Edito-Double forum de l’eau, nouvelle association des maires : la démocratie à l’épreuve de l’option séparatiste de l’opposition…

Après l’accession à la souveraineté internationale du Sénégal il y a plus de de six décennies, le système politique en place à l’époque aura instauré le Parti unique. Dès lors, les garanties d’un musèlement de l’opposition et les conditions d’un règne sans partage se précisaient et se consolidaient au fil des années de gouvernance postindépendance.

A l’orée d’une démocratie émergente, le multipartisme supplante l’instauration du Parti unique et c’est ainsi que le jeu démocratique avait commencé à respirer opportunément. Par la suite, il y aura en toute légalité la naissance de partis politiques dits « de contribution » et plus tard, de façon définitive, une infinité de partis politiques jouissant du même statut, au plan réglementaire, que celui de la mouvance présidentielle.

Le souffle nouveau d’une démocratie participative n’ouvre-t-il pas la voie à nombre de dérives malhabiles ? Est-il pertinent dans le rayonnement du jeu démocratique que des acteurs politiques se regardent en chiens de faïence, avec des manœuvres politiciennes plus empuanties les unes que les autres ? A cet effet, l’actualité récente du contre-sommet de l’édile de Dakar Barthélémy Toye Dias – pour s’insurger contre le Forum mondial de l’Eau, soi-disant qu’il aurait été écarté par les autorités étatiques -, nous amène à nous rappeler de procédés malheureux que nous pensions inopportuns au sein de la classe politique. Avec l’engagement politique d’acteurs nés bien après les Indépendances, la primeur de l’intérêt supérieur de la nation arc-boutée à l’oubli de soi au profit des générations futures, nous paraissait logiquement envisageable.

 De la pertinence d’une liberté d’association mue par la primeur de l’intérêt général

Le législateur sénégalais reconnaît au citoyen la liberté d’association. Cela est bien encadré par notre dispositif réglementaire. Dès lors, l’individu peut légalement coopérer dans le cadre d’une association, en vue d’une meilleure gestion ou d’obtention de résultats plus satisfaisants. Ne serait-il pas utile que cela se fasse dans l’intérêt supérieur de la nation ? Créée en 1958, l’Association des maires du Sénégal (A.M.S) se veut la tribune de diffusion de la culture partenariale entre les différentes communes. En effet, elle s’attelle dans cette mission fondamentale qui vise à développer et à renforcer les capacités de ses membres, pour faire des collectivités territoriales des outils depuis la base. De même, elle se veut à même d’assurer l’établissement du lien entre les collectivités et les partenaires financiers. Donc, même de sensibilités politiques différentes entre les membres, l’A.M.S a pour objectifs essentiels la gouvernance des collectivités territoriales et la coopération décentralisée.

Ne pourrait-on pas parler ici, avec l’Association des maires du Sénégal, de l’intérêt général des administrés ?

Par-dessus le marché, la capitale sénégalaise, Dakar, a été la capitale mondiale de l’Eau le temps du 9e Forum dédié au liquide précieux. Ainsi, sous l’égide de son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall, le gouvernement du Sénégal, les experts en Hydraulique et représentants d’autres Etats se sont penchés sur la problématique de l’eau dans le quotidien de la population mondiale. Réfléchir à l’accès en abondance et en bonne qualité de l’eau – une denrée rare dans nombre de terroirs du pays et un peu partout dans l’univers -, plaçait le Sénégal sur la scène mondiale. En d’autres termes, cette grand-messe, conjointement organisée par le Sénégal et le Conseil mondial de l’Eau plaçait notre jeune République au plus haut niveau des instances décisionnelles de la planète Terre.

La supériorité absolue de l’intérêt général ne militerait-elle pas en faveur d’une union des cœurs et des esprits de toutes les franges sociétales autour des autorités étatiques, pour préserver l’image du Sénégal ? Nos hôtes et ceux qui vivent parmi nous ne se feraient-ils pas une perception méliorative de l’image du pays de la Téranga, une fois chez eux ? Notre devise – Un peuple-un but-une foi – nous paraît plus que jamais pertinente à nos jours à la conquête de nouvelles performances et au contact de nouveaux challenges. De ce fait, performances et défis, nous aurions, à n’en pas douter, la latitude d’en réaliser et d’en relever toute une kyrielle, dans l’union des cœurs et des esprits autour de l’essentiel.

Tel que le stipule le célèbre slogan des Jeux Olympiques « Citiusaltiusfortius », l’étrenne de nouvelles grandes victoires sera, comme lors du sacre historique des Lions du Sénégal plus qu’indomptables au pays des Indomptables, largement à la portée d’un Sénégal uni, fort et pratiquement imbattable.

