Grève contre les programmes non-adaptés : Comment un formateur démonte la thèse des élèves ?

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Des grèves sont notées depuis quelques jours au Sénégal. Les raisons avancées par les élèves c’est un programme “obsolète et désuet“. Mais Ibrahima Ba, formateur au Centre de formation des personnels de l’éducation (Crfpe) de Diourbel porte la contradiction, chiffres à l’appui.

 

Les élèves réclament de plus en plus des changements au niveau des programmes d’histoire et de géographie. Pour ceux de Mbacké, qui observaient ces derniers temps un mouvement pour dénoncer “l’obsolescence“ des programmes enseignés. Ils ont laissé entendre qu’il urge de modifier les programmes et les adapter. A ces élèves, d’autres enseignants se sont joints. Mais, pour Ibrahima Ba, formateur en histoire et géographie au Centre de formation des personnels de l’éducation (Crfpe) de Diourbel, la réforme de 1998 et la consolidation de 2004 ont littéralement changé les paradigmes.

 

Il s’explique en ces termes : « Autant les contenus ont varié, autant les approches ont beaucoup évolué, on s’en tient à l’esprit de ces nouveaux programmes. Les élèves ont tout faux de poser le problème en ces termes. Il y a une transposition du débat populaire sur le champ pédagogique, lequel prétend que nous apprenons plus des autres que nous en apprenons de nous-mêmes. Autrement dit, cette phobie de l’Occident, maladroitement entretenue, nous fait rejeter tout ce qui va avec. Le Sénégal n’est pas un îlot isolé du reste de la planète. Les relations internationales et la diplomatie en général donnent sens et corps à la vie des États. L’histoire, la géographie et l’économie constituent les socles d’acquisition de cette culture des relations internationales ». Selon lui, un élève après 13 ans d’études, doit nécessairement en comprendre les mécanismes pour être ce citoyen “fortement enraciné mais ouvert sur le monde“.

 

Les statistiques très illustratives

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Dans les faits, confie ce formateur, « voici les statistiques : « Classe de 6e : sur 22 chapitres, les 16 sont consacrés à l’Afrique et aux religions ; 5e : sur 22 chapitres, 18 consacrés au Sénégal et à l’Afrique, 1 sur les voyages de découverte de l’Afrique. En 4e : 19 sur 24 chapitres sont africains. En 3e : 11 chapitres sur 22 traitent directement de l’Afrique. En 2nde : 22 chapitres sur 25 consacrés à l’Afrique. En 1ère : 14 sur 23 portent sur l’Afrique. En Terminale 16 sur 19 chapitres traitent de l’Afrique ou des civilisations négro-africaines et musulmanes. Le reste consacré aux relations internationales ».

Par conséquent, Ibrahima Ba ne s’explique pas comment, dans ce contexte, qu’on puisse parler de « programme extraverti ». Il ajoute : « En plus, dans ces programmes, des fenêtres sont aménagées pour traiter de questions spécifiquement locales en prenant le prétexte des activités de consolidation. Le problème est certainement plus complexe que ça et nous interpelle, en tant qu’enseignants ». Pour lui et ses collègues, il faut diversifier nos approches pédagogiques et les outils didactiques pour intéresser les élèves à ce qu’ils font, plutôt que d’approcher ces programmes par les contenus, méthode obsolète, dépassée et proscrite par l’esprit des programmes.

Mais, Ibrahima Ba reste d’avis que « les programmes sont certes perfectibles mais la base est très solide ». Et il conclut : « C’est à l’enseignant de faire preuve de créativité pour éviter de rebuter les élèves »

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