Santé humaine, animale et environnementale : La Ram, cette «maladie» à contenir pour éviter le pire

L’alerte est lancée. La Résistance aux antimicrobiens (Ram) est «la plus grande menace en matière de santé», selon Docteur Ndèye Ndélla Ndiaye Konaté du ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas). «Une maladie » due à la non-observance des patients. Devenant plus explicite, le vétérinaire, Dr Ibrahima Lô a indiqué que la Ram est quand les microbes responsables d’infections deviennent résistants aux médicaments censés les combattre. Selon lui, c’est un phénomène naturel amplifié par l’utilisation excessive ou inappropriée des soins. « Souvent on ne respecte pas la dose ou la durée des antibiotiques. De plus, les microbes résistants peuvent passer à travers la chaîne alimentaire et l’environnement et les risques sanitaires sont là. Ce qui fait qu’on doit miser sur la sensibilisation sur les dangers de la Ram», a-t-il soutenu.

C’est dans perspective qu’un atelier de formation des journalistes Chef Desk Santé des organes de presse et toutes les autres disciplines et compétences autres que le monde médical et biologique sur la Ram, de deux jours (24 et 25 novembre), est organisé à Thiès par le Secrétariat permanent du haut conseil national de la sécurité sanitaire mondiale, en partenariat avec l’Usaid (Breakthrough action, Fao, Mtaps, Afrohun), ‘’One Health’’. Ceci, dans le cadre de la semaine mondiale de sensibilisation sur les antimicrobiens (18 au 24 novembre, Dakar et régions) avec comme thème : «Antimicrobiens : à manipuler avec précaution ; Faites passer l’information, pas la résistance ».

« Si rien n’est fait, plus de 4 millions de personnes pourraient mourir en Afrique de la Ram, par an, dans les années 2050 »


Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), la Ram deviendra la prochaine pandémie zoonotique. «Si rien n’est fait, 4 150 000 personnes pourraient mourir de ses effets en Afrique, par an dans les années 2050», renseigne la structure onusienne.

En fait, la Ram réduit l’efficacité des médicaments jusqu’à ce qu’il soit impossible de traiter les infections ou les maladies. «La Ram est associée à une augmentation de la mortalité. Au Sénégal, l’utilisation abusive des antibiotiques et le commerce illicite des médicaments sont fortement des facteurs favorisant de la Ram», signale un expert de la santé.

Point focal de Ram au niveau du ministère de l’Elevage et des productions animales, Docteur Chantal Biagui a informé qu’au Sénégal, l’utilisation d’antibiotique dans le secteur de l’élevage est passée de 11435 kg en 2015 à environ 39000 Kg en 2021, soit une hausse de plus de 20000 Kg. «Cette évolution croissante d’agents antimicrobiens nécessite une prise de conscience quant à leur utilisation prudente, responsable et rationnelle afin d’éviter le développement de bactéries multi résistantes », a-t-elle préconisé.

«Amener les différents acteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé environnementale à prendre conscience du danger que constitue la Ram»


La semaine mondiale de sensibilisation sur la Ram ou World Antimicrobial Awarenesss Week (Waww) procède de la volonté commune d’amener les différents acteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé environnementale à prendre conscience du danger que constitue la Ram.

Depuis décembre 2017, le Sénégal a un cadrage institutionnel important, soutenu par un leadership de haut niveau, avec la promulgation de l’arrêté Primatorial N°21787 puis du décret n° 2019-910 du 15 mai 2019 en cours d’élaboration au niveau des instances gouvernementales. Le pays s’est doté ainsi d’un outil d’organisation et de fonctionnement pour la mise en œuvre d’une stratégie cohérente pour la réalisation des directives du Rsi (Rsi, 2005). Ce haut leadership et l’engagement du pays se sont par ailleurs matérialisés par l’élaboration du Plan d’action multisectoriel de surveillance et de lutte contre la Ram et du Plan national de gestion des antimicrobiens (Pnga) et l’installation du Groupe technique de travail contre la Ram. 

NKN