De l’impertinence de contre-manifestations aux relents d’un manichéisme de mauvais aloi

Organiser sur un coup de tête une contre-manifestation à l’allure d’un manichéisme peu ou prou répréhensible est l’apanage d’une certaine catégorie de la classe politique sénégalaise. Ce phénomène que nous constatons de plus en plus ces dernières années n’a rien d’une nouveauté. En réalité, le contre-sommet ou contre-forum sous la houlette du nouveau maire de la capitale sénégalaise Barthélémy Toye Dias n’a absolument rien d’une méthode nouvelle. Il convient de préciser que la mise sur pied d’une entité parallèle a eu lieu en 2009, lorsque Benno Siggil Sénégal avait gagné les grandes villes du pays lors d’élections territoriales. La coalition avait à cœur de créer une autre A.M.S. De même, lors de la commémoration de la journée du M23 par l’opposition sénégalaise, la mouvance présidentielle, par le truchement de Benno Bokk Yakaar, organisa une contre-manifestation avec comme point d’orgue une prolifération d’effigies du leader de ladite entité ainsi que des couleurs de son parti. En réponse donc à l’opposition significative, Benno Bokk Yakaar réclamait la paternité de cette victoire de la démocratie sénégalaise en l’espace d’un vote de ticket présidentiel vivement désapprouvé par la pression populaire. D’ailleurs, tout un éclairage a giorno de la part de responsables politiques était servi à l’opinion nationale et internationale pour justifier de la pertinence d’une telle contre-manifestation de la mouvance présidentielle. Ce que d’autres réfutaient catégoriquement !

De fraîche date, l’ex-maire de Mermoz Sacré Cœur et nouvel édile de Dakar Barthélémy Toye Dias a cru en la pertinence d’organiser son propre forum mondial de l’eau. Irrité qu’il fût de ne pas avoir été associé à l’organisation du Forum mondial de l’Eau lancé dans « sa » ville par le Président Macky Sall le 21 mars, l’opposant et maire de Dakar bondira sur un contre-sommet, et s’il vous plaît, en même temps et sur le même thème : « L’eau à Dakar, Dakar dans les eaux », le Forum du maire de la capitale.

D’autre part, la coalition Yewwi Askan Wi, requinquée par de solides acquis lors des Locales de janvier dernier, a procédé, il y a quelques jours, à la création du REELS (Réseau des Elus Locaux du Sénégal) pour contrecarrer l’A.M.S. A en croire Ousmane Sonko leader de Pastef/Les Patriotes et membre influent de Yewwi Askan Wi, « L’A.M. S, c’est pour Macky Sall ! Elle ne nous mènera nulle part ! Il nous faut une association à nous ».

Toutefois, les avis sur la pertinence d’une telle démarche divergent.

« En voulant remplacer l’Association des maires du Sénégal par leur réseau, Yewwi verse dans la politique politicienne. La coalition Yewwi Askan Wi est bien tenue à participer aux activités de l’Association des maires du Sénégal car, il faut savoir qu’il n’y a pas de maire de l’opposition ou du pouvoir. Le maire est élu pour un mandat. Le risque dès lors, serait que cette dispersion pourrait être à l’origine d’une mauvaise gestion des affaires locales. Cependant, il serait pertinent de se poser la question suivante : est-ce que l’idée n’est pas d’aller aux Législatives et si, Yewwi Askan Wi est majoritaire, qu’elle se radicalise pour mieux dissoudre l’A.M. S ? Toutefois, cette hypothèse est bien pour le long terme. Pour le moment, l’idée serait de se battre en interne, au sein de cette association créée depuis 1958 pour imposer sa marque. Pour se résumer, l’opposition a plus à perdre qu’à gagner » décrète le politologue Mamadou Sy Albert.

Même son de cloche chez Bertrand Baldé, qui s’interroge sérieusement sur l’opportunité d’une telle nouvelle association parallèle. « Cette annonce peut être un coup politique, mais sur la pertinence je me pose des questions. Le combat principal pour moi, c’était d’être au sein de l’Association des maires du Sénégal et de mener le combat (…) Est-ce que des structures étatiques et non-étatiques peuvent directement s’adresser au REELS ? C’est toutefois un choix qui s’offrira à ces structures pour voir si travailler avec toutes les entités associatives en même temps est pertinent ».

Selon l’expert, la coalition a dans ses faits d’arme des villes stratégiques, mais ne dispose pas du poids requis pour peser comme le fait l’A.M.S.

Au bout du compte, il ressort nettement que le manichéisme de mauvais aloi, sur fond d’intérêts crypto politiciens, ne devrait, en aucun cas, conduire à la posture va-t’en-guerre et quelque peu irresponsable. Ceci nous paraît nocif dans la mise en avant de l’intérêt supérieur d’un Sénégal uni, fort et indivisible.

 

 

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