Collectivités territoriales : Les travailleurs veulent le changement de leur statut
Les missions du Centre national de la Fonction publique locale et de la formation ont été présentées aux différentes composantes des Collectivités territoriales et aux autorités administratives. Une rencontre qui a été un prétexte pour les syndicalistes afin de dénoncer la “précarité des travailleurs du secteur“.
La situation des travailleurs des Collectivités territoriales doit changer. En tout cas, les concernés sont décidés à l’imposer, à défaut d’être entendus par les autorités. Ils l’ont fait savoir lors de l’atelier de présentation des missions du Centre national de la Fonction publique locale. « Les travailleurs des Collectivités territoriales sont dans une situation hybride. Le constat est très sombre. La quasi-totalité des Collectivités paient sur la base de la convention collective du Commerce et des Btp », a fait remarquer le Secrétaire général–adjoint de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts/B).
Moussa Cissokho soutient que souvent, ils travaillent durant toute leur carrière pour ne percevoir que le même salaire. « Il faut leur appliquer les mêmes barèmes de la Fonction publique. Allez dans les Collectivités territoriales, ce sont des salaires miséreux de 40.000 à 50.000 qu’on paie aux agents. C’est le Président de la République qui a commandité cette étude parce qu’il s’est rendu compte qu’il y avait trop de disparités dans le traitement salarial des travailleurs de ce pays », a-t-il souligné. Il rappelle que l’article L.29 du Code général des Collectivités territoriales dispose que « toute rémunération due à l’agent de l’État est d’office alloué à l’agent des Collectivités territoriales ». Alors, M. Cissokho se demande pourquoi les textes ne sont pas appliqués.
Il invite l’État à mettre les moyens pour permettre à ces Collectivités territoriales de respecter cette disposition. Il prévient que les agents vont continuer à réclamer leurs droits. « Nous sommes des Sénégalais et nous avons les mêmes droits. Il faut qu’on respecte l’orthodoxie de l’Administration. Et là, je suis désolé de le dire, il n’y a pas d’Administration », a déploré le Secrétaire général–adjoint de la Fgts/B.
Harmonisation des salaires, audit du personnel
Le syndicaliste préconise l’harmonisation des salaires parce que, dit-il, « les travailleurs des Collectivités territoriales travaillent au niveau des démembrements de l’État. Il faut leur appliquer le barème indiciaire et non le barème de la convention du Commerce. Un pays ne peut pas se développer sans des Collectivités territoriales viables, attractives et porteuses de projets de développement. On veut quelque chose et son contraire, ce n’est pas possible », a ajouté Moussa Cissokho. Et, pour lui, pour y arriver, il faut des ressources humaines « de qualité et motivées ». Auparavant, Abdou Khadre Ndiaye Directeur général du Centre national de la Fonction publique locale et de la formation est revenu sur les missions de la structure qu’il dirige.
Après avoir reconnu que « personne ne connaît le nombre d’agents qui travaillent dans les collectivités territoriales », il a suggéré un audit social du personnel. « Il y a un désert financier pour beaucoup de communes. L’audit va permettre de disposer d’un personnel connu. Il faut une réforme qui va se fonder sur des bases durables parce que le constat est qu’il existe un problème de financement du développement territorial. Beaucoup de maires disent que s’ils appliquent la Fonction publique locale, la majorité des employés ne vont pas percevoir leurs salaires. Pour accompagner la réforme, il faut mettre en place un fonds d’appui à la mise en œuvre de la Fonction publique locale », a proposé Abdou Khadre Ndiaye.
Améliorer le statut des agents de la Fonction publique locale
M.Ndiaye précise que la vocation du Centre national de la Fonction publique locale et de la formation « n’est pas de se substituer aux Collectivités territoriales, encore moins d’opérer le contrôle de légalité à la place du Commandement territorial ». Il a plutôt été mis en place, explique-t-il, pour pouvoir « pallier ce déficit d’harmonisation, d’encadrement et de gestion des questions transversales ».
Selon lui, ce centre devrait apporter une expertise aux Collectivités en matière de gestion des carrières, des retraites, de couverture maladie, mais aussi de suivi et de maîtrise de la masse salariale. S’agissant de la mission de formation et du renforcement des capacités, qui est un facteur déterminant dans la qualité et la gestion des ressources humaines, la première urgence, renseigne Abdou Khadre Ndiaye, « c’est de rendre opérationnel et fonctionnel le statut des agents de la Fonction publique locale ». Depuis le mois de mars, le centre est fonctionnel et a reçu ses allocations dans le cadre de la loi de finances rectificative.