Locales 2022 / Fin de campagne – Bilans, programmes, guerre des mots, violences : Que retenir après 15 jours de quête d’électorat?
Ce sont plus de 6 millions de citoyens sénégalais qui sont attendus ce dimanche pour ces échéances électorales dans le but d’élire leurs représentants au niveau des mairies et conseils départementaux sur l’étendue du territoire national.
Dans la capitale comme dans les régions, les candidats ont, depuis deux semaines, entamé la course à l’électorat en s’adressant publiquement aux populations pour, soit faire le bilan pour les maires sortants, soit décliner leurs programmes pour les convaincre à adhérer à leur vision. Mais cette campagne électorale n’a pas été sans conséquence. Entre la guerre des mots et la violence, il faut préciser que des scènes de violence ont été remarquées dans certaines contrées du pays même si, elles ont été sans grandes conséquences.
Mais avant de parler de cet aspect qui est loin d’honorer le champ politique, attardons nous d’abord sur la déclinaison des programmes des candidats en précisant que l’enjeu électoral se situe dans les régions de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Ziguinchor.
À Dakar, nous avons le maire sortant, Soham El Wardini, Mame Mbaye Niang, Abdoulaye Diouf Sarr, Pape Diop, Barthélémy Dias et Doudou Wade. Ces hommes politiques sont en compétition pour la gestion de la ville de Dakar qui a un budget de plus de 50 milliards par an.
Dans l’ancienne capitale, Mary Teuw Niane fait face au candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Mansour Faye.
À Thiès, le vice-président du Conseil départemental, candidat du camp présidentiel fait face à Talla Sylla, Moussa Tine ou encore Babacar Diop de la coalition Yewwi Askan Wi. À Ziguinchor, les candidats comme Abdoulaye Baldé, Ousmane Sonko, Doudou Ka, se sont illustrés dans cette campagne. La guerre des mots d’ailleurs n’a pu être évitée même si les candidats confirment détenir de bons programmes destinés aux populations.
Dans la présentation de leur programme, les candidats des deux coalitions les plus en vue dans l’espace politique, en l’occurrence, Benno Bokk Yakaar et Yewwi Askan Wi, nous avons noté l’envie de Abdoulaye Diouf Sarr et de Barthélémy Dias, d’apporter un changement dans la gestion municipale. D’ailleurs, pour le candidat de Benno, « il faut faire revivre Dakar, car elle a été mal prise en charge pendant 12 ans. Une nouvelle gestion collégiale et inclusive dans la gouvernance est un impératif ». Barthélémy Dias quant à lui, veut travailler pour une capitale moderne capable de concurrencer les autres capitales du monde. Pour cela, il veut travailler sur un programme qui prend en compte 6 axes avec une centaine de propositions. Celle qui succéda à Khalifa Sall et se représente sous la bannière de l’Union Citoyenne Bunt Bi, veut également convaincre. C’est d’abord en déclinant son bilan qui s’articule autour de l’hygiène et la santé, l’éducation, l’équité et l’inclusion, la propreté et l’écologie et enfin, les territoires et la société. Soham El Wardini entend continuer cette œuvre en la renforçant pour le mandat municipal prochain. La coalition Wallu Sénégal qui a un candidat avec un parcours politique riche, souvent qualifié d’homme « d’expérience et de maturité », Doudou Wade en l’occurrence, veut « rendre Dakar à ses habitants ».
En d’autres termes, le candidat de Wallu à la ville de Dakar considère qu’il doit y avoir une co-construction de la ville de Dakar en satisfaisant les besoins des populations en épanouissement, en sécurité et en opportunités. Pour sa part, l’ancien maire de Dakar, Pape Diop, insiste sur le volet social qui occupe une bonne partie de son programme avec un focus sur l’accès aux services sanitaires de base à toutes les personnes vulnérables.
La politique de la sécurité, la gestion et la gouvernance territoriale sont aussi, des aspects de son programme à ne pas occulter.
