Guerre en Ukraine : faut-il s’inquiéter de l’activation de la dissuasion nucléaire russe ?

En pleines tensions internationales liées à la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a ordonné à son ministre de la Défense et au chef d’état-major de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat. » Une décision prise après ce que la Russie qualifie de « déclarations belliqueuses de l’Otan » et après les sanctions économiques des Occidentaux.
Dissuasion nucléaire russe : les ressources de la Russie
Pour mener à bien sa campagne de dissuasion, la Russie possède un arsenal nucléaire très complet, le premier au monde avec plus de 6 000 ogives, selon Jean-Marie Collin porte-parole d’ICAN-France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), cité par 20 Minutes.
Selon l’expert, on parle de plus de 1 600 ogives nucléaires opérationnelles, déjà déployées sur le terrain. Du côté des solutions en place pour expédier ces armes redoutables, Jean-Marie Collin dresse la liste des possibilités : « missiles au sol, des bombardiers stratégiques, des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, des navires de surfaces. » Pour lui, opérationnellement, la Russie peut « toucher n’importe quel coin du globe grâce à ses sous-marins nucléaires », grâce à ces sous-marins.
Que faut-il comprendre du message de la Russie ?
Cette démonstration de force est-elle une vraie menace ou objet de communication pour Poutine ? De nombreux experts analysent la déclaration du président russe comme un aveu de faiblesse. L’armée russe serait confrontée à des résistances plus importantes que ce qu’elle n’avait prévu en Ukraine.
David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean Jaurès à Paris, explique à BFM-TV, que les sanctions économiques infligées ces derniers jours à la Russie pourraient avoir mis en rogne la Russie. Les menaces de dimanche auraient pour objet de « dissuader les Occidentaux d’aller plus loin dans les sanctions économiques ». Le spécialiste décrit Vladimir Poutine comme un homme « enfermé dans une logique paranoïaque » et « isolé ». Il est, par conséquent, très compliqué de « lire sa stratégie. »
Jean-Marie Collin pose le même diagnostic et questionne « la rationalité » du président russe. « On en arrive ainsi à ce nouveau palier franchi ce dimanche. (…) On s’en remet au facteur chance, en espérant que les menaces ne seront jamais mises à exécution », s’inquiète le porte-parole d’ICAN-France.
Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, temporise de son côté. Pour lui, « l’élévation de l’état d’alerte de la force russe est destinée à impressionner. Pas à tirer », explique-t-il à Ouest France. Une menace qui n’impressionne guère les Occidentaux et l’Otan qui n’ont pas répondu directement.
NKN