Santé : Ces insuffisances qui réduisent l’efficacité de la lutte contre le diabète.
Au Sénégal comme partout ailleurs dans le monde, le diabète ne cesse de progresser. Dans notre pays, le nombre de cas a connu une forte croissance. Entre 2018 et 2019, le nombre de consultations a augmenté de plus de 20%, a déclaré le Pr Maïmouna Ndour Mbaye. Cette dernière, chef de l’Unité de médecine interne à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), qui prenait part à une réunion virtuelle hebdomadaire de l’Oms, a fait état de la première enquête nationale conduite en 2015. Enquête dont les résultats ont montré que ‘’3,4% de la population âgée de 18 à 69 ans étaient diabétiques. Et que cette prévalence est passée à 7,9% chez les plus de 45 ans’’.
Comme la plupart des pays africains, notre pays, poursuit-elle, ne dispose pas encore d’un programme national de lutte contre le diabète. Une situation que le Pr Mbaye semble regretter malgré l’existence de la division de lutte contre les maladies non transmissibles, au sein de la Direction de la lutte contre la maladie, au Ministère de la santé, mais d’énormes protocoles ont été élaborées pour améliorer la prise en charge. Et de nombreuses activités sont menées, mais toujours, dans le cadre de projets financés par des bailleurs extérieurs avec toujours le défi récurrent de la pérennisation parce qu’il n’y a pas de financement étatique.
La crise sanitaire a contribué à l’aggravation du sort des malades du diabète. Pour preuve, selon elle, la pandémie à Covid-19 est venue assombrir ce tableau. Et les statistiques ont montré que ‘’le diabète et l’hypertension artérielle sont les comorbidités les plus couramment associées aux décès chez les patients hospitalisés de la Covid-19 et l’impact émotionnel et psychosocial est très important chez nos patients. Et de nombreuses perturbations ont été observées dans les services de maladies non-transmissibles et de diabète, en particulier, par exemple dans nos services, la moitié des lits d’hospitalisation ont été alloués aux cas Covid-19. Il ne nous reste plus que 20 lits pour les cas non Covid-19’’.
S’y ajoute qu’au plan national, malgré les efforts consentis pour décentraliser les soins et former des professionnels de santé, les ressources humaines restent encore insuffisantes, de même que les infrastructures y compris les laboratoires nécessaires à la prise en charge du diabète, indique-t-elle.
Ces manquements relevés, elle a fait état de l’affectation de certains personnels qualifiés pour la prise en charge de ladite maladie dans d’autres entités. »Une bonne partie du personnel a été affectée aux Centres de traitement des épidémies (Cte), des activités jugées non-urgentes telles que les dépistages systématiques des complications du diabète ont été reportés ; les rendez-vous de contrôle ont été différés pour les bonnes raisons, mais aussi par phobie des structures sanitaires entre autres. Et pour faire face à tous ces défis, des innovations ont été mises en place’’.
C’est le cas, à l’en croire, du Programme mondial ‘’Be Healthy be-mobile’’ pour améliorer la prise en charge du Diabète initié avant la pandémie à Covid-19. Innovation que le Sénégal est le premier pays d’Afrique francophone à appliquer.
NKN