Pour le cas de Mame Mbaye Niang, son programme est axé sur 9 points avec notamment 27 déclinaisons. Il faut d’abord pour lui, rétablir l’équilibre fonctionnel du territoire urbain pour faire de Dakar une ville durable et résiliente, repenser les écoles pour une éducation de qualité, insister sur l’économie sociale et solidaire, le sport, la santé etc…
Même si Dakar est plus agitée au cours de cette campagne électorale, les autres régions ne sont pas en reste.
À Mbour, le candidat de la coalition BBY, Cheikh Issa Sall a sillonné les artères de la petite côte, soutenu par les autres responsables politiques de la coalition. C’est vrai que la coalition Yewwi Askan Wi est bien présente avec sa tête de liste, Me Abdoulaye Tall qui a même eu un soutien politique avec des ralliements notés dernièrement. Il s’agit notamment de Cheikh Ndiaye Kaddu Mbour et de l’ex directeur général de la Pna sous le régime de Abdoulaye Wade et par ailleurs, membre fondateur de Ldr/Yessal.
Ousmane Sonko fait le point avec son programme Burok, dans lequel, il compte développer la commune de Ziguinchor avec un budget estimé à 80 milliards F Cfa. Le fils de la Casamance estime aussi, mettre en valeur la richesse de la commune de Ziguinchor. En face, la coalition Benno Bokk Yaakar avec à sa tête, Benoît Sambou soutenu par Seydou Sané, candidat au Conseil départemental de la même commune pour le compte de BBY.
Une campagne électorale, fait-il le rappeler, s’est déroulée avec une certaine violence dans quelques zones du pays. À la Médina, Mbour comme dans d’autres parties de la banlieue de Dakar, des scènes de violence ont été notées en dépit des interventions et appels à la non-violence dans l’espace politique. Il est à préciser que la violence n’a pas été que physique. Parfois c’est la guerre des mots, comme nous l’avons remarqué entre les candidats Cheikh Issa Sall et Ousmane Sonko, entre ce dernier et Abdoulaye Baldé et aussi avec Lat Diop et Aliou Sall, maire de Guédiawaye. Ousmane Sonko, candidat de la coalition Yewwi Askan Wi à Mbour, a lancé des mots à l’endroit de Cheikh Issa Sall qui n’a pas caché longtemps sa réplique. « Qu’il nous dise qui sont Juliana et Mr Boudik », a répondu le candidat de BBY à Sonko qui lui avait lancé ces mots : » Cheikh Issa Sall et moi sommes entrés ensemble à l’Enam. J’étais d’ailleurs major de la promotion. À l’Enam, les meilleurs peuvent choisir parmi les meilleures filières, les plus rémunératrices, comme les Impôts et domaines, la douane, le Trésor. Lui, il n’en faisait pas partie. Aujourd’hui c’est un simple fonctionnaire. Et un fonctionnaire qui amène des millions ou des milliards et les distribue, ne vous posez pas 100 000 questions, il a volé l’argent du pays ». La guerre s’est poursuivie à Ziguinchor avec la caravane Yewwi Askan Wi dirigée par Ousmane Sonko. Ce dernier a estimé qu’il ne boxait pas sur le même ring que Abdoulaye Baldé.
À l’occasion de la visite du candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar à Médina, des échauffourées ont eu lieu entre partisans de Cheikh Ba qui accueillait sa tête de liste à la ville de Dakar et ceux de Bamba Fall, candidat à la Médina avec la liste Guem Sa Bop de Bougane Guèye Dany.
Des scènes similaires ont eu lieu aussi dans la banlieue avec les camps politiques à couteaux tirés, s’accusant mutuellement. À Pikine-Est, des accrochages entre Yewwi Askan Wi et Benno Bokk Yakaar ont fait des blessés. Même scénario à Malika où quatre blessés ont été enregistrés dans la bagarre entre les militants de la mouvance présidentielle et ceux du mouvement « Malika Biñu Beug’’, et à Yeumbeul-Sud, il y a eu de violents accrochages entre Benno et Yewwi. Ces différends sont souvent notés entre la coalition présidentielle et celle de Yewwi Askan Wi qui sont d’ailleurs les deux grandes tendances politiques regroupant la majorité des candidats.
La campagne électorale ayant pris fin ce vendredi à 00h, place maintenant aux citoyens qui auront le dernier mot…
NKN