Législatives 2022 : Alioune Ndoye se dit rassuré
Alioune Ndoye se montre rassuré. Être tête de liste de la coalition présidentielle dans le département de Dakar, dont plusieurs communes sont entre les mains de l’opposition, reste un challenge pour lui. Mais le maire de Dakar Plateau n’a aucun doute que le coup de 2017, où les 7 députés de la capitale ont été raflés par le pouvoir, sera réédité. Aux antisystèmes, il rappelle que le système démocratique sénégalais fait qu’au Sénégal « on n’accède pas au pouvoir par les armes ». A Khalifa Sall et autres, le socialiste estime que c’est leurs « positionnements crypto personnels » qui les ont poussés à déposer « une liste qu’ils savaient juridiquement irrecevable ».
Comment avez-vous accueilli votre désignation comme tête liste départementale de Benno Bokk Yaakaar à Dakar ?
Je vais être franc, ce choix est avancé et se murmure. Nous sommes très disciplinés et donnons toujours la primeur à la hiérarchie. Mon parti d’appartenance et mon parcours expliquent sûrement cette posture de discipline. Actuellement, nous sommes en phase de démarrer collectivement le travail car ce n’est pas une histoire de tête de liste. C’est une histoire d’équipe, de projet, une histoire même de régime. Dakar est la capitale du Sénégal et a toujours été une zone assez difficile, politiquement parlant, pour tout pouvoir en place. Mais Dieu merci, depuis que le Président Macky Sall est là, le pouvoir a gagné toutes les élections nationales. Nous voulons tout faire pour respecter cette tradition comme nous l’avions fait lors des dernières Législatives. Nous allons rééditer cette performance, c’est-à-dire, gagner les 7 députés de Dakar. Ça sera simplement une suite logique de l’excellent travail qui est en train d’être fait au Sénégal. Nous avons en face de nous une opposition qui a un projet simple qui n’est pas de renforcer la démocratie sénégalaise. D’ailleurs, certains d’entre eux se disent antisystème et il est bon de savoir de quel système ils parlent. C’est le système démocratique sénégalais qui fait qu’au Sénégal nous n’accédons pas au pouvoir par les armes, avec un projet fait uniquement d’insultes et de diffamations. L’objectif de l’opposition est basique. L’autre aspect de leur discours, c’est de dire : « Mettons-nous ensemble pour gagner afin de pouvoir voter des lois d’amnistie au profit de deux personnes.
Vous parlez de Khalifa Sall et de Karim Wade ?
Oui. Je parle de Karim Wade et de Khalifa Sall pour ce projet de contrôle de l’Assemblée nationale afin de voter une loi d’amnistie. Donc, l’opposition dit : « Donnez-nous l’Assemblée pour que nous imposions notre volonté au peuple sénégalais, à sa justice. » Le 3e aspect, qui m’a fait sursauter lorsque je l’ai entendue à la télé, c’est de dire : « Nous allons prendre le Parlement pour bloquer la Gouvernance du Président Macky Sall, mais nous convenons qu’en 2024, chacun ira de son côté. » Ce qui veut dire que cette coalition est purement électoraliste, politicienne. Ce qui se passe à Dakar est un exemple patent, puisqu’il est avéré que c’est parce qu’ils ne s’entendaient pas dans leurs deals de positionnement crypto personnels, qu’ils en sont arrivés à déposer une liste qu’ils savaient juridiquement irrecevable. Et ils ont ensuite osé, à la face des Sénégalais, pousser l’indignité jusqu’à accuser le Président Macky Sall d’être en complicité avec la Direction générale des élections, d’avoir tripatouillé leurs listes. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui, sans gêne, nous servent l’excuse d’une erreur humaine.
Est-ce qu’il ne s’agira pas pour vous, aux prochaines Législatives, d’une reconquête de Dakar ?
