Afrique – Recherche scientifique : Entre défis, déficit de capital humain et espoir

“ Transformer les vies en Afrique grâce à la recherche “. Tel est le défi que “African Population and Health Research Center“ (APHRC) compte relever. Pour y arriver, la réflexion a précédé l’action. En effet, un panel de discussion de haut niveau a réuni d’éminents spécialistes.

 

Parmi ces derniers, on retrouve le Professeur Mary Teuw Niane – ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur – Docteur Maréma Touré – Sociologue Directrice du département des Sciences Sociales et Humaines (SHS) au bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest –, Dr Ousmane Sène – Directeur de West African Research Center – et Dr Cheikh Faye – Directeur APHRC, Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest (WARO) –. D’ailleurs, ce Panel s’inscrit dans les activités de célébration des 20 ans d’existence de la structure.

L’idée étant de parler de construire l’Afrique à travers la recherche. Les résultats sur la Santé, la Population, l’Éducation et le bien–être pendant 20 à ans doivent être au cœur des décisions prises par les voies publiques de nos États. C’est l’avis de Cheikh Faye – Directeur APHRC, Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest (WARO) –.

« Nous avons accompagné pendant longtemps les États.  Il y a des documents de politiques, des documents de plans d’actions des pays qui ont été élaborés sur la base des évidences et de la recherche », a–t–il dit.

D’après lui, “ malgré la Covid et les difficultés entre 2020 et 2022 aujourd’hui, il leur est possible de démontrer que l’Afrique est capable à travers ces chercheurs de trouver et d’accompagner les décideurs à améliorer les conditions des populations “.

 

Les politiques n’ont pas d’agendas clairs en matière de recherche

Dr Faye fait remarquer que les Gouvernements en Afrique n’accordent pas beaucoup d’intérêt aux résultats des recherches.

« Les recherches, qui sont faites, répondent aux questions que les Gouvernements ne posent pas ou bien sur lesquelles, ils n’ont pas beaucoup d’intérêts. Il est difficile de savoir ce que les Gouvernements veulent. Ils n’ont pas d’agenda clair en matière de recherche ».

Il faut noter que moins d’ 1% du budget des pays est consacré à la recherche et il est très rare que les Gouvernements engagent les chercheurs sur des questions spécifiques.

« Ils ne sont jamais à l’origine et à chaque fois que ça les intéresse, ils peuvent prendre… »

L’inexistence des mécanismes de prise en charge des résultats des recherches a été aussi pointée. A titre illustratif, un article publié dans une revue scientifique avec les termes scientifiques, quel est le mécanisme qui est mis en place par nos pouvoirs publics pour que cette évidence soit utile s’interroge le praticien. Il revient donc aux chercheurs de mettre des documents d’orientation c’est–à–dire des résumés en termes moins techniques et présenter aux politiques parce qu’ils ne regardent pas les sciences selon le Directeur APHRC, Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest.

 

L’éternelle problématique du capital humain

La question du capital humain est au cœur de tout. Toutes les études au niveau mondial ont montré qu’il existe une faible masse critique dans le secteur de la recherche. On est entre 80 et 100 chercheurs pour chaque 1.000.000 d’habitants là où les autres pays sont à 4000 chercheurs pour 1.000.000 d’habitants selon une étude de 2021. Il nous faut produire 1.000.000 de chercheurs en 20 ans pour combler le gap qui existe en Afrique. Cela demande beaucoup plus de financements et d’efforts dans la formation. La masse critique est très faible et les garder en Afrique constitue un problème.

Les conditions ne sont pas souvent réunies et les laboratoires de qualité font défaut. De même, il s’y ajoute les conditions financières qui font que des chercheurs viennent en Afrique mais ne restent pas.

« Ils vont chercher ailleurs où ils sont bien payés », a expliqué Dr Cheikh Faye.

Dans la lancée, il a ainsi renchéri : « A notre niveau, nous essayons de couper la poire en deux. Il s’agit de former des chercheurs–leadeurs, on ne peut pas former 1.000.000 de chercheurs.  Mais nous essayons que les 20.000, que nous pouvons former, aient chacun, de leur côté, un groupe et un réseau de chercheurs ».

“African Population and Health Research Center“ a ainsi trois programmes. En effet, il s’agit de la recherche dans plusieurs thématiques, le renforcement des capacités des chercheurs, en soutenant ceux qui veulent faire des Masters, Doctorats entre autres avec des bourses à leur disposition pour qu’ils puissent devenir des chercheurs.

« C’est un programme très intense et on est à 500 étudiants avec neuf Universités. Il y a un nombre de 200 qui sont venus chez nous pour se renforcer, on peut donc parler de 700. Il y a aussi le résumé des connaissances scientifiques, afin que des acteurs puissent être utiles aux décideurs », dit–il.

“African Population and Health Research Center“ (APHRC) est une Institution de recherche de premier plan déclinée sous forme de groupe de réflexion explorant les questions de santé et de bien–être de la population. L’organisation APHRC a son siège à Nairobi – Kenya –, mais dispose d’un bureau régional en Afrique de l’Ouest (West Africa Régional Office WARO) ouvert en 2019 à Dakar, au Sénégal. “ L’organisation cherche à susciter le changement en utilisant des données probantes analysées par un groupe de chercheurs expérimentés et en pleine expansion originaires de tous les pays de l’Afrique subsaharienne “, a–t–on pu lire dans la note conceptuelle.

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