Casamance : «L’impossible» retour des populations déplacées des villages sécurisés par l’armée à Nyassia

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Une dizaine de mois après les opérations de ratissage menées par l’Armée sénégalaise dans l’arrondissement de Niassya, le processus de retour des populations reste encore très timide.

Débarassées des bandes armées, déblayées par l’Armée sénégalaise après des opérations de ratissage menées en mai-juin 2021, certaines localités de l’arrondissement de Niassya restent encore et toujours en l’état de «villages fantômes», sans habitants. L’Armée sénégalaise qui avait effectué d’intenses bombardements pour chasser les bandes armées, a certes nettoyé la zone, mais ces anciens sanctuaires rebelles restent encore inhabitables. Ces zones de l’arrondissement de Niassya, pourtant bien sécurisées, peinent encore à retrouver leurs populations déplacées.

Perdus dans la forêt, seuls les cris des animaux vous renseignent sur ces zones jadis rayées de la carte et qui sont désormais ouvertes au retour des populations. La psychose des mines hante encore les populations. Malgré un engouement terrible manifesté pour le retour, les populations sont freinées dans leur élan par la problématique des mines qui ont fini d’infester ces terres. De Basséré à Badem en passant par Kayinga, dans l’arrondissement de Niassya, le retour reste très timide et parfois même, inexistant dans certaines zones.

Des tonnes de fruits mûrs perdus ou à la merci des animaux

Les fruits mûrs sont à la merci des animaux ; les anacardiers fleurissant, les citronniers, les orangers etc., renseignent sur le riche potentiel agricole dans cette zone. Personne pour effectuer la récolte dans ces zones ; ce sont des tonnes de fruits qui sont perdues. Ces zones nettoyées par l’Armée qui, au prix d’intenses opérations de sécurisation, avait chassé les bandes armées, ouvraient une possibilité de retour des populations déplacées, qui attendent maintenant une dépollution des terres.

Pour l’honorable député Demba Keïta, «l’insécurité est à deux niveaux ; les bandes armées et l’autre problématique, ce sont les mines anti personnelles. Aujourd’hui, il faut que les populations soient beaucoup plus rassurées sur les conditions de dépollution. Dans le Niassya, le déminage n’a pas beaucoup avancé dans les zones de Badem, Ayinga, un peu vers Kaguitte. Et c’est là où il faut avancer, en interpellant les opérateurs de déminage comme le Centre d’Action Anti Mine (CNAMS), pour qu’ils puissent enclencher les opérations de déminage.

Des zones très dangereuses avec des mines. D’ailleurs, c’est dans ces zones notamment à Kaylou, que douze (12) démineur de l’opérateur Sud-Africain MEKHEM avaient été enlevés puis libérés par des bandes armées il y a quelques années. Faire des études, des enquêtes techniques pour s’assurer que ces zones ne sont pas minées ; et si elles le sont, qu’on trouve des ressources. Je crois que c’est ça qui retient ces populations», déplore le parlementaire originaire de la zone.

Déminage et mesures d’accompagnement, ces préalables au retour des populations déplacées dans leurs villages

La priorité des priorités reste ainsi le déminage humanitaire, clament les populations de ces zones retrouvées dans certains centres urbains de la région de Ziguinchor. Toutefois, certains villages qui sont dans cette dynamique de retour, s’organisent et, à travers des rencontres, tentent de dégager des stratégies pour sonner leur retour. A Mahamouda et une partie de Badem, ces populations effectuent, par moments, des opérations d’élagages pour déblayer la zone gagnée par une forte végétation, après le départ «en l’exil» de ses populations. Ces zones sont devenues complètement des forêts ; d’où une nécessite d’accompagnement et d’encadrement de ces populations.

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Et lorsque le chef de village de Basséré, François Sagna, évoque la question du retour, c’est pour dire ceci : «il faut d’abord se retrouver et parler d’une seule voix, avant de retrouver ces villages longtemps abandonnés. Déblayer la zone, sortir des pistes et tout nettoyer avant un retour, ce sont les exigences du moment dans ces villages. Nous organisons des rencontres, des réunions. Lorsque l’Armée y effectuait ses opérations de ratissage, il n’y avait personne sur place. Ces villages étaient devenus des forêts. Autre chose également, il faudra convaincre nos enfants qui sont nés dans des villes comme Ziguinchor et autres, qu’il nous faut retrouver nos terres…», déclare le notable.

Des villages abandonnés qui attendent de retrouver leurs populations qui avaient tout abandonné : champs, maisons… et autres biens, sous la contrainte des bandes armées qui avaient élu domicile dans ces zones, avant d’y être chassées par l’Armée sénégalaise, qui reste cependant sur le qui-vive. «Voir très rapidement, à travers tout le partenariat qui se dessine dans ce processus d’accompagnement, comment créer des points d’eau et mettre très rapidement à disposition, du matériel de construction pour encourager le retour», plaide M. Keita.

Pis, dans cette partie de la Casamance, les puits, abandonnées depuis 1992, se sont soit effondrés, soit sont impraticables. Mais aussi l’implication des Eaux et Forêts est vivement recommandée pour éviter une déforestation de ces zones.

Contrairement à Niassya, le retour effectif des populations dans l’arrondissement de Niaguiss imprime une Joie de vivre sur place

En attendant, ce retour très timide dans ces zones de l’arrondissement de Niassya contraste d’avec la dynamique de retour effectif dans l’arrondissement de Niaguiss, où les opérations de sécurisation par l’Armée ont complètement changé de visage. Le retour effectif de ces populations imprime la joie de vivre sur place. Les populations qui ont sonné leur retour dans ces villages, ont repris depuis leurs activités. A signaler que l’Armée, qui a mené des opérations de sécurisation dans ces villages de déplacés, reste encore visible dans ces zones, pour éviter tout retour et agissements des bandes armées, chassées de leurs bases démantelées.

Ces villages sécurisés attendent maintenant impatiemment un déclenchement des opérations de déminage pour retrouver enfin, leurs populations qui interpellent l’Etat et les ONG sur la nécessité d’augmenter la cadence d’une assistance et d’un accompagnement. Toutes choses qui peuvent imprimer un nouvel espoir d’une vie meilleure pour ces populations déplacées. Ces dernières qui ont longtemps erré à travers les centres urbains de la région, veulent enfin retrouver leurs terres ; terres de leurs ancêtres.
NKN

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