Contribution – Ousmane SONKO : De l’ascension via PASTEF à la dissolution du Parti, toujours éligible malgré tout !

Le Parti politique Pastef–Les Patriotes (Patriotes du SÉNÉGAL pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité) fondé par l’opposant Ousmane SONKO a été dissous par le Gouvernement sénégalais. Cette décision fait suite à de fréquents appels à des mouvements insurrectionnels attribués au Parti et à ses dirigeants, causant des troubles publics, des pertes en vies humaines, et des saccages de biens publics et privés. Ce décret de dissolution, N° 2023–1407 du 31 Juillet 2023, a été annoncé dans un communiqué signé par le ministre de l’Intérieur Antoine Félix DIOME.

 

Ousmane SONKO, maintenant sans le support structurel de son Parti, a connu une carrière politique hors du commun, depuis la création du PASTEF en 2014 jusqu’à son apogée comme figure incontournable de l’opposition sénégalaise. Ancien agent des Impôts et Domaines, SONKO a été radié de la Fonction publique pour “manquement grave en 2016“. Malgré cela, il a été élu député sous la bannière du PASTEF en 2017, remportant un siège à l’Assemblée nationale grâce au système du « plus fort reste ».

SONKO a su également marquer la politique locale. En 2022, il remporte les élections municipales de Ziguinchor (Casamance), région d’où est originaire son père, avec 56,31% des voix. Officiellement installé en tant que maire le 10 Février 2022, il reste actif sur la scène politique nationale, soutenant les candidats de la coalition Yewwi Askan Wi lors des élections locales. À l’issue des législatives de 2022, le PASTEF disposait de 27 députés à l’Assemblée nationale, intégré à l’inter-coalition Yewwi Askan Wi qui a obtenu au total 80 sièges sur 165.

Le décret de dissolution remet en cause l’avenir politique de SONKO. Selon des experts électoraux, cette dissolution signifie que le PASTEF n’aura pas de candidat à la prochaine élection présidentielle du 25 Février 2024. Si SONKO et ses partisans comptent se présenter à cette échéance, ils devront le faire sous une autre bannière ou en tant que candidats indépendants. En effet, une candidature sous la bannière du PASTEF, qui n’existe plus légalement, serait rejetée par le Conseil constitutionnel.

En parallèle, SONKO a été récemment inculpé et placé sous mandat de dépôt, suite à un incident avec une gendarme. Cette arrestation pourrait avoir des implications sur une autre affaire de 2021 où SONKO, accusé de viol par une jeune femme nommée Adji SARR, a été condamné pour « corruption de la jeunesse » à 2 ans de prison ferme. SONKO avait alors plaidé son incapacité à assister à son jugement, pour des raisons de sécurité. Cette arrestation pourrait remettre en cause ce jugement et engendrer un nouveau procès en sa présence.

Il est à noter que, malgré sa situation actuelle, Ousmane SONKO est présumé innocent, reste éligible à la Présidence tant qu’il n’est pas définitivement jugé et condamné par les Tribunaux sénégalais. Le parcours tumultueux d’Ousmane SONKO et la dissolution de son Parti, le PASTEF, constituent un tournant majeur dans la politique sénégalaise et soulèvent de nombreuses interrogations sur l’avenir de la coalition Yewwi Askan Wi et des prochaines élections présidentielles.