« Parfum de fin de règne » (Par Mary Teuw Niane)

Lorsqu’un régime est sur une pente inexorablement descendante, il manque d’écoute, d’intelligence, de retenue et de bon sens. Le Président de la République a pensé tirer profit des malheureux événements de la séance d’installation de la 14ème législature. Il n’a pas hésité à énumérer des détails.
Il a sciemment omis la gravissime intervention de la gendarmerie qui fait tâche sur notre démocratie et qui restera à jamais gravée dans l’histoire de notre pays à l’image des événements de 1962.
Cette intervention aurait été évitée si les mécanismes de conciliation propres à l’Assemblée nationale avaient été mises en œuvre.
En fait, il fallait coûte que coûte, dare dare, installer le candidat du Président de la République à la Présidence de l’Assemblée nationale.
Dans ce discours le Président de la République s’attribue le beau rôle, il est le rempart, le garant de l’expression de la pluralité démocratique que les forces de l’ordre n’ont pas laissé s’exprimer.
Il s’adresse aux sénégalaises et aux sénégalais pour tenter maladroitement de récupérer l’émotion ressentie le lundi dernier par les populations.
Il pense ainsi recoudre les fils rompus qui le liaient au peuple qui l’a depuis longtemps abandonné.
Le Président de la République a raté le sens de l’histoire.
Il a fait hors sujet.
Les sénégalaises et les sénégalais attendaient qu’il tire les leçons du scrutin du 31 juillet 2022 en appelant au dialogue l’opposition, la société civile, les syndicats, etc., en vue de la constitution d’un gouvernement de large union nationale pour conduire notre pays aux élections présidentielles de 2024 dans la stabilité, la paix et la concorde.
Les sénégalaises et les sénégalais attendaient qu’il annonce qu’il ne sera pas candidat en février 2024, libérant le pays, ses partisans et les secteurs économiques et qu’il tire les leçons des conditions qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir en 2012.
Enfin les sénégalaises et les sénégalais attendaient qu’il libère messieurs Khalifa Sall et Karim Wade des contraintes qui les empêcheront d’être candidat en 2024.
Un discours décevant. Un discours opportuniste qui essaie de surfer sur l’émotion des sénégalaises et des sénégalais.
Un discours qui confirme la ligne de conduite minutieusement exécutée depuis avril 2019.
En fin un discours au parfum de fin de règne.
Dakar, vendredi 16 septembre 2022
Mary Teuw Niane