Edito- L’activisme au Sénégal : Zoom le nouvel ascenseur social des vendeurs d’illusions …
A la faveur de l’avènement des réseaux sociaux, des individus sortis de nulle part, sous le couvert de l’activisme, se sont subitement découverts un nouveau goût pour la défense de l’intérêt national. Entre invectives et imprécations tous azimuts contre des personnalités politiques et religieux, tous les moyens sont bons pour se faire remarquer, afin d’obtenir les bonnes grâces d’un peuple à qui on promet d’être le chantre de ses libertés. Ce phénomène est tellement en vogue que d’aucuns s’interrogent, à juste titre, sur l’avenir des médias classiques.
En effet, l’activisme dans les réseaux sociaux s’est tellement intensifiée, ces dernières années, qu’il semble damer le pion aux médias conventionnels, au grand dam de l’impérieuse nécessité de la conscientisation des masses. Même les sites d’informations ne sont pas épargnés, les internautes préférant l’interactivité dans les plateformes sociales.
Au nom de la liberté d’expression, on s’arroge le droit d’intervenir dans des sujets techniques qu’on ne maîtrise pas alors qu’on est suivis par de très grandes communautés. Ces dernières qui croient aveuglément à tout, tels des adeptes d’une secte, sont les premières victimes de cette vague de manipulation. Comme le calme précède la tempête, la stabilité de notre pays est sujette à une crise latente qu’on ne perçoit pas encore, mais qui devrait se révéler dans toute son étendue si on n’y prend garde.
De Y’en a marre à Assane Diouf, en passant par Guy Marius SAGNA et la nouvelle génération des insulteurs et distilleurs de fausses informations, les rangs de ces agitateurs ne cessent de grossir, de jour en jour. Ceux qui s’y activent rivalisent d’ardeur pour être au-devant de scène. Un véritable business sur fond de manipulation a pris naissance. Le dessein inavoué de cette entreprise est de récolter la capitale sympathie des populations qui n’hésitent pas à s’investir financièrement pour leur Cheval de Troie. L’exemple du téméraire Guy Marius SAGNA est très éloquent pour en témoigner. Ce dernier, à force d’indignation théâtrale à outrance, a pu bénéficier d’une voiture qui lui a été gracieusement offerte, suite à une levée de fonds initiée par des internautes, et plus tard d’un poste de conseiller technique à la mairie de ville de Dakar.
Si d’aucuns ont applaudit des deux mains cette initiative « noble », force est de constater que notre société, sans le savoir, a dangereusement ouvert une boite de pandore, en voulant porter au pinacle des généraux sans cicatrices ou blessures de guerre, en tenant à promouvoir des hommes et femmes sans mérite ou parcours honorable. De fait, la leçon que donnons inconsciemment à nos enfants, c’est qu’il n’est plus utile de bien travailler pour réussir dans la vie. Il suffit juste de s’indigner de façons théâtrale pour tout ou rien afin d’obtenir de l’argent, des voitures et mêmes des postes. Il suffit juste de se mettre derrière son ordinateur de tenir des discours pompeux pour être pris au sérieux. Il suffit enfin de colporter un lexique populiste pour toucher la fibre sensationnelle des plus vulnérables.
Pour s’en convaincre, il importe de s’interroger sur les parcours et les réalisations de tous ces zélateurs de la bonne gouvernance et pseudos parangons de la vertu. En quoi sont-ils plus méritants ou plus vertueux que le reste des sénégalais ?
Bien au contraire, la seule chose qu’ils ont réussie, c’est de se cacher derrière le motif fallacieux de la défense des intérêts du peuple pour récolter des strapontins et des dividendes politiques. D’ailleurs, les masques commencent à tomber au grand jour, car bon nombre d’entre eux ont finalement dévoilé publiquement leur ambitions politiques jadis voilées insidieusement pour s’attirer la sympathie du peuple.
En fin de compte, il ne souffre d’aucun doute que la démarche de certains activistes a fortement contribué à la décadence des valeurs sociales sénégalaises intrinsèques, tel le respect de l’aîné, de l’autorité, des personnalités religieuses. Elle a stimulé un sentiment de défiance face l’establishment traditionnel et religieux. Dès lors, la régulation des réseaux sociaux devient un impératif incontournable pour la stabilité de nos sociétés fortement envahies par ces vendeurs d’illusions.