Primature, perchoir et cohabitation : Les éclairages du constitutionnaliste Ndiogou Sarr
Pour faire le point et éclairer la lanterne du citoyen lambda, Bes Bi « Le Jour » a ouvert ses colonnes au constitutionnaliste, Ndiogou Sarr, pour éclairage et ainsi requérir le commentaire des résultats et les présents évènements que peuvent avoir le pays les jours à venir.
La « cohabitation » est l’un des concepts tant agités sur la scène dans la foulée des premières tendances des résultats du scrutin législatif. Le si convoité poste de président de l’Assemblée nationale est aussi sur toutes les lèvres, ainsi que l’hypothèse d’un Premier ministre issu des rangs de l’opposition.
La cohabitation…
« La cohabitation signifie que dans l’Exécutif, c’est les différentes sensibilités qui exercent le pouvoir. C’est quand, dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique gouvernementale, il y a deux sensibilités politiques. Donc, il faut savoir que la cohabitation est juste une réalité politique mais pas constitutionnelle. Alors, on ne peut pas parler d’une cohabitation juste à partir d’une majorité d’une coalition de l’opposition à l’Assemblée nationale. Car, quand il y a une pluralité dans le parlement, c’est le pluralisme qui est la réalité garantie. Or, comme le cas de figure actuel où il y a plusieurs sensibilités, et qu’aucune d’entre elles n’arrive à obtenir une majorité confortable, chacun peut présenter son candidat. Alors, étant donné que jusqu’à présent il n’y a pas de résultats définitifs, il faudra attendre ceux de la Proportionnelle qui va découler d’un quotient qui sera dégagée. À partir de là, on verra si la coalition au pouvoir n’a pas une majorité absolue pour pouvoir choisir son président. Soit aussi elle peut avoir un candidat et négocier avec les autres qui accepteront de voter en sa faveur. Et ce sera encore au tour des parties de l’inter-coalition Yaw-Wallu de faire la même chose. Voilà, en réalité, le débat qui va se poser dans quelques jours. Car quand il s’agira de la création d’un groupe parlementaire, du côté de l’opposition, ce sera Yaw et Wallu. Mais non l’inter-coalition Yaw-Wallu. Surtout qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucun cadre juridique comme base de cette inter-coalition. »
Perchoir…
« Maintenant, il est vrai que dans le cadre de notre Assemblée nationale avec son autonomie et sa manière de fonctionner, l’Assemblée doit pouvoir prendre des mesures pour effectivement mettre en place des institutions qui vont gouverner à son propre fonctionnement. Et, souvent, chacune des différentes sensibilités peut proposer un candidat pour le poste de président de l’institution parlementaire. Et ce sont les députés qui votent. Cependant, au Sénégal, de tout temps, c’était la coalition au pouvoir qui avait la majorité qui lui permettait d’élire un de ses membres dans ce poste. Puis, ce choix opéré par le pouvoir était facilement validé par l’Assemblée. »
Primature…
« Si, par exemple, Yaw-Wallu s’en sort avec 83 députés, ils seront obligés eux aussi de négocier avec les autres. Et seulement, dans cette perspective, il faut retenir que c’est Wallu qui sera le véritable faiseur de roi dans l’Hémicycle. Parce qu’une fois arrivée à l’Assemblée, l’inter-coalition ne va pas exister juridiquement. Et dès lors que Wallu se range du côté du pouvoir, celui-ci reviendra avec sa majorité dans chacune de ses initiatives. Au cas contraire également, c’est Yewwi Askan Wi qui va en profiter. Sur le plan constitutionnel, même si Yaw-Wallu sortait majoritaire de ces Législatives, il n’y a aucun texte qui oblige le Président Macky Sall à nommer un Premier ministre parmi eux. Maintenant, le seul danger est que si le Président de la République choisit un chef du gouvernement qui viendra à l’Assemblée pour étrenner sa feuille de route, ce dernier sera soumis à un vote de confiance. Les députés pourraient refuser la confiance qui doit amener à sa démission. Ce qui peut créer un blocage ».