Marine Le Pen au Sénégal : « Mon discours et mon programme sont… »
En visite de trois (3) jours en terres sénégalaises, la cheffe de file du Rassemblement National français (RN), Marine Le Pen, a été reçue par le Chef de l’État Macky Sall avec qui, il a eu à échanger sur plusieurs sujets. C’est ce que l’hôte du pays de la “Téranga“ a soutenu lors d’un spécial Entretien qu’elle a eu avec Itv du groupe E-media animé par Mamoudou Ibra Kane.
« J’ai pu rencontrer le président Macky Sall avec lequel j’ai échangé autour de la tribune que j’ai fait publier il y a quelques jours sur la place de l’Afrique et particulièrement du Sénégal dans le concert des nations, dans les instances internationales, mais aussi pour lui exprimer la vision que j’avais des relations qui devraient être celles de la France et du Sénégal », a confié Marine Le Pen.
La française a également exprimé son désir de voir accordé au continent africain une place au Conseil de sécurité de l’ONU pour un siège permanent.
« Oui, je plaide cela depuis plusieurs années, parce que je considère qu’il est aujourd’hui, totalement, anormal que le continent africain ne soit pas représenté au Conseil de sécurité des Nations Unies et qu’en y étant par définition, son poids serait beaucoup plus important auprès d’autres institutions internationales y compris financières », a-t-elle expliqué.
Interpellé sur des points de convergence, notamment sur le plan politique et diplomatique avec le Président Macky Sall, elle a préféré s’appuyer sur une relation bilatérale entre le Sénégal et la France.
« Ce qui est sûr, c’est que le président Macky Sall souhaite, je crois, que les relations entre la France et le Sénégal, soient en même temps plus riches peut être plus amicales et plus fréquentes. Ce que je sais, c’est que le président Macky Sall est attaché à la souveraineté du Sénégal et donc entre souverainistes, on ne peut après tout que trouver des points de convergence. Je souhaite que la France soit souveraine dans ses décisions, souveraineté politique mais également énergétique, alimentaire là où, aujourd’hui, mon pays est en train de perdre une partie de sa souveraineté, lui-même, plaide depuis longtemps, pour la souveraineté alimentaire du Sénégal, sa souveraineté énergétique et donc je pense que quelque part, nous avons lors de ce rendez-vous, parlé la même langue », a répondu la cheffe du RN.
« Sur sa politique perçue par bon nombre d’observateurs comme une politique de mépris culturel vis-à-vis de l’Afrique où certains parlent même de racisme, Marine Le Pen parle d’un faux procès contre sa personne et précise : « je dénie totalement la définition que vous venez de me donner et je mets au défi ceux qui utilisent cette diffamation en quelque sorte à mon égard de trouver un seul mot, une seule ligne de mépris de ma part; bien au contraire j’ai, il y a plus de 6 ans maintenant, tenu un grand discours fondateur à Ndjamena sur, précisément, la vision que j’avais de l’Afrique et je conteste au quotidien ce mépris dont vous parlez et qui a émané depuis Nicolas Sarkozy, il faut bien le dire, d’à peu près l’intégralité des présidents français », s’est justifiée la députée française qui rejette sous ce registre, le rôle de la victimisation.
« Je ne joue pas sur la victimisation. Je suis clairement présentée de manière mensongère, mon programme est présenté de manière mensongère, caricaturale. Je suis victime, en réalité, d’un procès d’intention. Je demande aux africains de me juger sur ce que je dis, sur ce que je propose et sur ce que j’écris et sur la vision que j’ai des relations, absolument, nécessaires entre la France et l’Afrique et croyez-moi qu’ils seront bien surpris de me voir diverger totalement du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy et des propos qui sont régulièrement tenus par Emmanuel Macron », a soutenu la cheffe de file du RN.
Relancée sur les propos de Sarkozy lors de sa visite au Sénégal lesquels propos prétendaient que « l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire », Marine Le Pen dénonce et considère que la sensibilité des peuples doit être respectée.
« Je critique l’Union Européenne, je critique les offres de co-développement qui sont conditionnées à l’exigence de l’abandon par les pays africains de leurs cultures, de leurs traditions, je n’admets pas cela parce que je suis très attachée au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à conserver leur identité, à conserver leurs traditions et bien je m’oppose à cette politique-là, par exemple, de l’Union Européenne. Je pense que ce n’est pas la bonne méthode, que ça heurte la sensibilité des peuples et il faut à tout prix respecter encore une fois cette sensibilité », a-t-elle répondu face à Mamoudou Ibra Kane.
L’entretien que la députée française a accordé exclusivement à E-media, a également servi de tribune pour rebondir sur la politique anti-migratoire du rassemblement National.
« Je suis effectivement pour réguler drastiquement les migrations. J’ai entendu beaucoup de sénégalais qui m’ont dit rêver que d’une chose. C’est précisément que nos jeunes ne soient pas obligés de partir en France ou en Europe, qu’ils trouvent de l’emploi au Sénégal, ils sont plein d’énergie, je les ai vu, j’ai parlé avec eux, ils regardent vers l’avenir. Souvent, il faut bien le dire en France, on est atteint par une forme de nostalgie, oui, les capacités du Sénégal sont considérables, oui, le potentiel du Sénégal est considérable et oui, la possibilité pour les jeunes sénégalais de travailler au Sénégal, de développer le Sénégal, de monter des sociétés est un objectif. Je vais vous dire une chose, ça fait très longtemps que je dis que la politique de la France est une politique malfaisante dans le domaine de l’immigration. J’ai été rejoint il y’a quelques jours par un collectif de grands professeurs de médecine qui ont fait une tribune dans le journal du dimanche en France pour dire que la politique que veut mener Emmanuel Macron qui consiste à aller chercher et attirer des médecins africains en France est une politique qui est malfaisante parce que, en réalité, on va priver les africains de soins et bien c’est ce que je pense, je pense que la France doit offrir des formations, je pense même qu’elle doit donner une priorité d’accès dans les formations qu’elle offre aux pays francophones. La Francophonie nous lie par une langue commune, une manière de pensée commune, une culture commune mais aussi une amitié commune mais lorsqu’ils sont formés alors, il faut qu’ils puissent faire bénéficier leurs propres pays des richesses et des connaissances qu’ils ont acquises », a clarifié Le Pen.
La cheffe de file du RN est-elle en visite en terre africaine et particulièrement sénégalaise, pour une opération de charme, cherchant manifestement à polir son image ? L’opposante au régime d’Emmanuel Macron réfute et parle de franchise sur ses positions et choix politiques.
« Je suis imperméable à cette séduction dont on accuse les politiques. Moi, je ne veux pas séduire, je veux convaincre. Je dis toujours la même chose et parfois d’ailleurs on me reproche cette franchise, je suis une femme franche et accessoirement courageuse donc, je viens dire ce à quoi je crois. On peut être d’accord ou ne pas être d’accord, mais on ne peut pas m’accuser ni de dissimulation ni de démagogie », a lâché Marine Le Pen.