Possible arrestation de Sonko : Le spectre de l’affrontement
Si, au plus tard, Ousmane Sonko ne se présente pas aujourd’hui, lundi 15 Mai, au Greffe du Tribunal de grande Instance de Dakar, il se pourrait qu’il soit cueilli et ramené manu militari !
En effet, c’est un des actes obligatoires prévus par le Code de Procédure pénale dans le cadre d’un dossier criminel comme celui de “Sweet Beauty Spa“.
« Ils ont prévu une ordonnance de prise de corps dans l’affaire “Adji Sarr“. Ils veulent arrêter Ousmane Sonko. Il faut s’y opposer ! ». C’est la révélation d’Alioune Ndao, lors de la manifestation du F24, vendredi dernier. Un politique qui demande de « s’y opposer ». Mais une certitude d’un ancien Procureur, avocat général surtout, qui a dû passer par de pareilles décisions, pour avoir siégé dans des procès en Cour d’assises, devenue Chambres criminelles. Il est clair qu’Ousmane Sonko devra se signaler ce lundi au plus tard, au greffe pour échapper à une arrestation. Seulement, sauf coup de théâtre, le leadeur de Pastef n’entend pas répondre à une quelconque convocation de la Justice au nom de sa « désobéissance civique ».
Le cas échéant, voici ce qu’en dit la loi. Et il n’y a pas d’autre choix. La « Section première » du chapitre 4 qui traite « De la procédure préparatoire aux audiences de la Chambre criminelle » parle même « Des actes obligatoires ». En son article 238, on y dispose :
« Dès que la décision de renvoi est devenue définitive, l’accusé, s’il est détenu, est transféré à la maison d’arrêt du lieu où doit se tenir l’audience de la Chambre criminelle. » Son alinéa 3 est relatif au cas Sonko : « L’accusé qui a été mis en liberté ou qui n’a jamais été détenu se présente, au plus tard la veille de l’audience, au Greffe qui s’assure de sa représentation en Justice. »
Faute de quoi, c’est la révélation de Alioune Ndao qui s’applique, selon l’alinéa 4 :
« L’ordonnance de prise de corps est exécutée, si dûment convoquée par voie administrative au greffe de la Chambre criminelle et sans motif légitime d’excuse, l’accusé ne se présente pas au jour fixé pour être interrogé par le président de la Chambre. » De même, l’alinéa 5 prévoit clairement : « L’ordonnance de prise de corps est également exécutée sur décision motivée du président de la Chambre criminelle lorsqu’il estime que la détention de l’accusé est nécessaire. Cette décision est sans recours. »
Mais il y a aussi la présence de Sonko à l’audience pour répondre des accusations d’Adji Sarr. Et là, c’est moins corsé par l’article 239 qui, tout de même, précise que « si l’accusé ne peut être saisi ou ne se présente pas, il est statué contre lui par contumace ».
Yewwi et Pastef en bouclier… ?
C’est dire qu’il n’y a pas assez de marges pour laisser le maire de Ziguinchor libre, ce lundi. À moins qu’il impose le rapport de forces comme en Mars 2021, lorsqu’il avait arraché un contrôle judiciaire. Il est encore à Ziguinchor depuis la veille de son procès en appel, contre Mame Mbaye Niang et qui a fini par une condamnation à 6 mois avec sursis qui le prive d’une éligibilité en attendant son pourvoi en cassation.
Quoi qu’il en soit les interrogations sont là : Sera-t-il cueilli ? Quelles conséquences, alors qu’il est dans son fief ? Le spectre de violences plane. Le calme du week-end semble précaire. L’inquiétude des travailleurs est palpable ! Les proches de Sonko, eux-mêmes, ne doutent pas de son arrestation. C’est dans ce cadre que des leadeurs de Yewwi comme Dr Malick Gackou, Dre Aïda Mbodji et Dr Cheikh Tidiane Dièye ont rejoint Ziguinchor depuis hier, dans la soirée, pour soutenir leur allié.
Alors que, de son côté, Pastef–Les Patriotes mobilise ses troupes et invite « chaque section communale et mouvement à se faire représenter par trois personnes au minimum », lundi, à 16h. Ce pour la « préparation du procès de ce mardi 16 Mai ».
De leur côté, les avocats de Sonko ont annoncé une conférence de presse aujourd’hui à 11h.