Pourquoi y a-t-il autant de joueurs exclus dans cette CAN ?
La Coupe d’Afrique des Nations 2021 restera dans l’histoire comme un tournoi plein de curiosités et d’anecdotes. Le COVID-19 a inévitablement affecté le début de la compétition et a ensuite conduit à des situations curieuses comme celle vécue lors du match Cameroun-Comores, où un défenseur de la modeste équipe insulaire a dû mettre ses gants pour défendre le but de son pays avec une certaine fiabilité pendant les 90 minutes.
L’arbitrage a été controversé dès le début, l’arbitre zambien Janny Sikazwe ayant sifflé deux fois trop tôt lors du match Tunisie-Mali. Un manque de contrôle que d’autres arbitres ont également mis en évidence lors de plusieurs matchs ultérieurs. Par exemple, le match Sénégal-Cap-Vert, au cours duquel les Lions de la Terranga se sont qualifiés pour les quarts de finale après l’expulsion de deux joueurs du Cap-Vert, a également été entouré de controverses et de doutes quant à l’utilisation de la VAR.
Après cette double expulsion, BeSoccer Pro s’est penché sur cette CAN pour la comparer à d’autres grands tournois et aux éditions précédentes. Et l’analyse confirme que l’édition actuelle du tournoi africain s’avère beaucoup plus difficile. Pas moins de 12 cartons rouges ont été brandis à dix matchs de la fin. Il faut donc s’attendre à ce que le nombre de cartons rouges augmente encore, car l’enjeu va aller en augmentant.
Le nombre d’expulsions a déjà atteint le double de celui accumulé lors de la dernière Copa América – six en seulement 28 matches – et du dernier Euro – six en 51 matches – et le triple de celui de la fin de la dernière Coupe d’Asie – quatre en 51 matches. Un critère différent qui n’a pas été la marque de fabrique de la Coupe d’Afrique lors des dernières éditions. En effet, seuls cinq cartons rouges ont été sortis lors de la CAN 2019, un chiffre encore plus bas en 2017 -un dans tout le tournoi- et seulement deux en b.
L’arbitrage vidéo a eu son rôle à jouer
L’introduction de l’arbitrage vidéo dès le début de la compétition a permis à plusieurs joueurs de passer sous la douche plus tôt que prévu. Sur les 12 cartons rouges montrés cette année, six ont été validés après la révision de l’arbitre sur l’écran de la VAR.
Sur les cinq exclusions restantes, quatre l’ont été pour des doubles cartons jaunes et une autre a été donnée à la fin du match Gabon-Ghana, après que Benjamin Tetteh ait déclenché une bagarre en frappant Boupendza. Dans les cas d’actions douteuses, l’intervention du VAR s’est avérée décisive pour augmenter le nombre de cartons rouges, même dans les jeux analysés avec une rigueur excessive.
Une analyse des éditions précédentes confirme que les arbitres ont placé la barre très bas lors de cette Coupe d’Afrique. En 2019, un tournoi qui s’est déroulé sans arbitrage vidéo jusqu’en quart de finale, il y a eu 1 905 fautes et seulement cinq expulsions, soit un carton rouge pour 381 infractions. En 2017, un seul joueur africain a vu rouge sur l’ensemble de la compétition, pour un total de 1 206 fautes sur toute la compétition. Les deux rouges de 2015 ont été prononcés après 1 111 fautes, soit une expulsion pour 556 infractions.
En janvier 2022, les arbitres ont été beaucoup plus méticuleux. L’augmentation des cartons rouges n’a pas entraîné une augmentation du nombre de fautes, mais on a constaté une diminution notable de l’arbitrage permissif. L arbitres de la CAN 2021 ont montré un carton rouge toutes les 109 fautes. Un chiffre qui n’est pas non plus en adéquation avec le nombre d’arrêts de jeu, l’édition actuelle étant celle qui compte le moins d’infractions par match parmi les quatre dernières (31,07 fautes par match, contre 36,63 en 2019, 37,68 en 2017 et 34,71 en 2015).
Dans un monde du football de plus en plus globalisé, ce qui s’est passé lors de cette Coupe d’Afrique a un impact beaucoup plus important sur les autres continents et l’intérêt pour le tournoi devrait croître au cours de la prochaine décennie. Afin de rattraper les autres tournois majeurs, la CAF doit élever les standards dans plusieurs de ses domaines, et l’un des plus importants dans cette édition est clairement l’arbitrage.