Édito : IDY ou de la tortuosité d’un politicien en perte de vitesse…

Fondateur du Cabinet de conseil GDP INITIATIVES (Global Development for Peace) et de ÉPI SA (Epistemon International) – une institution d’éducation et de santé –, Idrissa SECK est nommé, en 1988, Directeur de la campagne présidentielle de Me Abdoulaye WADE, candidat du PDS (Parti Démocratique Sénégalais), co-fondé avec son oncle Alioune Badara NIANG.

Ainsi, le résultat de l’élection présidentielle donnant Abdou DIOUF vainqueur au 1er tour du scrutin est vigoureusement contesté et de nombreuses violences instamment constatées au SÉNÉGAL. Idrissa SECK et d’autres militants de l’opposition seront brièvement incarcérés.

Ainsi, venait de naître un long cheminement au–dedans du Landerneau politique sénégalais…!

 

IDY à la quête d’un regain de confiance perdu chez ses compatriotes…

Au moment où d’aucuns ne s’y attendaient pas, Idrissa SECK, président du Parti Rewmi, a réaffirmé ses ambitions présidentielles, dans le courant du mois de Février dernier, lors d’un séminaire convié par son Parti, même s’il décide de maintenir son alliance avec la coalition de la mouvance présidentielle. En effet, cette jonction avec la majorité actuelle a été sanctionnée par la perte de terrain de son Parti lors des Locales de Janvier 2022, menaçant, du même coup, sa position au sein de la coalition au pouvoir. En dépit de tout cela, IDY continue de nourrir ses ambitions présidentielles, qu’il ne cache plus d’ailleurs.

Seulement, dépeint par ce que certains analystes et autres observateurs avertis considèrent comme une “tortuosité politicienne“, le président du Parti Rewmi nous a habitués à des retournements de veste spectaculaire :

– 2007 : alors que la quasi majorité des Sénégalais voyait, en lui, le potentiel successeur du Pape du SOPI, il avait ravalé, tout de go, toutes les diatribes dirigées envers Me WADE, « Ancien spermatozoïde, futur cadavre… Dos de chat, dos de chien… », pour aller à la rencontre du Secrétaire général national du PDS, à quelques jets de pierre du scrutin présidentiel. Pis encore, comme si de rien n’était, IDY était allé jusqu’à se considérer comme “Ismaïel“, devant son père “Ibrahim“, pour lequel, selon ses dires, méritait le sacrifice suprême.

– De même, après la Présidentielle de 2019, l’ancien maire de Thiès, candidat arrivé 2ème derrière le Président SALL, avec 20,51%, avait demandé aux autres candidats de l’opposition, SONKO y compris, de ne surtout pas déposer recours au niveau du Conseil constitutionnel ; alors qu’au même moment il négociait, en douce, avec le Président Macky SALL.

Résultat : un beau jour, il succédait à Aminata TOURÉ “Mimi“ à la présidence du CESE (Conseil Économique, Social & Environnemental). A quel IDY se fier ? En tout état de cause, ses compatriotes, soit la masse silencieuse a, semble–t–il, du mal à se faire une idée à propos de la constance du leadeur de Rewmi.

Pis encore, à quelques petits mois de la Présidentielle du 25 Février 2024, Idrissa SECK peine toujours à se dévoiler. Après la publication–suppression de sa déclaration de candidature sur sa page Facebook, la sanction de son proche–collaborateur et ministre, Yankhoba DIATTARA, ouvertement favorable à une 3ème candidature de Macky SALL, vient renforcer la thèse d’une possible participation de M. SECK aux prochaines joutes électorales. Toutefois, cette attitude a fini par lui valoir des critiques de la part des Sénégalais et en a remis une couche, une fois de plus, sur sa crédibilité…

