Edito- Sortie de l’ambassadeur des USA au Sénégal : un pied de nez à Ousmane SONKO ?
Edito- Sortie de l’ambassadeur des USA au Sénégal : un pied de nez à Ousmane SONKO ?
Le 27 février 2023, le leader de Pastef Ousmane SONKO s’est fendu d’une lettre de dénonciation adressée à la communauté internationale. Cette note largement relayée par les médias dresse un tableau noir du régime de Macky SALL en matière de respect des droits humains.
Dans sa lettre aux allures de complaintes ou d’appel au secours, le choix des mots et du style opéré par Ousmane SONKO est loin d’être anodin. Ainsi, en vue de donner une impression d’insistance, de symétrie qui renforce la gravité de son propos, le « pastefien en chef » use et abuse à souhait de l’anaphore, ce procédé somme toute particulièrement populaire en communication politique. Fidèle à posture de victime, le leader de Pastef précisera :
« Je suis le seul homme politique dont les droits les plus élémentaires relevant du respect de ma vie privée et familiale, de mes libertés d’aller et de venir, sont systématiquement violés ».
« Je suis le seul justiciable dont le domicile fait l’objet d’un blocus total par les forces de l’ordre avant, pendant et après mes convocations par la justice ».
« Je suis un justiciable sous contrôle judiciaire depuis plus de 2 ans et empêché de sortie du territoire national ».
« Je suis un justiciable qui, depuis plus de 2 ans, n’a jamais bénéficié d’un avis favorable à mes demandes d’autorisation de sortie du territoire Sénégalais malgré mes statuts de député, avant, et de maire aujourd’hui ».
Si dans son récit le leader de Pastef s’est taillé les habits d’une victime que l’on souhaiterait trainer vers l’abattoir pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2024, il n’en demeure pas moins que sa présentation des faits est partiale et parcellaire. Ce constat n’échappe à aucun observateur, même les moins avertis.
Aussi, force est de constater que le leader de Pastef omet volontairement de préciser à la communauté internationale que :
- Par sa faute, le Sénégal a failli basculer dans le chaos général, à la suite d’une banale affaire de mœurs que d’aucuns cherchent vainement à qualifier de tentative de liquidation d’un adversaire politique.
- Suite à un appel au « mortal Kombat » dont il est l’auteur, 14 jeunes sont passés de vie à trépas. Et pourtant, loin de la passion et de l’émotion, il relève du factuel que le contentieux le concernant l’oppose à Mlle Adja Raby SARR, jeune masseuse non qualifiée, sans diplôme.
- Revenant sur les raisons de son exfiltration par les forces de défense et de sécurité, il reconnait lui-même que c’est grâce à ces dernières qui l’ont mis dans leur fourgon qu’il a pu rejoindre son domicile en toute sécurité, sinon les « milices » étaient bien préparées pour tirer sur lui. Pourtant, à rebours de cet aveu à la décharge des forces de Défense et de Sécurité, l’édile de Ziguinchor parle dans sa lettre incendiaire d’agression et de violence inouïe opérées sur lui. Finalement à quelle version se fier ?
Bref, le leader de Pastef serait-il aussi affecté par les épreuves au point d’oublier que le Sénégal ne vit pas autarcie et que la communauté internationale est bien au fait de ce qui se passe au Sénégal ?
En tout cas tout laisse à croire que la sortie de l’ambassadeur des USA au Sénégal, au lendemain de la publication de sa lettre de protestation, est un véritable pied de nez au « pastéfien en chef ».
Ainsi, comme pour répondre aux complaintes du leader du Pastef, le diplomate rappelle que sont ce sont les institutions du Sénégal qui déterminent qui peut être candidat ou pas. Que les citoyens doivent respecter leur espace politique et surtout d’y participer pacifiquement. L’homme décerne ainsi un carton rouge contre la philosophie va-t’en guerre du « GATSA GATSA ».
Bref, l’entreprise de diabolisation du Sénégal aux yeux de la communauté internationale, en tout cas des Etats-Unis, s’est révélée inefficace.