Les bouchers « charcutent » l’argument du ministre de l’élevage
Le ministre de l’élevage a tenu à rassurer les populations par rapport à l’embargo économique contre le Mali et ses conséquences sur le prix de la viande. S’il assure que le Sénégal est autosuffisant, cela ne se reflète pas dans les boucheries.
Invité de l’émission Iftaar de iTv, mardi, le ministre de l’Elevage a tenu à rassurer la population sur l’autosuffisance en viande. Selon lui, le Sénégal consomme 300 000 tonnes de viande annuellement et est autosuffisant à 95%. Mais, dans la banlieue dakaroise, les bouchers « charcutent » cette affirmation de Aly Saleh Diop. Au marché Zinc de Pikine, il y a une place exclusivement réservée à la boucherie. Sur place, les marchandages entre bouchers et femmes de ménage vont bon train. « Ici, depuis quelque temps, les choses ont vraiment changé et la viande est devenue de plus en plus chère », a dit Mamadou Aliou Ba, délégué des bouchers du marché. « En ce moment, nous vivons une situation très difficile, surtout depuis la fermeture de notre frontière avec le Mali. Le bœuf qu’on achetait à 500 000 FCFA coûte maintenant entre 800 000 et 1000 000. C’est vraiment difficile d’avoir de la viande dans le marché », affirme-t-il.
Cette situation difficile, la plupart des bouchers la vivent au quotidien. « Nous ne savons pas d’où le ministre a tiré les informations qu’il a données mais, franchement, ce n’est pas visible sur le terrain », insiste Mouhamed Fall. Les bouchers peinent à sortir de ce calvaire et affirment « travailler à perte ». Ils demandent à l’Etat d’intervenir parce que le kilo de viande coûte 3800 francs depuis la fermeture des frontières. « Nous achetons le bœuf très cher pour revendre en détail très cher. On vit les conséquences de l’embargo sur le Mali et cela risque d’être davantage plus compliqué dans les jours à venir si cette situation perdure », s’inquiète M. Fall qui demande à l’Etat du Sénégal d’ouvrir ses frontières au peuple malien.