Au micro de nos confrères de “SeneNews“, le journaliste Assane SAMB passe au crible ce comportement d’IDY, qui explique sa perte de confiance chez les Sénégalais. Ainsi, l’analyste politique est d’avis que « ce sera très compliqué pour lui ! » D’autant plus que, a–t–il renchéri, « il n’est plus le chef. Il est devenu une sorte de “Sous–préfet“, parce qu’il y a un chef qui est Macky SALL et donc il dépend de ce dernier. Et, tant qu’il dépend de Macky SALL, sa crédibilité va davantage s’effriter... »

Toutefois, a–t–il très vite fait de rappeler, même sur sa position dans l’architecture institutionnelle du pays, Idrissa SECK n’est pas la 2ème personnalité du pays, et l’Institution qu’il dirige n’est pas aussi imposante que d’autres.

« Le CESE (Conseil Économique Social & Environnemental), même s’il est important, n’est ni la Primature, ni la Vice-présidence, ni l’Assemblée nationale… C’est plutôt quelque chose qui va le desservir, en terme d’image. Et, il s’y ajoute maintenant le fait que beaucoup de Sénégalais se sont sentis avisés, pour ne pas dire trahis, quand IDY a quitté l’opposition pour rejoindre la majorité, alors que de nombreux gens plaçaient leur confiance en lui ».

Selon toute apparence, l’évolution du contexte politique n’est plus forcément en faveur du leadeur du Parti Rewmi. En effet, le Landernau politique sénégalais a beaucoup évolué avec l’émergence de nouveaux leadeurs sur le terrain et ces derniers travaillent à asseoir les conditions d’une 3ème alternance, à maintenir une démocratie avec une opposition responsable.

« Pendant ce temps, Idrissa SECK était absent ! Il est enveloppé, il est absent du débat démocratique pendant longtemps. Ces partisans se sont sentis trahis. IDY a des institutions inadaptées en plus d’être sous la responsabilité de quelqu’un, donc voyez comment IDY va faire pour sortir de cet engrenage–là. Peut–être, que s’il sortait de la coalition BBY, s’il reprenait ses quartiers dans l’opposition, on verra ce que IDY pourrait gagner en termes de sympathie », rappellera Assane SAMB, qui relève de l’incohérence dans la démarche de la 3ème personnalité de l’État.

Toujours , selon M. SAMB, « pour le moment (…), surtout avec les hésitations qu’on a notées ces derniers temps avec les conférences de presse annulées, des post supprimés, même s’il est en train de restructurer son Parti, on ne sent pas une prise en main de sa part. C’est comme si quelque chose lui échappait, comme si IDY était frustré, dépassé, trahi… En tout cas, il est dans l’hésitation et en politique, ce n’est pas la meilleure attitude. Ce que le président de Rewmi renvoie comme image n’est pas forcement rassurant ! »

 

N’est–ce pas trop tard pour Idrissa SECK de retrouver la confiance des Sénégalais ?

En réponse à cette question, M. SAMB laissera entendre que ce n’est pas maintenant qu’il va redorer son blason, qui semble assez terni d’ailleurs.

« IDY n’est pas dans la dynamique. Et le Parti Rewmi subit le même sort que le leadeur. Il y a eu des départs parmi les plus fidèles. Quand Thierno BOCOUM et Abdourahmane DIOUF ont quitté le navire, beaucoup se sont dits que “c’est inquiétant“ ! Aujourd’hui ,l’on a vu le cas de Yankhoba DIATTARA, qui n’est pas prêt à partir. Mais, il y a de nombreux gens que l’on n’entend plus parler… »

Concernant les chances de la tête d’affiche de Rewmi à la Présidentielle du 25 Février 2024, Assane SAMB répond, selon des perspectives différentes.

