Une semaine après. L’avocat français Juan Branco a décidé, ce vendredi 21 juillet, de faire une sortie suite à la demande du procureur de la République du Tribunal de Grande instance de Dakar à Interpol.
« Après avoir revu la compilation des déclarations, écrits et posts à travers tout support du sieur Juan Branco, il a été relevé des éléments qui, manifestement, sont de nature à engager sa responsabilité pénale. Le parquet a décidé l’ouverture d’une information judiciaire contre le susnommé pour plusieurs faits qualifiés de crimes et délits. En outre, un mandat d’arrêt international a été requis à son encontre », avait indiqué le ministère public au Sénégal, le 14 juillet dernier.
Devant l’opinion, le tonitruant conseil a dévoilé, selon lui les véritables raisons de cette requête. «Sous la dictée présumée de l’Elysée, une notice rouge a été demandée à Interpol par le parquet de Dakar pour me faire arrêter. Le motif invoqué ? Avoir révélé l’existence de crimes contre l’humanité au Sénégal, entre les mois de mars 2021 et juin 2023, et la complicité du gouvernement français », signale-t-il, d’emblée, dans un texte, sur twitter.
A l’en croire, « cette demande s’inscrit dans un cadre plus général ». Branco s’explique : « Chaque année, M. Macron se prête à une sinistre comédie, consistant à tenter de me faire arrêter. Cela a commencé en 2019, avec le signalement au Procureur de la République par Aurore Bergé d’un livre que j’avais publié, Crépuscule, qui décrivait les soubassements de son élection. On aurait tort d’en rire, ou de penser qu’il s’agissait d’une pantalonnade sans objet. Avec cet ouvrage, nous touchions au cœur noir d’un pouvoir avarié ».
Aussi, dira-t-il, « Mme. Bergé m’a alors accusé d’avoir « armé les esprits », et de provocation à la commission de crimes et délits. Cela n’a rien donné. En 2020, 2021 et 2022, les procédures délictuelles et criminelles se sont cependant multipliées, toutes lourdement médiatisées. Les accusations les plus sordides et indécentes ont prospéré en un environnement politique et médiatique particulièrement agressif et asymétrique, dans le but d’atteindre à mon honneur et à ma dignité ».
Sur ce, les mesures de coercition, perquisitions, mise sous surveillance, garde à vue, mais également menaces et intimidations se sont accumulées. « Cela n’a rien donné. Mon travail de représentation, publication, révélations, auprès de tous ceux qui se battaient pour leur souveraineté, a continué. Nous avons remporté de flagrantes victoires, parfois jusqu’au cœur du pouvoir, du Conseil Constitutionnel aux tribunaux judiciaires où Emmanuel et Brigitte Macron traînaient des individus sans ressources que l’on représentait. Cela les a humiliés. Les accusations, une à une, se sont effondrées, laissant voir nu un roi qui s’agitait », s’enorgueillit-il.
Poursuivant son argumentaire, la robe noire a ouvert le chapitre du Sénégal. « Depuis le mois de mars 2021, soixante personnes ont perdu la vie, et des milliers ont été blessées, arrêtées, torturées et persécutées, sous le regard bienveillant de l’Elysée, dans le cadre de crimes contre l’humanité mis en œuvre par l’un de nos principaux alliés. J’en ai été saisi par des familles de victimes et le principal opposant du pays, Ousmane Sonko, arbitrairement arrêté. J’ai saisi à mon tour la Cour pénale internationale et le pôle de crimes contre l’humanité du TJ de Paris de plaintes pour les représenter », a-t-il déclaré.
Tout en arguant que ces procédures, fondée sur un long travail d’enquête et de récolte de preuves, ont forcé l’allié de l’Elysée, M. Sall, a renoncé à son pouvoir, que par les armes il espérait perpétuer. Juan Branco de souligner : « Cela me vaut aujourd’hui d’être accusé, par Dakar, de la commission de crimes et délits, et par le Quai d’Orsay, d’avoir révélé l’implication d’agents français dans les crimes mentionnés. La vérité brûle le pouvoir. Elle le force à reculer. Nous avons connu, avec Julian Assange, ce mouvement descendant, qui vise à isoler, fragiliser, enfin, dévaster, ceux qui ont le courage d’en faire usage, et de ne pas céder ». Loin de vouloir fléchir, le jeune avocat Je m’y suis préparé, et l’accueille avec sérénité. Dans la dignité, et sans trembler.