Recrudescence des cas de négligence médicale : les hôpitaux sénégalais plus malades

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Ils se suivent et se ressemblent. Les cas de mort par erreur se multiplient de jour en jour au Sénégal. Les structures sanitaires du pays ressemblent davantage à des mouroirs.

Inacceptable, inhumain, horrible ! Les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer l’affaire qui a ému tout un peuple. Astou Sokhna a rendu l’âme en voulant donner une vie. Arrivée à terme après neuf mois de grossesse, elle devait subir une césarienne d’urgence car ne pouvant accoucher par voie basse. Munie de ses dossiers médicaux, elle se rend à la maternité de l’hôpital Ahmadou Sakhir Mbaye de Louga, vers 9H30 du matin, accompagnée de son époux et de sa mère. Mais elle aura la malchance de tomber sur une sage-femme « cruelle » qui, selon les dires des proches de Astou Sokhna, l’a tout simplement laissé mourir.

De 9h30 à 5h du matin, Astou Sokhna est passé par toutes les étapes de la souffrance, sous l’œil indifférent de la sage-femme, et sous prétexte qu’elle n’était pas programmée pour une intervention ce jour-là. Les supplications et cris de douleurs de la parturiente n’y feront rien. La sage-femme laissera Astou Sokhna livrée à elle –même près de 20 heures de souffrance qui auront raison  d’elle et de son bébé. Les deux finiront par perdre la vie. Cette fois-ci, c’est l’hôpital Ahmadou Sakhir Mbaye et une plainte a été déposée. « Je ne leur pardonnerai jamais », a déclaré, meurtri, l’époux de Astou Sokhna. Mais cette affaire n’est que la dernière en date d’une série de négligence médicale, qui ont conduit à mort d’homme, de femme plus souvent.

Le 26 juillet 2021, une jeune Touba Daba Mbaye, s’est rendue à la clinique Nest de Dakar, à 36 semaines de grossesse, pour faire sa dernière consultation prénatale. Elle n’en sortira pas vivante. Jugeant que le cœur du bébé était faible, le gynécologue a décidé d’injecter de l’adrénaline à sa patiente. Une deuxième injection 30 minutes plus tard causera un arrêt cardiaque à la jeune femme, qui sera évacuée d’urgence à l’hôpital Aristide le Dantec en réanimation, Touba Daba Mbaye perdra son bébé deux jours après, avant de mourir après 17 jours d’hospitalisation. Sa famille reste persuadée que les complications ayant conduit à la mort sont dues aux injections qu’elle a reçues, d’autant plus, selon son oncle, que deux pages de son carnet de santé ont été déchirées avant qu’on ne le leur rende. Quelques mois avant, au cours de la même année, quatre nourrissons sont morts de manière atroce à l’hôpital Maguette Lô de Linguère. Nés prématurés et placés en néonatalogie, ils succomberont à un incendie dans ledit service. Le directeur de l’hôpital, le chef du service de maintenance, le responsable du service pédiatrique et la chargée de surveillance de l’unité de néonatalogie ont été auditionnés, les délits d’homicide involontaire  et de blessures involontaires évoqués.

 « Aujourd’hui on note une insécurité sanitaire »

Les exemples foisonnent, les cas  de négligence médicale sont de plus en plus nombreux au Sénégal. Des cas qui soulèvent  tristesse, indignation, mais qui sont rarement élucidés. Les hôpitaux sénégalais semblent  être devenus des mouroirs, le témoignage publié sur Facebook de Moustapha Coly, Professeur d’anglais au lycée Malick Sall  de Louga, est édifiant, terrifiant, et reflète le ressenti des populations par rapport au système sanitaire sénégalais. « Ahmadou Sakhir Mbaye de Louga, un hôpital qui fait peur ! J’interpelle les femmes enceintes de la région  de Louga, particulièrement celles de la commune et environs, j’insiste dans mon interpellation ! Ne vous rendez pas à la maternité de l’hôpital en cas d’accouchement. C’est un vrai mouroir. Vous en sortez des pieds devant. L’histoire de Astou Sokhna est un exemple parmi d’autres. Cette dame est décédée par négligence. Sa prise en charge n’était pas adéquate ».

Il y a de quoi s’interroger sur le véritable problème des hôpitaux sénégalais. Comment sont-ils passés de centre de soins à porte d’entrée vers le cimetière ? Problème de moyens ? Défaut de formations des agents ? L’accueil et la prise en charge dans les structures sanitaires -fréquemment décriés par les usagers- reste une équation difficile à résoudre.

 Ramatoulaye

 

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