« Quand IDY se présente sous la bannière de la coalition de BBY, à partir de ce moment, il serait peut–être soutenu par BBY. C’est certainement ce qu’il souhaite. Maintenant le deuxième scenario, c’est qu’il se présente sous la bannière de Rewmi et Rewmi contre BBY. A partir de ce moment–là, ce sera très difficile pour IDY de prétendre gagner quoi que ce soit ! Parce que d’une part, il y a des Sénégalais qui risquent de le sanctionner du fait du jeu de yoyo, de ses hésitations ; d’autre part, il y a ses anciens alliés, qui ne vont pas le rater… »

Donc, dans tous les scénarios, la tâche s’avère ardue pour IDY, puisque les Sénégalais ne sont pas amnésiques, pour oublier ses décisions. Et la solution pour Idrissa SECK, d’après Assane SAMB, c’est de rester dans la mouvance présidentielle, dans l’optique de faire preuve d’un « minimum de constance ».

 

De la crédibilité d’un poids électoral en profonde décrépitude… ?

Idrissa SECK, leadeur du Parti Rewmi, non moins président du CESE et qui traverse une situation particulière marquée par la régression considérable de son électorat depuis son retour dans le camp du pouvoir a, lors de ce face–à–face avec la presse, abordé l’épineuse question de la 3ème candidature de l’actuel Chef de l’État, mais aussi et surtout sa participation à la prochaine Présidentielle du dimanche 25 Février 2024, dans un contexte politique qui est non seulement en ébullition, mais semble très, très loin de lui être favorable.

En vérité, au cours de ce vendredi de vérité pour Idrissa SECK, président du Parti Rewmi et du CESE, beaucoup de révélations ont été faites, mais “Ndàmal Kadioor“ paraît, selon nombreux observateurs, avoir raté le coche et a seulement donné un coup d’épée dans l’eau, manquant lamentablement l’occasion de se taire.

Effectivement, prévue pour le 25 Février prochain, cette 13ème Présidentielle de l’histoire politique du SÉNÉGAL depuis 1960, qui marque un tournant décisif dans son parcours politique riche de trois candidatures (2007, 2012 et 2019), intervient néanmoins dans un contexte politique qui est loin de lui être favorable. Car, sur le plan électoral, du statut de “leadeur charismatique“ du Parti Rewmi, IDY ne semble guère, d’après ses derniers résultats électoraux, au top et ne serait même pas, d’un point de vue catégoriel, un super–plume, comme diraient nos amis boxeurs.

Au contraire, Idrissa SECK, qui avait réalisé une percée lors de la Présidentielle de 2019 (2ème avec 20,51% derrière le Président–sortant 58,26%) après une longue traversée du désert depuis la Présidentielle de 2007, a plutôt l’air immerger dans une nouvelle crise de popularité. Si besoin est, la preuve est toute servie par les dernières élections, qui ont consacré un effritement considérable de son poids électoral un peu partout, avec la perte même de sa “base affective“ de Thiès.

Pour une première fois de son parcours politique depuis 2000, Idrissa SECK va être amené à aller à la conquête des suffrages des Sénégalais, sans ses habits de leadeur incontesté de la “Capitale du Rail“ qu’il a, aux dernières nouvelles, perdu lors des Législatives du 30 Juillet 2022…

D’une autre part, avec ce facteur lié à l’effritement de son poids électoral, le président du Parti Rewmi, en cas de refus de s’aligner sur la 3ème candidature du Président SALL et l’officialisation de sa candidature, devra résoudre une autre équation liée notamment à la formation d’une nouvelle coalition politique solide. Alors qu’il était pressenti candidat de la coalition “Benno Bokk Yaakaar“ au pouvoir, conformément aux termes supposés de son alliance “Mbuuroo’k soow“ avec le Chef de l’État, Idrissa SECK risque d’être amputé de cette machine électorale en perte de vitesse…

Au demeurant, à quelque dix mois de la date du scrutin présidentiel, le leadeur de Rewmi devra engager la course contre la montre, en vue de trouver de nouveaux alliés dans un espace politique déjà bipolarisé par les coalitions Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi. Quasiment impossible, même si « en politique, il ne faut jamais direJamais“ », nous dit–on souvent, cela pourrait miraculeusement bâtir une large coalition en perspective de cette Présidentielle fatidique du dimanche 25 Février 2024.