Pour corriger « l’injustice » subie par les enseignants décisionnaires : la traque des décrets et circulaires lancée par les concernés.

Formés dans les mêmes écoles, recrutés dans les mêmes conditions, assujettis aux mêmes tâches, astreints aux mêmes résultats que leurs collègues fonctionnaires, des enseignants qui sont dans le service public n’ont pourtant pas le même traitement quant à leur salaire, leur carrière et leur retraite. Ils sont appelés les décisionnaires.

Du fait des lenteurs administratives, ces enseignants qui sont au nombre de 5.059 et qui ont obtenu leur diplôme avant 35 ans ont été reclassés dans le corps des décisionnaires. « Il y a les décisionnaires reclassés à tort, c’est-à-dire ceux qui avaient leur diplômes avant l’âge de 35 ans. Il y a aussi les décisionnaires de fait, à savoir les gens recrutés après l’âge de 35 ans et enfin les décisionnaires qui ont commencé par le privé et qui ont ensuite intégré le public », explique Amadou Camara Diène, secrétaire général du Collectif des enseignants décisionnaires non fonctionnaires de l’État.

Sous la tutelle du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), ces professionnels de l’éducation ont décidé de faire réparer ce qu’ils considèrent comme une inégalité et une injustice.

Pour le secrétaire général du SELS, Hamidou Diédhiou, il s’agira de traquer des décrets et des circulaires qui les maintiennent dans une situation de précarité inacceptable. « Le décret 74-347 (fixant le régime spécial applicable aux agents non fonctionnaires de l’État), la circulaire 9 de 1967 ainsi que les circulaires 31 et 32 de 1961 posent problème », déplore le syndicaliste qui remet sur la table « le décret transitoire pris en 2006 qui devait permettre à ceux qui ont été injustement reclassés comme décisionnaires, de pouvoir constituer un dossier afin d’être nominé dans le corps des fonctionnaires et qui malheureusement devait prendre fin en 2008. « Tout cela doit faire l’objet de révision par décret et d’abrogation pour les circulaires », réclame Hamidou Diédhiou.

Le secrétaire général du Collectif des enseignants non fonctionnaires de l’État tape du poing sur la table en avertissant sur les conséquences qui peuvent découler de ce genre de traitement inégal. « Ce sont des agents qui, s’ils continuent dans ce sillage-là, ça va déteindre sur les résultats parce que quelqu’un qui est démotivé, démoralisé, n’a plus envie de donner de lui-même pour accompagner les enfants. Dans un système où il y a une justice à deux vitesses, il y aura forcément des conséquences néfastes et désastreuses sur les apprenants », prévient Amadou Camara Diène.

Hamidou Diédhiou reconnaît que des choses ont été faites par les syndicats d’enseignants pour améliorer les conditions de ces travailleurs et considère que le « gouvernement ne devrait pas attendre que le problème lui tombe dessus ».

Dans tous les cas, il trouve que cette situation ne peut plus prospérer car, « trop, c’est trop ».

Aller vers la résolution de cette « injustice » doit passer d’abord par un préalable. C’est la raison de la tenue du Forum « que nous organisons avec l’accompagnement de la CNTS (Confédération nationale des travailleurs du Sénégal) », justifie le Secrétaire général du SELS dont la sollicitude est saluée par les décisionnaires qui fondent beaucoup d’espoir sur cette démarche.

« Nous espérons qu’au sortir de ces travaux, on sortira un document qui permettra de tracer une feuille de route et ensemble nous aurons très rapidement des correctifs nécessaires pour que l’espace scolaire soit apaisé », souhaite vivement Amadou Camara Diène.

NKN