Moustapha Diakhaté en veut terriblement au Conseil constitutionnel : « Avec une si illégale décision, le Conseil constitutionnel autorise désormais les politiciens sénégalais à se prévaloir de leurs propres turpitudes »
Dura lex sed lex ! Assemblée ayant un pouvoir de délibération et non de décision, le Conseil constitutionnel a tout de même bon dos au Sénégal. D’ailleurs, l’on a souvenance des diatribes qui fusaient de toutes parts pour dénigrer le Conseil constitutionnel lorsque le Président Macky Sall avait fait savoir qu’il ne pouvait plus faire seulement 5 ans mais 7 ans pour son premier mandat, de l’avis du Conseil constitutionnel, qui s’inspirait ainsi de la Charte-mère, la Constitution. En effet, le méli-mélo qui secoue actuellement le jeu politique au Sénégal, motivé par les recours de la Dge au Conseil constitutionnel pour invalider la liste de Yewwi Askan Wi pour le département de Dakar risquait de mettre le pays sens dessus-dessous. Entre menaces d’Ousmane Sonko et ripostes des membres de la mouvance présidentielle par presse interposée, les sages du Conseil constitutionnel ont pris une décision somme toute des plus sages. Cependant, la décision ne semble pas emballer tout le monde. Ainsi, l’ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar (2012-2017), Moustapha Diakhaté, y voit une décision illégale. Effectivement, pour M. Diakhaté, les sept sages ont transgressé la loi en remettant la coalition Yewwi Askan Wi dans le jeu démocratique.
« Au Sénégal, le ridicule ne tue pas au Conseil constitutionnel. Le Juge constitutionnel outrepasse ses prérogatives et immole la Loi électorale. Il n’y a aucun fondement légal pour rejeter la décision de la Dge portant invalidation de la liste non paritaire de la coalition Yewwi Askan Wi », a-t-il asséné d’entrée.
Selon lui, avec cette décision du Conseil constitutionnel, les politiciens ont plus de marge de manoeuvre, car ils en tirent le profit d’être favorisés même dans des erreurs qu’ils pourraient commettre. Assurément, rappelle-t-il, les erreurs proviennent des mandataires et personne d’autre. « Avec une si illégale décision, le Conseil constitutionnel autorise désormais les politiciens sénégalais à se prévaloir de leurs propres turpitudes. En vertu du Code électoral et de la Loi sur la parité, le non-respect de la parité est une cause absolue d’irrecevabilité d’une liste sans appel. L’absence de parité résulte de l’incompétence des mandataires des coalitions et non d’un quelconque manquement de la Direction générale des Elections. Parler de vide juridique est une supercherie », assure-t-il.
Et Moustapha Diakhaté de poursuivre, « la Loi électorale ne prévoit ni démission ni désistement encore moins de remplacement, à l’exception des cas d’inéligibilité ou de décès. Manifestement, le Conseil constitutionnel a cédé à la terreur et aux menaces ».
De l’avis de Moustapha Diakhaté, le Président de la République doit révoquer le Conseil constitutionnel. De plus, il pense que la Dge doit classer sans suite la décision des sept sages. « La Dge, forte des dispositions pertinentes du Code électoral et de la Loi sur la parité, doit classer sans suite l’illégale décision du Conseil constitutionnel sur la validation de la liste départementale de Yewwi Askan Wi. En vertu des pouvoirs dont il dispose et garant du bon fonctionnement des institutions, le Président de la République doit prendre toute mesure utile y compris la dissolution du Conseil constitutionnel et la poursuite des auteurs de cette forfaiture. En tout état de cause, seules les listes qui sont en règle doivent participer aux élections législatives du 31 juillet 2022 ».