Vote du budget du ministère de la Santé : Le refus des députés de l’opposition
Lors du passage du ministère de la Santé en plénière hier, des députés de l’opposition ont déploré l’omission de leurs observations dans le projet de budget. Il s’agit des incidents survenus dans les hôpitaux de Linguère et Tivaouane, la réforme hospitalière de 1998, la cherté des soins entre autres…
Pour Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, c’était son baptême de feu à l’Assemblée nationale, hier. Pour la première fois, le successeur d’Abdoulaye Diouf Sarr, en poste depuis le 26 mai, faisait face aux députés pour défendre le budget 2023 du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Et comme dans le fonctionnement du secteur, le passage du ministre n’était pas un long fleuve tranquille. Des députés de l’opposition ont signalé des omissions dans le rapport du projet de budget. Il s’agit d’observations en commission concernant les hôpitaux de Linguère et Tivaouane, la réforme hospitalière de 1998, la cherté des soins entre autres… Guy Marius Sagna a déclaré : « Il ne doit pas y avoir un rapport du Gouvernement et un rapport de l’Assemblée nationale. Je ne peux pas comprendre qu’un député, quelle que soit la coalition à laquelle il appartient, fasse un travail très important et que cela soit ignoré. Il y a une stratégie de censure, une stratégie d’incivilisation de certains sujets et de certaines questions ». Ainsi, il cite : « La réforme hospitalière de 1998, il n’y a aucune ligne consacrée à cette thématique qui a été votée dans cette Assemblée nationale ». Le député de Yewwi Askan Wi ajoute : « Pourquoi au Sénégal, si vous êtes malade et que vous n’avez pas d’argent, vous êtes condamné à mort ? L’hôpital a été transformé en entreprise, on en a parlé oui ou non ? Ce n’est pas mis dans ce rapport ».
Des députés de l’opposition déclarent avoir parlé des vols au niveau des hôpitaux, du problème des détournement dans les établissements de santé, de la loi d’orientation sociale concernant les décrets d’application, la non-tenue du concours de l’Endss. Des sujets qui ne figurent pas ou brièvement dans le rapport présenté en plénière. Face à cette situation, Guy Marius Sagna estime que « tant que l’Assemblée nationale n’est pas prête à respecter à donner le rapport 24 heures avant, cela veut dire qu’elle n’est pas prête à respecter quoi que ce soit. Et c’est cela notre Règlement intérieur ». « Tout cela n’est pas dans le rapport, ce n’est pas normal. Surtout que ce ne sont pas des idées personnelles, ni politiciennes. Contrairement, ces idées font avancer la Santé », a-t-il partagé.
TAS : « On ne fait pas des observations par plaisir »
Abondant dans le même sens, Thierno Alassane Sall a avancé : « Le rapport présenté en plénière n’a de sens que si le rapport en commission, où on reste des heures, soit un aperçu d’un travail en profondeur et qui permet d’aller vite ». Avant de souligner : « On ne consacre qu’une ligne par euphémisme ou par allusion à ce qu’on a dit à la page 142 sur Tivaouane, et Linguère qui constituent des événements majeurs et se sont passés dans nos structures hospitalières. On y consacre que trois lignes à la sauvette comme si nous n’en avions pas parlé ». Le député, élu sous la bannière d’“Aar Sénégal“, s’interroge sur l’image que les députés vont laisser aux Sénégalais.
« Lorsque les gens vont juger les parlementaires qui sont censés contrôler l’action gouvernementale, et qui ont dû y consacrer des heures quand il est dit de manière lapidaire comme par euphémisme en cachant ce problème qu’on ne saurait pas voir, je dirais que ce n’est plus un problème de rédaction ou un manque de temps mais c’est une culture qu’il faut changer parce que ce n’est pas par plaisir qu’on est là pour faire des observations », a-t-il considéré.