dernier, du maire de Ziguinchor qui, selon toute vraisemblance, ne se présentera pas devant le Tribunal, des organisations de la Société civile alertent sur un risque de basculement du pays dans un cycle de violences. “ La cote d’alerte a été dépassée ”, s’alarment-elles. Seneweb publie l’intégralité du texte.

 

« Le 03 mars 2021, notre pays, le Sénégal, a failli basculer dans  le chaos, plongé qu’il était en l’espace de quelques jours dans une rare violence dont les conséquences aux plans politique social et institutionnel continuent encore de peser lourdement sur le présent et l’avenir de notre vivre-ensemble ».

Pour rappel, il est important de noter que ces événements, fort regrettables, sont partis d’une confrontation opposant le pouvoir et une frange importante de la jeunesse soutenant le principal leadeur de l’opposition alors interpelé par le tribunal dans une affaire de “mœurs“ supposée  et qui s’est soldée par quatorze morts (14) restés jusque-là non encore élucidés par la Justice.

Et comme si cela ne suffisait pas, la décision malheureuse du Conseil constitutionnel, invalidant la liste des titulaires de la principale coalition de l’opposition lors des élections législatives, est venue accroître les facteurs de risque, de tension et de confrontation entre  ces deux forces qui sont les deux pôles essentiels dans une démocratie moderne.

Cette situation  a été aggravée dans la dernière période par le musèlement, l’affaissement de la démocratie et des libertés à travers  l’interdiction des manifestations publiques de Partis politiques ou de la Société civile, des arrestations et emprisonnements tous azimuts de leadeurs de l’opposition, de journalistes et d’activistes sur la base de simples délits d’opinion ou de présomptions.

Aussi est-il important de noter, à cet effet, que l’ampleur et les proportions prises par la confrontation entre l’opposition et le pouvoir, au sein de la nouvelle Assemblée nationale ainsi que l’entrée pour la première fois dans l’histoire du Sénégal des forces de Gendarmerie au sein de cet Hémicycle, constituent assurément un indicateur probant de la gravité exceptionnelle de la situation.

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A n’en pas douter, il est clair que dans ces conditions, la responsabilité de l’état pour  la sauvegarde de la paix, de la stabilité et de la cohésion nationale est entière et sans équivoque.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces événements se déroulent dans un contexte où les populations sont durement confrontées à d’énormes difficultés face au renchérissement sans précédent du coût de la vie, à la crise de l’emploi et à la baisse drastique de leur pouvoir d’achats.

C’est pourquoi, prenant la pleine mesure de la gravité de la situation,  nos organisations :

Soucieuses de la sauvegarde de la cohésion nationale et de la stabilité de notre pays ; éprises de paix et de justice sociale

Les organisations civiles déplorent fortement la judiciarisation des conflits et divergences politiques; ce qui dans le meilleur des cas ne peut conduire qu’à la dévalorisation et à l’affaiblissement de la Justice.

Ils lancent  un appel pressant au Président de la République pour qu’il prenne d’urgence les mesures les plus appropriées permettant d’apaiser la situation.

Ils appellent  les chefs religieux, les leadeurs d’opinions, les acteurs politiques et de la Société civile à se lever et à agir sans délai pour le respect des libertés garanties par la Constitution ainsi que les valeurs et principes démocratiques qui seuls  peuvent garantir une paix et une stabilité durable.

Et demandent instamment à la CEDEAO, à l’UA, à l’organisation des Nations unies et à la Communauté internationale de venir en aide au Sénégal par le déploiement rapide et efficace d’un dispositif de prévention et de résolution des conflits avant que la crise ne s’installe…

Car les risques de confrontation irrémédiables entre le pouvoir et l’opposition à la suite des derniers développements judiciaires intervenus dans l’affaire “ Sweet Beauty “, avec le renvoi devant la Chambre criminelle du principal leadeur de l’opposition ont largement dépassé la côte critique d’alerte.

Ils lancent enfin un appel à l’opposition et à toute la classe politique pour qu’elles prennent la pleine mesure des risques qui exigent de leur part responsabilité et retenue “.