« Quand on fait l’autopsie psychologue, on se rend compte que ce sont des gens qui étaient en souffrance »

« Je Profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille éplorée. En tant que qu’expert auprès des tribunaux, je ne peux pas m’exprimer spécifiquement sur une affaire judiciaire en cours. Sans entrer dans les détails en cours de cette affaire de suicide, comme on le définit chez nous, c’est quand une personne pose un acte passif ou actif qui peut conduire à la mort. Globalement, dans nos sociétés, on pense que quand on parle de suicide, c’est juste  quand la personne se donne la mort en s’égorgeant, en se tirant une balle dans la tête ou en buvant quelque chose qui peut conduire à la mort. Ça c’est le suicide actif. Le suicide peut aussi être passif. C’est quand la personne s’abstient de boire, de manger, un traitement et cela  aboutit à la mort. Le suicide peut être aussi une réaction face à une situation donnée, sans pour autant entrer dans le cadre pathologique. Le suicide peut survenir dans le cadre d’une maladie. Que cela soit une maladie psychiatrique ou organique. Quelqu’un peut souffrir d’une dépression des schizophrènies, être profondément triste, ou entendre des voix qui lui demandent de se tuer… et il se tue. La personne peut être atteinte d’une maladie douloureuse et elle se donne la mort pour s’extraire de la douleur. Sur ce dernier aspect, la personne pense alors que la seule façon de faire arrêter ce mal, c’est de se tuer. Parallèlement à la douleur physique. La personne peut être dans un état de souffrance tellement importante qu’elle pense que la seule façon de se soustraire de cette souffrance, c’est de se donner la mort.  Ce n’est pas parce que la personne s’est suicidée qu’elle souffre d’une pathologie psychiatrique. Même si c’est une éventualité. Un milliardaire qui, du jour au lendemain, se retrouve sans un rond, peut se donner la mort, sans pour autant souffrir d’une trouble psychiatrique. Cela est de même pour une déception amoureuse parce qu’on est tellement attaché à la personne qu’on préféré mourir que de vivre sans elle. Même si cela n’entre pas dans le cadre purement psychiatrique, cela peut être psychologique parce que la personne ne peut vivre en l’absence de celle qu’elle considère comme sa moitié.

Suicide altruiste… un acte d’amour

« Pour ce cas- ci, si l’enquête conclut à un suicide, cela pourrait entrer dans les suicides altruistes où la personne se tue et donne la mort à des proches dans un cadre bien défini. Quand de tels faits se produisent, les gens sont très attristés parce qu’ils se focalisent sur la violence de l’acte. Mais au delà de l’aspect de jugement, très souvent, quand on fait l’autopsie psychologique, on se rend compte que ce sont des gens qui étaient en dépression. Et l’acte qu’ils posent, c’est un acte d’amour par rapport à son fils, son conjoint ou à une personne qu’il aime et qu’il veut soustraire de la souffrance qu’il a eut à vivre. Cela peut expliquer quelque fois qu’un individu, dans le cadre bien déterminé, donne la mort à un proche et se tue par la suite. Ce n’est pas forcément un acte Barbare et de méchanceté. A contrario, il peut s’agir d’un acte d’amour envers la personne qui est tuée pour lui éviter une souffrance. Je donne l’exemple d’un père de famille qui pense que la vie n’est que souffrance et qui décide de se donner la mort . Il va se poser énormément de questions sur l’avenir de son enfant qu’il va laisser lui: Qui va s’occuper de lui, si je meurs? Comment il va vivre dans ce monde qui m’a donné tant de souffrance?’’ La personne va préférer tuer son enfant pour le soustraire de la souffrance. On doit mettre l’accent sur la souffrance de la personne qui décide de se suicider. Normalement, l’être humain est programmé pour ne pas se donner la mort. La pulsion de mort doit être inférieure à la pulsion de vie. Ce qui doit nous pousser à vivre doit être supérieur à ce qui doit nous pousser à mourir. Chacun d’entre nous à en son sein ces deux pulsions. Seulement, la pulsion de vie est au -dessus de la pulsion de mort. C’est ce qui nous permet de ne pas donner la mort et de continuer à vivre. Mais une fois que cette pulsion de mort est puissante, gagne du terrain à force des événements, cette personne va se soustraire de la vie. »

NKN