Mbougar Sarr sur les accusations LGBT+ : « Mon tribunal, c’est ma conscience »

nterpellé par « Jeune Afrique » lui demandant s’il s’agissait d’ »un cadeau empoisonné », l’écrivain sénégalais répond : « Je trouve étrange qu’il arrive maintenant, pour un roman paru il y a trois ans. J’ai été surpris, mais cela m’a aussi fait sourire. Le prix Goncourt produit de pareils effets : beaucoup en veulent un morceau. »

Allant plus loin, il explique dans les colonnes du magazine panafricain : « Au fond, ce prix m’indiffère, mais je me serais bien passé de la polémique qu’il a générée, qui me prête des intentions invraisemblables et m’éloigne de la littérature [il a été accusé d’être sous l’influence des lobbys LGBT+, Ndlr]. Désormais, quelle que soit la position que j’adopte, elle pourrait m’être reprochée par quelques-uns. C’est la rançon de la surexposition médiatique. »

Sarr soutient qu’il doit « accepter de vivre avec, c’est-à-dire ne pas répondre à toutes les polémiques, refuser de comparaître devant tous les tribunaux institués pour clarifier des positions. Mon tribunal, c’est ma conscience. Mes juges, ce sont mes livres. Je voudrais demeurer un écrivain, quelqu’un qui assume ces moments de tension créés par le langage littéraire, lequel est subtil, ambigu, fait de malentendus. Cette ambiguïté, dérangeante pour certains, moi, m’intéresse ».

 

Il considère que certaines attaques violentes étaient dirigées contre sa famille. « Elles me touchent, mais ne m’ébranlent pas. J’essaie de comprendre les logiques profondes de ces réactions, même les plus abjectes d’entre elles. Écrire, c’est prendre le risque d’être jugé et incompris. Je ne suis pas le premier écrivain dans cette situation. Je ne serai pas le dernier. Je remercie en tout cas toutes les personnes qui ont défendu la liberté de créer et de s’emparer de tous les sujets dans une perspective romanesque. Il ne s’agissait pas seulement d’un lynchage : il y a aussi eu débat, et il dépassait ma personne pour toucher à des principes », s’est-il défendu dans « Jeune Afrique ».