Serigne Mboup : « je ne suis pas le pion de Macky »

mboup

Elu nouveau maire de Kaolack, Serigne Mboup a fait savoir qu’il n’est pas le pion de Macky Sall.

Serigne Mboup, maire de Kaolack, est-ce  une surprise pour vous ?

Je dirai que non. Ce n’est pas une surprise. Mais c’est un honneur pour moi. Depuis 2019, nous sommes sur le terrain, à travailler loin des projecteurs et en contact avec les populations pour connaitre leurs réels problèmes, recueillir leurs attentes. Et c’est sur cette base que nous avons élaboré  le programme qui leur a été présenté.

Avez-vous douté que votre ambition de devenir maire ne trouve l’approbation des Kaolackois ?

Non. Jamais

Vous êtes parti à ces élections territoriales du 23 janvier 2022 avec la certitude de les remporter ?

Tout à fait. Je n’ai jamais douté. Je savais que les Kaolackois allaient me porter à la tête du conseil municipal. J’avais leur confiance. Il faut comprendre les risques que j’ai pris pour en arriver là. Moi, un homme d’affaires et en même temps président d’une institution, je ne m’engage jamais dans un projet où je risque de connaitre l’échec. Un déboire dévaloriserait ma personne et mon entreprise. Et c’est quand j’ai eu la certitude, à 90% que cela allait marcher que j’ai déposé ma candidature.

Comment avez-vous travaillé pour mériter la confiance des Kaolackois, par où êtes-vous passé?

J’ai d’abord analysé la situation de Kaolack sur tous les plans. J’ai su que les Kaolackois attendaient bien plus que ce que les politiciens leur proposaient. Ces politiciens qui faisaient tout pour bloquer les ambitions de développement des hommes d’affaires et autres acteurs économiques. Le président de la République, Macky Sall, lors de sa campagne présidentielle avait promis un plan Orsec, la réhabilitation du port, la restructuration du marché. Il avait aussi promis de résoudre le problème de l’assainissement. Mais derrière, il faut des hommes politiques engagés pour la mise en œuvre. Kaolack en manque. Ce qui fâche les citoyens. C’est pourquoi j’ai voulu être maire juste par altruisme. Comprenez que c’est un don de soi. La mairie de Kaolack fonctionne avec budget de 4 milliards FCFA, alors que mes sociétés font un chiffre d’affaires mensuel de 3 milliards FCFA. Je suis le président directeur général (Pdg) de CCBM. C’est vous dire qu’il n’y a pas photo.

 

Vous aviez en face de vous des adversaires sérieux, des candidats du pouvoir/ Comment avez-vous fait pour leur damer le pion ?

Nous ne sommes pas allés à ces élections ex nihilo. Nous avons fait des réalisations à Kaolack. Je peux citer le port qui ne pouvait même plus recevoir deux bateaux, aujourd’hui il en accueille 300. Nous avons réhabilité le cœur de ville de Kaolack. Nous avons redynamisé la chambre de commerce. Nous avions, certes, en face de nous des gens qui avaient toutes  les forces du pouvoir de leur coté en tant que député, directeurs généraux et anciens  ministres, mais qui n’ont rien réalisé à Kaolack. C’est la population qui a décidé. Cela prouve que les gens savent ce qu’ils veulent. Ils reconnaissent ceux qui peuvent porter  le développement de leur localité. Même si nous n’avions pas battu campagne, nous allions les supplanter. Nous étions surs de gagner.

Des gens disent que vous avez utilisé votre fortune pour vous imposer. Ne pensez-vous pas c’est ce qui a fait penser  aux Kaolackois que vous êtes l’homme de la situation ?

Ma fortune, je l’ai utilisée pour investir dans des projets de développement. Je ne l’ai pas utilisé pour  acheter la conscience des électeurs. Même si c’était le cas , on me l’aurait  concédé parce que c’est mon argent. Je suis dans des activités que tout le monde connait contrairement à mes adversaires qui n’ont pas leur propre entreprise. L’un, Mademba Bitèye, est directeur général de la Senelec ; l’autre se dit homme d’affaires. Dans quel secteur ? Je ne sais. C’est à eux qu’on doit demander d’où ils tirent ces ressources qu’ils distribuent aux gens.

Vous parlez de Modou Ndiaye Rahma ?

Oui. C’est bien lui.

N’est-ce pas qu’il a son business ?

Je ne sais pas. Je ne vois pas son business. Je ne lui connais aucune activité.

Pouvez- vous revenir brièvement sur vos grands chantiers ? Quelles sont vos priorités pour la ville de Kaolack ?

Nous  voulons faire de Kaolack, en 2030, une ville prospère avec une bonne qualité de vie. Une vision basée sur un triptyque : l’assainissement, le développement et la protection. La ville doit être assainie. Dans un premier, nous allons insister sur l’enlèvement des déchets en collaborant avec  l’Unité de coordination  de la gestion des déchets solides(UCG). L’Etat a certes beaucoup travaillé là-dessus, mais il reste encore quelques efforts à fournir pour avoir une unité d’enlèvement des ordures, Kaolack, ville carrefour, a aussi besoin de routes praticables et nous allons le soumettre à l’Etat. Nous pensons avoir une oreille attentive. Nous ne faisons pas de la politique. Nous avons pris la mairie pour développer la ville et nous comptons travailler en étroite collaboration avec le pouvoir central. En résolvant le problème de l’assainissement, en construisant des routes, en réalisant des pavages, entre autres, nous entrons dans le dixième point qu’est le développement. Le développement ces projets précités. Le troisième concerne la protection. Protection des institutions, des fonds publics municipaux, entre autres.

Avez –vous les moyens de votre politique ?

Sur la base du budget de la mairie, on peut dire qu’on a les moyens. La mairie de Kaolack a un budget de 4 milliards FCFA. Mais, à condition que les services fonctionnement correctement. S’ils ne le font pas, la mairie pourrait retomber à 2 ou 3 milliards FCFA. Les moyens doivent être recherchés du côté de l’Etat d’abord. Il y’a des compétences qui sont transférées sans que les moyens suivent. Nous avons des stratégies pour avoir l’accompagnement de l’Etat. De plus, le budget, qui est aujourd’hui de 4 milliards, peut être majorité jusqu’à 20 millions Fcfa en moins de 2ans. Kaolack en a les capacités.

Y a-t-il une différence entre l’idée que vous vous étiez faite dans la mairie et la réalité ?

Pas carrément. Le travail que je fais à la tête de mes entreprises est bien plus compliqué que la gestion d’une mairie. Pour faire un bénéfice, il faut avoir un fonds, acheter les marchandises, chercher un client, vendre. Alors que la mairie fonctionne sur la base de taxes qu’elle va juste recouvrer. Les deux premiers jours qui ont suivi mon installation, j’ai été au trésor, j’ai rencontré le gouverneur, le préfet. J’ai visité tous les services. J’ai trouvé à la mairie des plombiers qui se tournaient les pouces. Ils m’ont fait comprendre que quand il y’ a des réparations à faire, c’est une main d’œuvre extérieure qui s’en charge. C’est quand  je me suis rendu au trésor que j’ai compris. La mairie n’a pas de fonds de caisse. Pour effectuer la plus petite opération, elle doit lancer un marché. Les procédures ne permettent pas au maire d’aller acheter son matériel pour procéder à des travaux. Des centaines de personnes sont embauchées alors que les procédures ne donnent pas à la mairie le pouvoir de les faire travailler.

Ramatoulaye

 

 

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