UCAD – Reprise des cours via le net : Des étudiants ne semblent pas très séduits par la proposition
La décision du Pr Moussa Baldé, ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation ayant pour objet la reprise des cours en ligne, est catégoriquement rejetée par les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Et les raisons de cet rejet presque irrévocable sont multiples, d’après leur dires ! Pour certains le manque d’informations sur ce cas de figure est leur principal souci. C’est le cas notamment d’Adama Diarra, qui est en 1ère année au département d’Histoire qui, lui explique :
« Je ne connais pas de cours en ligne. Je ne l’ai jamais fait. Ce que j’ai toujours connu c’est d’aller à l’école et de voir le Professeur devant moi. Mais les cours en ligne, je ne sais pas comment ça va se passer », a dit l’étudiant, qui se prépare déjà à aller chez lui dans la région de Tamba (Est) pour passer la fête de Tabaski en famille.
Depuis la fermeture des Universités, après les violentes manifestations qui ont fait suite à la condamnation d’Ousmane Sonko, les étudiants sont dispersés ! Ceux–là, qui étaient logés au campus social sont retournés dans leurs villages, faute de logements à Dakar.
Aussi, la connexion est un souci…
Ils ne sont pas nombreux à rester encore à Dakar. Pour Fatou Keïta, étudiante en L3 au département d’Anglais, le souci avec les cours en ligne, c’est l’accès à Internet.
« C’est vrai que je suis en 3e année, mais on n’a jamais fait de cours en ligne. C’est eux qui vont nous donner des ordinateurs et connexion Internet ou quoi ? En plus, ceux qui sont au village n’ont pas accès à Internet. Je me demande comment on arrivera à faire des cours en ligne », se demande l’étudiante qui est restée à Dakar pour une formation.
Le niet catégorique de l’Amicale de la FLSH…
L’Amicale des étudiants de la AE-FLSH (Faculté des Lettres et Sciences Humaines) a tenu à informer les étudiants qu’ « aucune décision allant dans le sens de la reprise n’a encore fait l’objet de concertation ». En effet, suite à l’éventualité de la poursuite des cours en ligne évoquée par le MESRI, « L’AE-FLSH rejette catégoriquement cette proposition, estimant que l’enseignement en ligne ne peut pas remplacer l’enseignement en présentiel, dans un contexte où la majorité des étudiants n’ont pas accès à l’Internet, en raison de leur situation dans les villages où la connexion est faible, voire inexistante ».
Dans un communiqué, l’amicale fustige, jusqu’à la dernière énergie, la démarche unilatérale dont les autorités font montre depuis le début de la crise et rejette toute décision prise à l’encontre des étudiants.
« Nous exigeons des autorité la reprise immédiate des cours en présentiel, dans le but de sauver ensemble l’année universitaire, de manière participative ».
De plus, l’AE-FLSH exprime sa profonde préoccupation et indignation face à « l’arrestation injuste » de plusieurs de leurs camarades dans toutes les Facultés confondues, dont Lamine Camara étudiant régulièrement inscrit en Licence professionnelle Langues et Tourisme dans leur Faculté. Selon leur président Alla Kane, « leur détention arbitraire est une violation flagrante de leurs droits, une atteinte à la démocratie et à l’État de droit ». De ce fait, ces étudiants appellent les autorités judiciaires à « assumer leurs responsabilités en libérant immédiatement, et sans condition, ces innocents qui n’ont pas leur place derrière les barreaux ».
L’AE-FLSH ne tolérera jamais « le silence face à l’injustice et réitère son engagement à défendre les intérêts matériels et moraux des étudiants de la FLSH ».
Il reste beaucoup de progrès à faire pour les cours en ligne !
Pour Alassane Sarr, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les Universités sénégalaises ne sont pas prêtes pour les cours en ligne.
« Je pense que…, actuellement l’Université sénégalaise n’est pas encore prête à faire des cours en ligne. Parce qu’il y a ces étudiants qui habitent dans les villages très reculées ou le réseau fait défaut et l’électricité fait défaut. Le téléphone aussi c’est tout un problème. Pour ces étudiants, il faut penser eux, ils ont partir de l’Université. Pour qu’il y ait la reprise des cours correctement, il faut que l’État convoque tous les acteurs de l’Université, afin de trouver un consensus ! »