Rwanda – Génocide au bilan macabre : Des victimes veulent faire condamner l’État français
Au Rwanda, des victimes du génocide des Tutsi et deux (2) associations ont déposé, à Paris, une requête devant la Justice administrative dans l’optique de faire condamner l’État français pour « diverses fautes » qu’il aurait, selon elles, commises en 1994, a appris l’AFP (Agence Française de Presse) aujourd’hui, mercredi 11 Octobre, auprès des requérants.
En effet, à leur en croire, « il s’agit de la première action intentée devant la Justice administrative, après plusieurs échecs devant la Justice pénale. »
La requête, signée d’une vingtaine de victimes ou témoins du “ génocide “ et de deux associations, “Rwandais Avenir“ et le CPCR (Collectif des Parties civiles pour le Rwanda), a été déposée en Avril dernier devant le Tribunal administratif de Paris, selon des documents consultés par l’AFP.
« L’attitude de l’État français de 1990 à 1994 au Rwanda relève d’un système d’erreurs manifeste d’appréciation et de fautes lourdes de service tout aussi systémiques », a soutenu, via communiqué conjoint, le représentant des requérants, qui répond au nom de Philippe RAPHAËL.
D’ailleurs, dans ladite requête, il a été ainsi avancé : « La responsabilité de l’État français doit être engagée pour “ illégalité, faute, carences fautives, fautes de service, fautes non dépourvues de tout lien avec le service “ », notamment parce que « l’État n’a pas dénoncé le traité d’assistance militaire de 1975 à un Gouvernement rwandais génocidaire. »
Celle–ci cible Hubert VÉDRINE – ancien Secrétaire Général de l’Élysée – et plusieurs militaires, en particulier l’Amiral Jacques LANXADE – Chef d’État-major des Armées en France en 1994 –. Ce dernier aurait, selon les requérants, “ outrepassé ses pouvoirs “ et “ modifié l’équilibre des pouvoirs au profit du militaire et au détriment du civilo-politique “.
La requête vise également “ l’opération Turquoise “, qui a fait l’objet, par la Justice pénale en 2022, d’un “ non-lieu “, contesté par les Parties civiles. Les juges d’instruction devraient, selon toute vraisemblance, rendre une nouvelle ordonnance d’abandon des poursuites dans les toutes prochaines semaines.
En guise de rappel, disons-le, dans cette instruction, les Parties civiles accusaient la France de “ complicité de génocide “ pour avoir, d’après eux, sciemment abandonné pendant trois (3) jours les civils tutsi réfugiés dans les collines de Bisesero, laissant se perpétrer le massacre de centaines d’entre eux par les “génocidaires“, du 27 au 30 Juin 1994 !
Mais selon les magistrats, « les investigations n’ont pas établi la participation directe des Forces militaires françaises à ces exactions, pas plus que leur complicité par aide ou assistance aux génocidaires, ou même par abstention. »
En outre, la requête administrative s’appuie sur le rapport de la commission d’Historiens présidée par Vincent DUCLERT, basé sur l’analyse d’archives françaises, qui a conclu aux “ responsabilités lourdes et accablantes “ de la France et mis en cause François MITTERRAND – Président de la République française d’alors – et son entourage, “ aveuglés idéologiquement “.
Toutefois, le rapport DUCLERT avait écarté toute “ complicité de génocide “ de la France, alors que selon l’ONU, « les massacres au Rwanda ont fait plus de 800.000 morts entre Avril et Juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi. »