Guerre en Ukraine : Face au Congrès, Joe Biden s’attaque au « dictateur » Poutine

Pendant une quinzaine de minutes, Vladimir Poutineaura réussi quelque chose de rare : unifier les démocrates et les républicains américains. Joe Biden s’en est pris mardi avec force au président russe, un « dictateur » qui est « plus isolé que jamais », pendant que Moscou intensifiait son offensive en Ukraine, frappant Kiev et la grande ville de Kharkiv.
Le président russe « pensait que l’Occident et l’Otan ne répondraient pas » à l’invasion de l’Ukraine lancée le 24 février, a-t-il lancé lors de son premier « discours sur l’état de l’Union » à Washington.
Mais « Poutine avait tort », « nous sommes prêts, nous sommes unis », a-t-il martelé, appelant le Congrès américain à offrir une ovation debout en soutien « au peuple ukrainien » qui « n’a peur de rien ». « Poutine est maintenant plus isolé que jamais du reste du monde », car dans la bataille contre « l’autocratie », « les démocraties sont au rendez-vous », a-t-il ajouté, énumérant les sanctions sans précédent qui se sont abattues sur la Russie.
Espace aérien américain fermé
Or « si les dictateurs ne paient pas le prix de leur agression, ils causent encore plus de chaos », a prévenu le 46e président de l’histoire américaine à l’adresse du maître du Kremlin.
Le locataire de la Maison Blanche a aussi menacé les oligarques russes de saisir leurs « yachts, appartements de luxe et jets ». « Quand l’histoire de cette période sera écrite, la guerre de Poutine sur l’Ukraine aura laissé la Russie plus faible et le reste du monde plus fort », a prédit le dirigeant démocrate.
De fait, la pression internationale ne cesse d’augmenter sur Moscou. Joe Biden a annoncé l’interdiction de l’espace aérien des Etats-Unis « à tous les vols russes », comme l’avait fait l’Union européenne.
Le combat contre le Covid-19 et l’inflation
Joe Biden, qui avait fait campagne sur la promesse de guérir « l’âme » de l’Amérique, veut voir dans l’effroi commun face à la guerre en Ukraine, et dans le soulagement partagé face à la décrue de la pandémie, une occasion d’y arriver. « Le Covid-19 ne doit plus régir nos vies », a-t-il clamé, face à des parlementaires, ministres, et juges de la Cour suprême, qui avaient quasiment tous abandonné le masque, à la suite de nouvelles recommandations des autorités sanitaires.
Rappelant les débats parfois violents sur les mesures sanitaires, il a ajouté : « Nous ne pouvons pas changer nos divisions passées. Mais nous pouvons changer la manière dont nous allons avancer, sur le Covid-19 et d’autres sujets que nous devons affronter ensemble. »
Il a assuré que lutter contre la flambée d’inflation, que la Maison Blanche a mis longtemps à reconnaître, et qui est certainement son principal handicap politique, était « sa première priorité ».
Et, avec des accents qui rappelleraient presque Donald Trump, il a plaidé pour une renaissance industrielle des Etats-Unis et pour une réduction de la dépendance aux importations : « produisons en Amérique ! »
Les midterms en ligne de mire
Le président, dont la cote de confiance est anémique, sait bien que dans quelques mois, aux législatives de mi-mandat, il risque de perdre sa très mince majorité parlementaire. Alors l’ancien sénateur, modéré dans l’âme, s’est livré, devant le Congrès, à un exercice d’équilibriste politique.
Pas de violentes critiques de l’opposition républicaine, pas d’attaques, comme il a pu en livrer, contre son prédécesseur Donald Trump. Joe Biden a essayé de ne froisser personne.
A destination d’électeurs conservateurs qui le taxent de laxisme, il a promis qu’il allait investir dans les forces de police face à la flambée de criminalité aux Etats-Unis, et assuré qu’il voulait « sécuriser » la frontière sud, où se succèdent les vagues migratoires.
A ses partisans progressistes, il a assuré qu’il se battrait pour défendre le droit à l’avortement « menacé comme jamais » et pour l’accès au vote des Afro-Américains. Il a aussi promis son « soutien » aux jeunes Américains transgenres, face à des mesures prises dans certains Etats conservateurs contre les procédures chirurgicales ou hormonales suivies par certains mineurs.
Et Joe Biden, indécrottable optimiste mais aussi centriste roublé, a matraqué des thèmes qu’il espère consensuels, en tâchant d’être le plus concret possible, lui qui a vu ses grands projets de réformes sociales sombrer pour cause de trop faible majorité parlementaire.
NKN