Mutations sociales : Un département de psychologie à l’UCAD

Les nombreux cas de suicides, infanticides, parricides, fratricides et autres crimes sexuels ont fini d’inquiéter les Sénégalais. Aujourd’hui, il est plus que jamais urgent de mieux comprendre les comportements humains. C’est pour cela que l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a mis en place un département de psychologie.

« Aujourd’hui, au Sénégal notamment, les enseignants et praticiens de la discipline, sont de plus en plus sollicités pour des services psychologiques dans différents domaines, mais également interpellés très régulièrement par un nombre sans cesse croissant d’étudiants de l’UCAD, de toutes les facultés confondues, en quête d’une formation en psychologie », explique l’UCAD dans son projet d’argumentaire. Le décret de création a été signé en mars 2020 et la première promotion lancée avec 150 étudiants actuellement en première année.

En réalité, il s’agit moins d’une création que d’une réouverture, explique Pr Oumar Barry, chef du département. En effet, la psychologie a été un des départements phares de l’Université de Dakar sous la direction de Pierre Fougeyrollas jusqu’en 1968, date de sa fermeture en même temps que les départements de philosophie et sociologie. La philo étant une discipline au baccalauréat a été rouverte très rapidement, parce qu’il fallait des professeurs dans cette matière. La sociologie a repris ses droits en 1999, laissant la psychologie dans les oubliettes.

Aujourd’hui, répondant à la nécessité d’adapter davantage ses offres de formation aux besoins de la société, l’UCAD a relancé cette matière transversale. « La psychologie est une discipline importante parce que liée à tous les domaines de la vie. Et de plus en plus, on observe un ensemble de phénomènes que l’on peut analyser sous l’angle de la psychologie pour mieux comprendre les conduites humaines », explique Pr Barry.

L’enseignant fait remarquer que partout dans le monde, la psychologie prend de plus en plus de l’ampleur dans la mesure où le monde devient de plus en plus complexe. D’où la diversité de cette discipline que certains voudraient même mettre au pluriel : psychologie de la famille, psychologie scolaire, psychologie des sports, psychologie de la guerre…
Au Sénégal, souligne le spécialiste, l’association faite entre psychologie et psychiatrie ne facilite pas les choses. Beaucoup pensent à la folie dès qu’on parle de psychologie, ce qui relève d’un amalgame qui n’incite pas à aller chez le psychologue. Le département devra donc aider à mieux faire comprendre cette discipline pour une meilleure prise en charge des problèmes psychologiques qui peuvent aujourd’hui menacer les populations et l’équilibre des dynamiques interactionnelles dans les systèmes sociaux et économiques.

NKN