Edito- Pris entre plusieurs feux : quel destin pour Ousmane SONKO ? 

Edito- Pris entre plusieurs feux : quel destin pour Ousmane SONKO ? 

A l’horizon de la présidentielle de 2024, l’incertitude est certainement le sentiment le mieux partagé. Si le sort de Khalifa Sall et de Karim Wade reste encore suspendu à la volonté du Président Macky SALL qui semble disposé à tendre la perche à ces derniers, rien est encore sûr pour le leader de Pastef, Ousmane SONKO tenaillé par une multitude d’affaires judiciaires.

 Ousmane SONKO ou l’art d’ouvrir des fronts inutiles …

En sus du procès pour viol contre la jeune masseuse Adji SARR, le « pastifien en chef » doit désormais en découdre avec le tonitruant ministre Mame Mbaye Niang qui a déposé une plainte contre lui pour diffamation présumée à son encontre.

Si on y rajoute la plainte du policier Napel, aux dernières nouvelles, pas moins de trois plaintes planent sur la tête du leader de Pastef. C’est à croire que l’homme nourrit un goût particulier pour les contentieux, qu’il se plait à ouvrir volontairement des fronts, de part et d’autre, pour prêter le flanc à ses adversaires.

Or, en politique, les erreurs se paient cache. Ousmane SONKO l’aura appris à ses dépens. Mame Mbaye Niang en homme politique futé compte bien saisir la balle au bond. Convaincu de l’inexistence d’un rapport qui l’accablerait, l’actuel ministre du Tourisme est bien décidé à poursuivre son accusateur jusque dans ses derniers retranchements.

Les risques d’une condamnation fatale pour l’avenir politique de Ousmane de SONKO …

Aux termes des dispositions de l’article 258 du Code de Pénal :  « Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. Lorsqu’elle est faite par l’un des moyens visés en l’article 248 , elle est punissable même si elle s’exprime sous une forme dubitative ou si elle vise une personne non expressément nommé, mais dont l’identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, placard ou affiches incriminés. » . Ce texte permet de définir de façon précise la diffamation et de la distinguer ainsi des notions connexes.

En ce concerne la peine encourue, elle différe selon la personne diffamée. En effet, le code pénal dispose : Encourt un emprisonnement de 4 mois à 2 ans et d’une amende de 200 000 FCFA à 1 500 000 FCFA ou de l’une de ces peines seulement, l’auteur d’une diffamation commise, par tous moyens de diffusion publique, envers les Cours et Tribunaux, l’Armée, les administrations publiques. Est également punissable, toute diffamation commise, à raison de leurs fonctions ou qualité, envers un ou plusieurs membres du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, un fonctionnaire public, un dépositaire ou agent de l’Autorité publique, un citoyen chargé d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou non, un juré ou un témoin, à raison de sa déposition.

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Encourt un emprisonnement de 3 mois à 2 ans et d’une amende de 100 000 FCFA à 1 000 000 FCFA ou de l’une de ces peines seulement, l’auteur d’une diffamation commise envers un particulier, par tous moyens de diffusion publique.

Ainsi, le procès en diffamation de SONKO dans l’affaire dite des 29 milliards du Prodac, s’il semble banal, pourrait porter l’estocade au leader de Pastef, dans l’hypothèse où il aboutirait à une condamnation de ce dernier. Or, compte tenu de la tournure des évènements, tout laisse croire qu’Ousmane SONKO qui joue sur les renvois, pour retarder l’échéance du procès, ne détient pas la preuve de ses accusations contre Mame Mbaye NIANG. Dès lors, les risques d’une condamnation qui pourrait lui être fatale sont bien réels.

Si malheureusement pour lui, dame justice en décidait ainsi, Ousmane SONKO serait, à coup sûr, écarté de la course à la présidentielle de février 2024. Pour s’en convaincre, il n’est que de s’intéresser à l’alinéa 3 de l’article L.29 du code électoral qui dispose : «ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale ceux (qui sont) condamnés à plus de trois mois d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement d’une durée supérieure à six mois avec sursis (…) ».

Force est alors que constater que si l’objectif du leader de Pastef est de succéder à Macky SALL, ses nombreuses erreurs l’en éloignent de plus en plus. L’homme empreinte des chemins semés d’embûches. Et à force de piétiner des cailloux, il risque de finir par trébucher sur le plus gros d’entre eux.

Le soutient nuancé de Yewwi à Ousmane SONKO

Si le divorce entre Wallu et Pastef semble presque acté, les autres leaders de la coalition Yewwi montrent de plus en plus de parcimonie à soutenir Ousmane SONKO. La récente altercation entre ce dernier et les forces de l’ordre, alors qu’elle a fortement agité la « Sonkosphére », a été timidement dénoncée par ses alliés de Yewwi connu généralement pour leur zèle. Le real polik oblige…

Khalifa Ababacar SALL et Karim WADE savent désormais qu’une relance de leur carrière politique est désormais possible avec le vote d’une loi d’amnistie évoqué par le Président de la République, Macky SALL. Au cas échéant, ils pourraient briguer le suffrage des Sénégalais.  Eu égard à cette nouvelle, ils n’ont plus intérêt à soutenir un « allié » qui pourrait leur ravir la vedette en 2024.

En d’autres termes, même s’ils ne le disent pas clairement, il n’est nul besoin d’être dans le secret des Dieux pour deviner qu’une élimination d’Ousmane SONKO à la course de la présentielle de 2024 ferait leur affaire.

Le leader de Pastef doit alors désormais se résoudre à ne compter que sur ses propres forces, c’est dire, le Pastef. Pris entre plusieurs feux, sa formation politique aura-t-elle les coudées franches pour le tirer d’affaire ? Rien est moins sûr.

 

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