Mohamed N’DAO « TYSON » et son « Boul Faalé » révolutionnaire
Emprunté au slogan qui était en vogue dans les communautés ghettoïsées états-uniennes, littéralement « Never mind », wolofisé en « Naba danyine », le « Boul Faalé » du champion pikinois de la fin des années 90, Mohamed N’DAO « TYSON », a tout simplement révolutionné la lutte sénégalaise. Originaire de Kaolack, et disciple de Mawlana Cheikhal Islam Cheikh Ibrahima NIASS « BAYE », « TYSON » aura grandement contribué à la prise de conscience de ses collègues lutteurs et provoqué inéluctablement l’augmentation de leurs cachets.
D’où vient l’esprit « Boul Faalé » ? Comment « TYSON » a–t–il pu réussir une si grande promotion de la lutte ?
L’apport du « Boul Faalé » à la lutte sénégalaise
De Sosso-SOUMAORO, puissant mystique réputé détenir ce pouvoir de se transformer et ennemi juré de Soundiata KEÏTA, en passant par Koumba Ndofène DIOUF « FAMAK » ou Bour SINE Koumba Ndofène DIOUF qui, jadis, témoigna favorablement sur Cheikhal KHADIM, l’héroïsme des Damels du CAYOR, Bourbas du DJOLOFF et Baracks du WALO se reflète dans les chaudes empoignades sans merci des mastodontes de la lutte.
Pour rappel, il faudra attendre 1920 pour qu’il y ait lieu le premier combat de lutte avec frappe (LAF) au Sénégal : le français Maurice JACQUIN devint le premier promoteur des arènes sénégalaises à organiser le premier combat de lutte à mains nues. Venu dans un contexte où l’art ne nourrissait pas son homme, Mohamed N’DAO « TYSON », fort d’une formation en Management, a pris son courage à deux mains pour dire niet à une certaine catégorie de promoteurs, qui se faisaient un chiffre d’affaires insolent, laissant les lutteurs dans la précarité avec des miettes. Ainsi, du « rebranding » de “DIAMONO“ à l’époque devenu “Orange“ à sa réception à l’ambassade des États–Unis -à la place d’un khaftane, « TYSON » enfilait la bannière étoilée-, le leadeur de la génération « Boul Faalé » tira grandement profit des occasions susdites de partenariat pour se faire une santé financière, en dehors de ses cachets (premier lutteur à gagner 30 millions contre l’ancien Roi Hyacinthe N’DIAYE Manga 2).
A partir de là, ses collègues lutteurs s’étaient adonnés à une sérieuse prise de conscience et aujourd’hui les champions gagnent jusqu’à 100.000.000 de francs CFA pour un combat. De son Kaolack natal à son fief Pikine, Mohamed N’DAO « TYSON » a montré la voie à ses collègues pour que le licencié de notre sport traditionnel puisse vivre comme un champion après sa carrière sportive.
Fin de carrière compliquée d’un leadeur charismatique
Sous le rythme cadencé d’un bathie-guéweul attitré, les mains levées en signe de Victoire dans un stade acquis à sa cause, « TYSON », sous les couleurs de la bannière étoilée, exécutait une chorégraphie endiablée et bien appréciée des populations. De son baptême de feu contre Nguèye LOUM à son dernier combat contre le 3ème Tigre de FASS, Gris Bordeaux, Mohamed N’DAO « TYSON » a eu une dizaine de victoires et 6 défaites (BOMBARDIER –2fois-, YÉKINI –2fois-, Balla GAYE 2 et Gris BORDEAUX). Pour rappel, la dernière victoire de « TYSON » remonte à 2004 contre Moustapha GUÈYE 2ème Tigre de FASS, choc ficelé par “Action 2000“ d’Alioune « Petit » M’BAYE. Ainsi donc, après plus d’une dizaine d’années dans laquelle « TYSON » sombra dans la grisaille, le combat contre Gris BORDEAUX fut le clap de fin.
Au sortir de cette confrontation, Mohamed N’DAO « TYSON » rangea purement et simplement son nguimb, jeta l’éponge diraient nos amis boxeurs. Tel un mythe qui s’était écroulé, le choc contre BOMBARDIER en 2002 scella son tout premier revers dans l’arène. Toutefois, le sport–business lui aura permis de gagner une fortune et préparer une belle retraite. En dépit des immenses déceptions vécues par ses fans lors de ses 3 derniers combats et du fait que les lutteurs sont parfois taxés de fous, Mohamed N’DAO « TYSON » est resté ce leadeur charismatique au verbe facile et au comportement exemplaire.