Dialogue politique : Voici les solutions qu’avait proposées le Dr Cheikh Diallo !

Dr Cheikh Omar Diallo

Le Dr Cheikh Omar Diallo avait, il y a huit ans, soumis au président Macky Sall une étude consacrée au parrainage en vue de l’élection résidentielle de 2019, sous la tutelle de son directeur de thèse, Pr Ismaïla Madior Fall.

 

POLITIQUE – A quelques mois du scrutin de Février 2024, le président de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership (EAO) apporte quelques modifications aux résultats de son travail et avance trois propositions de taille : le parrainage de chaque candidat par, au moins, 200 élus ; la suppression de la caution de 30 millions FCFA, ainsi que le financement public des candidats retenus, à hauteur de 200 millions de FCFA, comme en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Afrique du Sud, entre autres.

 

Une élection présidentielle inédite

En 2016, le Dr Cheikh Diallo soumettait « à la très haute attention » du président Macky Sall, une étude consacrée au parrainage en vue de l’élection présidentielle de 2019, sous la tutelle de son directeur de thèse, Pr Ismaïla Madior Fall.

Huit ans plus tard et à huit mois de la présidentielle de 2024, il en tire un bilan et y apporte des « innovations majeures », en même temps qu’il milite pour le financement public des candidats et la suppression de la caution de 30 millions FCFA.

À coup sûr, ces points soulevés seront inscrits dans la conversation nationale et feront l’objet de débats intenses, au cours du dialogue politique prévu en juin.

Pour rappel, le système du parrainage stipulait que : « toute candidature à une élection présidentielle et aux élections législatives, présentée par un parti politique légalement constitué, par une coalition de partis politiques légalement constitués ou une entité regroupant des personnes indépendantes est astreinte au parrainage par une liste d’électeurs. » (Art.L.57 du Code électoral).

 

Modification entrée en vigueur en avril 2018, à 9 mois de la Présidentielle.

Ce faisant, la loi imposait à tous les candidats de rapporter un lot de signatures des électeurs sur la base d’un pourcentage du corps électoral de 0,8% à 1%.

Elle précisait en outre que : « dans une élection, un électeur ne peut parrainer qu’un candidat ou une liste de candidats et qu’une seule fois ». Ce filtre avait été institué, afin de contenir l’explosion de candidatures fantaisistes dans un pays qui compte plus de 300 Partis politiques. À preuve, en 2019, on enregistrait 27 candidats à la candidature. À l’arrivée, seuls cinq ont été retenus par le Conseil Constitutionnel.

« De ce point de vue, l’objectif a été atteint », rajoute Dr Diallo, l’un des initiateurs du parrainage citoyen.

A vrai dire, reconnaît le président de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership (EAO), « l’introduction du système de parrainage avait suscité et continue de susciter une levée de boucliers au sein de l’opposition et de la société civile ».

Sous ce rapport, il fait amende honorable en rappelant fort justement que la Cour de Justice de la CEDAO avait donné raison aux partis d’opposition, dans un arrêt rendu le 28 avril 2021 en estimant que le système de parrainage « constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote […]

Il viole le secret du vote en obligeant les électeurs à déclarer à l’avance à quel candidat ils ont l’intention d’accorder leur suffrage puisqu’un électeur ne peut parrainer qu’une seule candidature ».

Conscient de la perfectibilité de tout outil d’intelligence politique et électorale, le spécialiste en Sciences politiques propose une amélioration du système pour un parrainage plus fiable, plus transparent et plus consensuel, dans un contexte de surabondance de candidatures, d’une part et d’incertitudes de candidatures, de l’autre.

« Les candidats à l’élection présidentielle devront obtenir le parrainage d’au moins 200 élus (maires, députés, hauts conseillers, conseillers départementaux) provenant d’au moins 20 des 46 départements du Sénégal. »

La proposition technique de Dr Diallo tient en ces termes : « plutôt que de continuer d’exiger l’obtention de 0,8% à 1% d’électeurs, environ 70.000 signatures et environ 7 millions d’électeurs en direction de la présidentielle de 2024, l’on pourrait introduire un choc de simplification et de transparence ».

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En quoi faisant ? Dorénavant, « les candidats à l’élection présidentielle devront obtenir le parrainage d’au moins 200 élus (maires, députés, hauts conseillers, conseillers départementaux) provenant d’au moins 20 des 4 départements du Sénégal ».

Le disciple du Pr Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice, demeure convaincu que ce paramétrage du « logiciel parrainage 2024 » assurera et garantira « le minimum de représentativité électorale et géographique, la diversité politique indispensable à la bonne respiration démocratique et la neutralisation des candidatures fantaisistes dans un contexte mémorable et inédit où le pouvoir et l’opposition font presque jeu égal, à l’Assemblée nationale et dans les institutions d’élus locaux ».

 

Dr Cheikh Omar Diallo.2

 

Pour terminer, l’ancien conseiller des Wade-père et fils suggère la suppression pure et simple de la caution présidentielle de 30 millions de FFCA, en même temps qu’il recommande le financement public des candidats retenus, à hauteur de 200 millions de FCFA, comme en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Afrique du Sud, entre autres.

« Il faut une suppression de la caution de 30 millions de FCFA, ainsi qu’un financement public des candidats retenus, à hauteur de 200 millions de FCFA, comme en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Afrique du Sud, entre autres. »

Après un benchmark du panorama des parrainages dans le monde, l’expert- consultant propose une synthèse en pesant le pour et le contre à balance égale entre avantages et inconvénients. Pour convaincre les plus sceptiques, Cheikh Omar Diallo cite, entre autres, quelques pays qui appliquent le parrainage.

 

France : Les candidats à la Présidentielle française doivent obtenir le parrainage d’au moins 500 élus (maires, députés, sénateurs, conseillers régionaux et départementaux) provenant d’au moins 30 départements différents.

Ce système garantit une pré-représentativité politique et électorale et favorise ouvertement les candidats issus des grands partis politiques, tout en rendant incertaine la collecte des signatures pour les candidats indépendants et ceux des petits partis.

 

Allemagne : les candidats sont proposés par les partis politiques et doivent être soutenus par au moins un quart des membres du Bundestag (chambre basse du parlement) ou un quart des membres du Bundesrat (chambre haute). Cette approche favorise la coopération entre les partis et limite le nombre de candidats indépendants.

Cependant, elle place le mode sélectif entre les mains de la classe politique, en réduisant la participation citoyenne.

 

Finlande : les prétendants doivent obtenir le soutien d’au moins 20 000 électeurs. Cette pratique garantit un soutien populaire significatif pour chaque candidat. En

 

Autriche : également, la participation citoyenne y est indispensable. Toutefois, dans l’une et l’autre, la collecte de signatures est coûteuse et le risque de fraude élevé.

 

Irlande : ils doivent être soutenus par 20 membres du Parlement (Oireachtas) ou par quatre conseils de Comté. Cette approche privilégie le double soutien politique et local nécessaire pour chaque candidat. Les candidats indépendants ou issus de petits partis n’ont aucune chance d’y participer.

 

Reste, maintenant, à savoir quel sort sera réservé à ces propositions-phares de Dr Diallo par le président Macky Sall dans la perspective de la tenue du dialogue politique.

 

Maderpost / Source A / Mansour Sylla

 

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