Le Tchad ferme sa frontière avec le Soudan
Le Tchad a annoncé samedi la fermeture de sa frontière avec le Soudan, après que la rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a dégénéré en combats à Khartoum, la capitale soudanaise, et ailleurs dans le pays.
Des militaires fidèles au chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), avec à leur tête le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », s’affrontent dans des combats de rues et aériens depuis samedi matin.
Les 45 millions de Soudanais se sont brutalement réveillés, en plein coeur du jeûne de ramadan et sous un soleil de plomb, au son des tirs à l’arme lourde et des explosions.
Selon un bilan provisoire du syndicat officiel des médecins, trois civils ont été tués, dont deux dans la capitale, et un à El-Obeid, dans le sud du pays.
« Face à cette conjoncture de troubles, le Tchad, tout en sécurisant ses frontières, décide de la fermeture de la frontière avec le Soudan jusqu’à nouvel ordre », a déclaré Aziz Mahamat Saleh, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué.
Le Tchad partage une frontière avec le Soudan qui s’étend sur plus de 1.000 km dans l’est du pays et jouxte le Darfour, dans l’ouest du Soudan, qui est souvent le théâtre de violences tribales, notamment provoquées par des disputes territoriales et des difficultés d’accès à l’eau.
« Les combats, ce n’est pas seulement à Khartoum », et il y a un « risque de débordement et des infiltrations », a affirmé à l’AFP un membre du gouvernement tchadien ayant requis l’anonymat.
En août 2022, 18 éleveurs de chameaux du Darfour-Ouest qui tentaient de retrouver leurs bêtes volées puis emmenées en territoire tchadien voisin avaient été tués dans une embuscade, avait affirmé Khartoum.
Ces morts avaient provoqué une levée de boucliers à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, et le général « Hemedti », lui-même originaire du Darfour, avait promis d’en finir avec « le chaos » à la frontière.
Déployées dans Khartoum samedi, ses Forces de soutien rapide, composées de milliers d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée, ont dit avoir pris l’aéroport international et le palais présidentiel. L’armée a démenti la prise de l’aéroport, mais assure que les FSR s’y sont « infiltrées et ont incendié des avions civils ».
Les Nations unies, l’Union africaine, Washington et Moscou notamment ont appelé à un cessez-le-feu « immédiat ».