Difficultés d’accès au financement en Afrique : Le Président SALL a évoqué la question au Forum international sur la paix et la sécurité
Le Président Macky SALL s’est exprimé sur les difficultés de financement rencontrées par de nombreux pays africains.
En effet, il a souligné la lourdeur des conditions d’accès au financement extérieur, exposant le fardeau financier pesant sur les pays africains. Il a pointé du doigt un système où l’accès aux fonds extérieurs est régi par des critères fixés par les marchés, établissant des coûts prohibitifs pour les emprunts, avec des taux d’intérêt et primes d’assurance démesurément élevés.
« Si l’on regarde les conditions dans lesquelles les pays africains évoluent par rapport à la Gouvernance mondiale et à l’accès au financement on se rend compte très vite que, quels que soient les efforts internes que nous sommes amenés à faire, il y a une chape de plomb qui inhibe nos actions. Cette chape de plomb, c’est d’abord les conditions d’accès au financement qui établi que nous nous endettons 8 fois plus cher que la moyenne des pays développés et ça c’est du à un système qui est là qui fait que l’accès au financement extérieur obéit à un certain nombre de règles et critères qui ont été fixés par les marchés, avec un système de notation qui est donné par des agences de notation qui ont la latitude de noter tous les pays et en fonction de notation qu’ils donnent évidemment la perception du risque sur le pays agit sur le niveau de risque et donc sur les primes d’assurance qu’il faut en même temps payer pour s’endetter », a-t-il d’emblée déclaré.
Pour illustrer ses propos, le Chef de l’État a donné l’exemple des CE (crédits/export) qui montre comment des taux initialement bas se retrouvent alourdis par des primes d’assurance atteignant jusqu’à 15%.
« Si vous prenez aujourd’hui un crédit dans le CE qu’on appelle les crédits export, beaucoup de pays développés font pour faciliter l’exportation. Vous avez le crédit en général qui n’est pas très cher. C’était à l’époque Eurobond +1 ou 2 à l’époque, l’Eurobond était à 0%, donc vous vous endettez au à hauteur de 2 et demi 3%, 4%. Mais il faut rajouter à cela les 12% de la prime d’assurance, 12 à 15 pour cent selon les risques. Au total, vous vous retrouvez à près de 17 pour cent. Sur un maximum de 10 ans pour construire une Centrale hydroélectrique et vous voulez rembourser cette Centrale qui a une durée de vie de 60 ans, 100 ans, un siècle parfois et voulait le rembourser sur 12 ans ou 10 ans. Donc c’est ça le problème, c’est qu’il fait que le taux de remboursement et le service de la dette devient insupportable pour le budget », a souligné M. SALL.
Révision profonde du système de notation
Face à cette situation, ce dernier s’est exprimé en faveur d’une révision profonde du système de notation des agences de crédit, appelant à la transparence et à une réforme menée par les pays de l’OCDE. Il a également abordé la nécessité de repenser les Institutions mondiales, telles que les Nations-Unies et les Banques internationales, pour permettre un accès plus équitable aux ressources financières.
Par ailleurs, Macky SALL a critiqué « l’injustice de la transition énergétique imposée par les pays développés ».
Il a souligné la contradiction où ces Nations continuent d’utiliser des ressources fossiles, malgré leurs engagements à réduire leurs émissions, tandis que les banques multilatérales refusent de financer des projets liés aux Énergies fossiles, y compris le Gaz, pourtant une Énergie de transition.
« Ce qui nous intéresse nous, c’est la réforme inclusive du Conseil de sécurité. Pourquoi on ne nous finance plus pour qu’on ait plus d’accès à des ressources ? Le durable est moins cher et il faut qu’on puisse véritablement trouver les formules les plus adéquates pour le financement du développement de fossiles et aussi développer plus de partenariats. Donc c’est cette réforme globale, évidemment, sur fond de lutte contre le réchauffement climatique. Comment des pays développés, qui sont les principaux pollueurs de la planète se retrouve à Glasgow et décide qu’on ne finance plus le fossile ça, c’est une injustice qui ne peut pas prospérer (…) Avec la guerre en Ukraine et le charbon est revenu alors aux États-Unis parce que il y a urgence à répondre aux besoins énergétiques, mais quand ces pays qui sont industrialisés déjà continuent le temps de la transition a utilisé des ressources fossiles, pourquoi on devrait dire à l’Afrique qui ne contribue que pour moins de 4%, vous ne devez pas exploité vos ressources et aucune banque multilatérale aujourd’hui ne va financer des projets Gaz qui est vraiment une énergie de transition. Aucune, ni la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement, ni même la BAD. Il faut que nous changions cela ! »
En conclusion, le Chef de l’Etat a plaidé pour une « transition énergétique juste », où chaque pays assumerait ses responsabilités dans la lutte contre le réchauffement climatique, tout en garantissant un accès équitable aux ressources financières pour le développement durable de l’Afrique.