Colombie – Le président Ivan Duque juge « atroce » la dépénalisation de l’avortement
Le président de Colombie Ivan Duque a qualifié mardi d' »atroce » la décision de la Cour constitutionnelle de dépénaliser l’avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse, et critiqué la juridiction d’avoir pris une décision sans l’avis du Parlement.
« Nous sommes face à une décision qui concerne l’ensemble de la société colombienne et cinq personnes ne peuvent proposer à la nation quelque chose d’aussi atroce que de permettre l’interruption d’une vie jusqu’à six mois de grossesse », a déclaré le président conservateur à des journalistes.
Il faisait notamment référence au vote des cinq magistrats — contre quatre — de la Cour en faveur de cette dépénalisation pour n’importe quel motif jusqu’au sixième mois de grossesse.
Jusqu’à présent, dans ce pays fortement catholique, l’interruption volontaire de grossesse n’était autorisée qu’en cas de viol, si la santé de la mère était en danger ou lorsque le fœtus présentait une malformation compromettant sa survie, selon un arrêt de cette même Cour datant de 2006.
En dehors de ces exceptions, les femmes qui avaient recours à l’avortement étaient passibles d’une peine de 16 à 54 mois d’emprisonnement. Selon les autorités pénitentiaires, 24 Colombiennes sont en prison pour avoir avorté en dehors de la loi.
« Dans cette décision je pense qu’il y a des choses très complexes. La première, (le délai) de 24 semaines. Nous ne parlons pas d’une vie en gestation, mais d’une vie qui est déjà dans l’attente de naître », a critiqué le chef de l’Etat.
Il a dit également craindre qu’après la décision de la Cour l’avortement ne devienne « un mécanisme contraceptif », notamment en raison de la tradition machiste dans certaines régions du pays où les femmes peuvent être rejetées lorsqu’elles demandent à leur partenaire « qu’il utilise des méthodes comme le préservatif ».
En théorie le Parlement peut modifier la décision de la Cour, en réunissant une majorité s’opposant à l’avortement. Mais ces dernières années les parlementaires ont soigneusement évité d’entrer dans ce débat.
En Amérique latine, l’avortement est légal en Argentine, en Uruguay, à Cuba et au Guyana, ainsi que dans quatre Etats mexicains, dont celui de la capitale Mexico. Dans la plupart des cas, il est autorisé jusqu’à entre 12 et 14 semaines de grossesse. (AFP)
NKN