Édito – Aminata TOURÉ claque la porte : Forte probabilité d’une chienlit au sein de l’Hémicycle

En direction des Législatives du 31 juillet dernier, l’ancien Premier ministre, ex–ministre de la Justice, Garde des Sceaux et prédécesseur d’Idrissa SECK à la tête du CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental), Aminata TOURÉ “Mimi“, avait été investie tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). Ainsi, elle avait parcouru, dans le cadre de la campagne, plus de 5.000 Km, se donnant corps et âme pour une victoire de sa coalition au soir du 31 juillet 2022. Seulement, Mme TOURÉ semble déterminée à tourner la page BBY.

En la date du dimanche 25 septembre 2022, au cours d’un point de presse, Aminata TOURÉ “Mimi“ annonce être en passe de quitter le groupe parlementaire de BBY.

Qu’en sera–t–il de son mandat de député obtenu sous la bannière de BBY ?

Ne nous acheminons nous pas vers une insoluble chienlit au sein de l’Hémicycle ?

Ratage du perchoir pour « Mimi » : Dédits sur fond de révélations

Bien installée, requinquée par l’acclamation de quelques souteneurs et très en verve, Aminata TOURÉ “Mimi“ a craché du feu ! Lors de cette première sortie officielle, depuis l’installation beaucoup trop mouvementée d’Amadou Mame DIOP comme président de l’Assemblée nationale  à son grand détriment, la “dame de fer“, n’a pas l’air aimer son ratage du perchoir. Ainsi donc, à l’image d’artistes qui sont souventefois victimes de piratage, l’ex–tête de liste nationale de BBY se met dans la peau de grand artisan victime du pire ratage. Paradoxalement, l’on ne sait par quel coup de baguette magique, ni par quelle piqure de mouche Aminata TOURÉ est passée pour se dédire si aisément. Pour rappel, c’est bien Mme TOURÉ qui, au cours de la campagne, défendait bec et ongles le bilan du Président Macky SALL, tout en ne se privant pas de détracter Ousmane SONKO, allant jusqu’à poser ses conditions pour un débat télévisé. Donc, pour un oui ou un non, “Mimi“ a voulu jeter du sable dans le couscous de Benno Bokk Yakaar.

« Ma position claire sur l’impossible 3ème mandat de Macky SALL est la vraie source de notre problème. Si j’avais accepté cela, j’aurais été faite présidente de l’Assemblée nationale. Or, il est clair qu’un 3ème mandat est impossible ». Certes, Aminata TOURÉ “Mimi“ n’a jamais défendu, publiquement en tout cas, une 3ème candidature de Macky SALL, mais force est de reconnaître qu’elle n’en a jamais opposé, au vu et au su de ses concitoyens, un niet catégorique. Telle que le stipule une formule consacrée : « Qui ne dit rien consent », “Mimi“ consentait autant que ses intérêts crypto personnels étaient épargnés. Et puis, en deux temps trois mouvements, c’est de la victimisation, avec comme toile de fond la primeur de l’émotion sur l’analyse froide de la situation par ses compatriotes.

D’ailleurs, le prédécesseur d’Idy au CESE a avoué être comptable du bilan de Macky SALL et a toujours fermé les yeux sur les nominations des proches du Président malgré ce subit dédit : Mansour FAYE, Alioune SALL,… Grosso modo, le ratage du perchoir pour “Mimi“ semble rappeler désagréablement cette manie qu’ont nombre d’hommes et de femmes du Landerneau politique sénégalais que de ne penser qu’au partage du gâteau une fois élus. Autrement dit, « la logique du moi ou rien » paraît animer celle qui “accélérait la cadence“. En lieu et place d’une constance digne et stoïque, même si le compagnonnage a été en dents de scie, “Mimi“, ivre de colère, quitte le navire BBY. « Dès demain, je vais écrire au président de l’Assemblée nationale pour être un député non inscrit ».

Notons que c’est désormais chose faite !

Risque d’instauration d’une chienlit dans un Benno déjà hanté par un vent d’équilibre

Pendant que la coalition BBY n’a pu se contenter que d’une très courte majorité à l’Assemblée nationale, en raison de la percée historique de l’opposition regroupée essentiellement dans l’inter–coalition YAW–Wallu Sénégal, la démission d’Aminata TOURÉ du groupe parlementaire de BBY n’est pas pour arranger les choses. En effet, l’on assistait déjà à une situation inédite dans cette 14ème législature, avec un équilibre quasi parfait entre la coalition BBY et l’inter–coalition YAW–Wallu au sortir des Législatives, avec plus de  80 sièges pour chaque camp. Maintenant, avec cette décision de “Mimi“, tout porte à  croire que nous nous acheminons vers une insoluble chienlit dans le Parlement sénégalais. D’abord, le défi d’aller jusqu’au bout de sa logique lancé à Aminata TOURÉ par des membres de la coalition présidentielle – rappelant le cas de Macky SALL démissionnaire du PDS – n’est pas fortuit.

Seulement, à la lumière de spécialistes du Droit constitutionnel, “Mimi“ TOURÉ ne perdra son mandat de député obtenu sous la bannière de BBY que s’il démissionnait  de l’Apr – comme l’avait fait Macky SALL alors président de l’Assemblée nationale –. Or, pendant son point de presse, “Mimi“ a clairement laissé entendre qu’elle n’en fera rien. Dès lors, BBY se retrouvera avec 82 députés sur 165. De deux choses l’une : soit Aminata TOURÉ choisira de poser un lapin à ses collègues parlementaires lors des séances au sein de l’Hémicycle de l’Assemblée nationale, soit elle honorera de sa présence les travaux et faire face à ses ex–camarades de BBY. Au cas où cette dernière option serait de rigueur, ce ne sera guère surprenant de voir s’amplifier, au fur et à mesure que l’Assemblée nationale se réunit, un désordre innommable, une anarchie politique sans précédent, pour ne pas dire une pagaïe.

Car, il faut rappeler que la démission de “Mimi“ TOURÉ  du groupe parlementaire de BBY rabat complètement les cartes et dissipe, par la même occasion, tout relent de confort pour ce qui est de la majorité. Quand on sait par exemple que sur les 14 présidents de Commission à l’Assemblée nationale, BBY en a 7 et idem pour YAW–Wallu Sénégal, l’équilibre tant nié par des alliés adeptes du “Wishful thinking“ est désormais plus qu’une réalité.