(Enquête exclusive) – La grosse arnaque autour de l’immigration clandestine : Bienvenue dans l’univers mafieux des passeurs…
L’immigration clandestine a pris des proportions inquiétantes au cours de la dernière décennie. Malgré les efforts pour freiner le flux migratoire, le phénomène résiste à toute tentative de solution. Des jeunes filles et garçons, au mépris de tout risque, ne cessent de traverser les eaux dangereuses de l’océan Atlantique et de la Méditerranée. Au-delà d’une simple question d’immigration, il s’agit d’un suicide collectif de milliers de jeunes fuyant les innombrables poches de misère de cette planète, à la recherche d’un ailleurs meilleur.
A l’instar des autres pays de l’Afrique subsaharienne, notre pays n’échappe pas à cette entreprise mortifère, à ce voyage souvent sans retour organisé par des passeurs, ces brigands sans foi, ni loi. Pour ces individus aux pratiques peu orthodoxes, le seul maitre-mot est argent. Le spectre de la mort plane sur la tête de tous ces jeunes désespérés dont le seul tort aura été de se mettre sur le chemin de ces vendeurs d’illusions. Votre site chrono Actu a fait une intrusion dans l’univers de ces raquetteurs sans scrupule. Découvrez la grosse arnaque autour de l’émigration clandestine et les montants en jeu, à travers notre enquête exclusive.
Des techniques d’arnaques ingénieuses
De Saint-Louis, à Lompoul, en passant par les îles du Saloum, Gandiol, Cap Skiring, Kafoutine, Joal, Mbour et bien d’autres zones, les points d’embarcation du Sénégal vers « l’eldorado » sont légion. A la recherche d’une « Terre promise », à l’autre bout du monde, les candidats à l’immigration clandestine doivent débourser entre quatre cent mille (400.000 FCFA) et cinq cent mille (500.000 FCFA) pour entreprendre ce voyage périlleux, à l’issue incertaine. Ils sont des milliers à braver la mer, une mer qui dévore sans pitié. Au-delà des risques qui planent sur leur vie, ils sont très souvent victimes d’arnaque de la part des passeurs qui redoublent de jour en jour d’ingéniosité pour faire tomber leurs cibles dans leurs traquenards. Par des modus operandi aussi divers que variés, ils encaissent des sommes énormes au grand dam de leur victime.
En effet, il arrive souvent que des passeurs, après avoir encaissé l’argent de leurs candidats, à hauteur de plusieurs millions, simulent des problèmes techniques de la pirogue, à seulement quelques minutes, suite au départ. Avant l’arrivée des secours, ils disparaissent dans la nature avec une énorme fortune et le tour est joué. D’autres passeurs plus cupides encaissent de l’argent pour un voyage qui n’aura jamais lieu. Finalement, combien de jeunes sont-ils à être victimes de ces chasseurs de primes cupides, sans foi ni loi ? On ne saura jamais le dire avec exactitude !
Un réseau bien organisé
Parce que les mannes financières en jeu sont conséquentes, les passeurs travaillent en réseau bien organisé avec une interconnexion entre les acteurs. Les différents chefs de réseau se connaissent. En ce qui concerne l’organisation du voyage, plusieurs hypothèses sont possibles. Tout d’abord, le passeur peut être propriétaire de la pirogue, mais décider de ne pas être impliqué directement dans le processus. Dans ce cas, il fera appel à d’autres personnes pour transporter les passagers. Ensuite, la pirogue peut être prise en location par le passeur pour organiser le voyage. Enfin, le passeur peut fabriquer la pirogue à partir des cotisations des candidats. Pour faire, une annonce est faite pour un voyage fixée à une date ultérieure. Les premiers versements des intéressés seront alors utilisés pour financer la fabrication de la pirogue.
Pour l’heure, les efforts, de nos forces de sécurité et de défense ne parviennent pas à endiguer le phénomène. La Division Nationale de Lutte contre les Trafic (DNLT) de la Police nationale, les unités de la Gendarmerie nationale et la Marine nationale, sont pleinement engagées dans la lutte contre l’immigration clandestine. Toutefois, le phénomène persiste.
Quoiqu’il en soit, il semble qu’il est grand temps que ces jeunes renoncent à leur périple et prennent conscience de l’arnaque bien organisée dont ils sont victimes. « L’eldorado » est partout et nulle part. Le bien-être se nourrit d’effort et de patience.
Abdoulaye FALL, Dirpub Chrono Actu