Les sans-abris à Dakar : La vie sans toit et au contact du froid courant glacial…

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L’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM), ne cesse de tirer, ces temps-ci, sur la sonnette d’alarme à propos du climat de Dakar. Des vents forts de 40 Km/h ou de la poussière qui agitent les côtes sénégalaises et qui impactent négativement l’activité des pêcheurs.

 

Mais au-delà de la mer et de ses acteurs, ces coups de fraicheur s’abattent sur des personnes sans pirogue et sans gilets de protection : les sans-abris. Face au froid et à leur désarroi, Ibrahima Seck a créé une chaîne Solidaire.

Le feu de bois jaillit du fourneau. Aux alentours, l’ombre d’un homme, assis sur un petit tabouret et qui tente de se réchauffer le corps. À ses côtés, une dame, sans doute sa femme, allongée sur le sol et couverte de la tête aux pieds. L’homme en question, un ancien militaire devenu une personne sans-abri et qui a élu domicile à la Place de l’Indépendance. Le regard oisif, il se braque dans un premier temps, avant d’entamer une explication décousue. « J’ai exercé dans l’Armée, travaillé à la SENELEC. Mais j’ai tout perdu suite à des difficultés sociales et financières », raconte le cinquantenaire. Un échange furtif, mais suffisant pour plonger Ibrahima Seck dans la consternation. L’architecte de profession, se lève, refait ses lunettes, reprend son chemin, tout en lui promettant de revenir.

Ce genre de drame social est malheureusement tombé dans la banalité pour l’expert en bâtiment. La raison : depuis 2016, il part régulièrement à la rencontre des sans-abris, surtout des déficients mentaux. Son objectif : les aider à faire face au froid et à trouver un peu de réconfort. « Je peux dire que c’est grâce à mon métier d’architecte que je suis dans le social », nous confie Ibrahima Seck. Tout démarre à Malika, après une rencontre hors du commun. « Ce jour-là, arrivé aux chantiers, je trouve sur les lieux un déficient mental. Meurtri par sa situation, j’ai décidé de lui venir en aide », se souvient l’architecte. À partir de ce moment, il surpasse son émotion au profit de l’action. « Je l’ai lavé avant de lui offrir des habits propres. Et lorsqu’il a vu comment il s’est métamorphosé, il n’a pas cru que c’était lui », ajoute Ibrahima Seck sur un ton désolant. Le point d’orgue d’une association officialisée en 2020 dans le but d’aider les sans-abris. Sa méthode : collecter des vêtements lourds et des couvertures grâce aux réseaux sociaux. Et le tout, animé par l’esprit du recyclage : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

La toile en faveur des personnes sans toit

La température affiche 19 degrés, un vent fort et froid souffle sur la Place de l’Indépendance. Un contexte qui ne refroidit pas les ardeurs du président de l’association « Help Clean and Mind ». Ibrahima Seck continue ses va-et-vient incessants. Par devers lui, deux gros sacs en plastique remplis d’habits et de couvertures.

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Cette fois-ci, l’architecte est au chevet d’un septuagénaire. Ce dernier a trouvé refuge au pied d’un bâtiment, non loin de la Préfecture de Dakar. Il s’agit d’un ancien pêcheur, originaire de Saint-Louis et qui dort à la belle étoile depuis des années dans la Capitale sénégalaise. « J’ai l’habitude de l’aider », explique Ibrahima Seck. Comme à l’accoutumée, il lui donne une couverture blanche, un pull-over et de la bouillie. « Encore une personne qui souffre de troubles mentaux, abandonnée par sa famille » se désole-t-il. Mais ce qui lui permet de garder le moral, c’est cette magie qui s’opère sur les réseaux sociaux. Effectivement, c’est sur la toile qu’il lance son message de soutien :

« Sortez vos habits qui dorment dans vos armoires ! » Un appel qui a eu un écho favorable, puisque des internautes le contactent. L’idée est de donner une nouvelle vie aux vêtements principalement, rangés dans les placards.

« C’est pourquoi, dans l’association, il y a quelqu’un chargé du linge et un autre de les recoudre au besoin. Des bonnes volontés », informe Ibrahima Seck. Et pourtant, cette action de solidarité n’est pas du goût de tout le monde. Il affirme que « des proches peinent parfois à comprendre le fait que je laisse pratiquement tous les jours ma famille et pour rester dans la rue jusqu’à des heures tardives ». « Avec le temps, ils arrivent à l’intégrer », constate l’architecte.

Rien ne semble freiner son désir le plus ardent. Son ambition est de créer un centre d’accueil et d’une grande capacité pour les personnes démunies. Une note d’optimisme qui contraste avec la situation d’un autre sans-abri. Une personne d’un âge avancé, allongée sur un carton, en face des locaux d’une banque. Le sourire qu’il affiche, à l’arrivée du président de l’association « Help Clean and Mind » en dit long sur leur relation affectueuse. « Je vais t’aider à te couvrir », lui lance Ibrahima Seck. Pour le remercier, une accolade et des prières.

Des prières qui renforcent la volonté de l’architecte à continuer ses actions sur la toile, en faveur des personnes sans toit

L’horloge dépasse 1h du matin, le temps pour lui de se retirer. Ainsi, Ibrahima Seck quitte la place de l’Indépendance, laissant derrière lui des hommes et des femmes qui n’ont que le feu et son aide précieuse pour résister au froid glacial du centre-ville. Ils peuvent ainsi se réchauffer temporairement le corps et le cœur.

 

Demain, c’est un autre jour…

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