Comme je l’ai dit, ce sont des élections différentes. Les Locales, c’est du « Navétane », une affaire de « Gokh » (base) avec ses réalités. Et nous avons connu cette hideuse campagne de diffamation. Imaginez que les gens ont osé prendre des hauts parleurs et faire le tour des rues de Dakar pour accuser le gouvernement de mener une politique pro-Lgbt. C’est scandaleux ! Des chefs religieux ont osé se mettre sur leur minbar pour dire que voter pour Bby, c’est voter pour la promotion de l’homosexualité au Sénégal. C’est criminel ! Ces personnes doivent présenter des excuses au peuple sénégalais parce que tout le monde sait aujourd’hui que pour des intérêts politiques, ils ont colporté le mensonge dans nos cités.
Au passage, nous affirmons notre soutien et toute notre solidarité à notre compatriote, Idrissa Gana Guèye qui est victime d’un lynchage médiatique qui est, en réalité, une forme d’ostracisme et de racisme primaire qui ne dit pas son nom. Gana Guèye n’a pas posé des actes homophobes comme ils veulent nous le faire croire. Il demande simplement que ses convictions religieuses soient respectées. Donc, ce n’est pas une histoire de reconquête pour Dakar, parce que ce ne sont pas les mêmes élections. Dans le Parlement sortant, les 7 députés de Dakar sont de notre coalition et il s’agit de maintenir cette précédente victoire, mais aussi de faire en sorte que le vrai projet de nos adversaires soit connu des Sénégalais. Ces gens, par stratégie, se disent qu’ils doivent souffrir d’une alliance contre nature même avec ceux qui ont le projet de les fusiller.
Vous avez perdu de nombreuses communes à Dakar lors des Locales. N’est-ce pas un handicap pour vous pour les Législatives ?
Souvent, j’entends cela. Il ne sert à rien de se voiler la face. Nous sommes des élus locaux et nous avons gagné nos communes. D’autres ont perdu. Mais vous savez que les communes ne sont pas d’une dimension égale. C’est vrai que le critère démographique est important, mais il y a d’autres critères. Quand vous perdez ces communes peuplées, la différence se lit tout de suite. Mais ceci n’est pas nouveau. Nous-mêmes avions gagné ces communes en étant dans l’opposition. Nous nous sommes battus contre le régime qui était là, jusqu’à accéder au pouvoir. Eux aimeraient rééditer le coup. Mais comme je l’ai dit, il s’agit d’une autre élection nationale. Quand il s’agit d’aller vers la nation sénégalaise, le Président Macky Sall et son régime ont toujours montré qu’ils sont largement majoritaires au niveau du Sénégal. Comme disait feu Ousmane Tanor Dieng : « Que chacun gagne chez lui et nous gagnons partout. »
Récemment, on a noté des remous au sein de votre formation politique, le Parti socialiste (Ps). Des cadres réclament la tenue d’un congrès. A quand ce congrès ?
Quand on dit les cadres, c’est trop dire. Nous sommes un parti organisé dans lequel il y a un mouvement des cadres structuré. Et il n’y a aucune sortie de ce genre de ce mouvement. Maintenant, que des militants choisissent cette façon de s’exprimer politiquement, je me permets de dire que cela va à l’encontre des traditions socialistes. Nous sommes réputés être un parti organisé, de méthode et de discipline. Quand on sort de ce cadre, on change de casquette. Donc, ils ont exprimé, avec leur forme contraire à nos textes, leur volonté. Mais je précise que cela aussi est un faux débat. Parce qu’au Ps, les responsabilités s’obtiennent de la base. Renouveler la direction se fait par la base, au niveau des 138 coordinations qui élisent, et le congrès entérine. Pour aller vers le renouvellement global du parti, il faut renouveler les instances de base, les coordinations. Je suis étonné de voir certains porter ce genre de combat alors qu’au moment où je vous parle, eux, n’ont pas renouvelé leurs instances de base. Maintenant, il faut dire aussi que nous avons enregistré des retards dus au Covid-19, mais surtout au drame qui avait foudroyé le parti avec la disparition de notre Secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng.