Les Républicains débattent (encore), Zemmour dérape (encore), Marion Maréchal hésite (encore)

C’est à une véritable surenchère sur les questions migratoires et sécuritaires que les cinq candidats à l’investiture LR pour la présidentielle se sont adonnés dimanche soir sur BFMTV. A Michel Barnier qui, la veille depuis La Réunion, avait proposé d’y abolir le droit du sol, Eric Ciotti a rétorqué qu’il voulait l’abolir partout. C’était compter sans Valérie Pécresse qui derrière son pupitre a renchéri : « Mes mesures sont plus efficaces que celles de Michel Barnier ! ». Aussi offensive que lors du premier débat, la patronne de la région Île-de-France a affirmé qu’il fallait « cesser le droit du sol automatique y compris en métropole ».
Voile, burkini, liens entre flux migratoires et terrorisme… A 48 heures de la clôture des adhésions pour pouvoir voter au congrès du mois de décembre, tout y est passé. A tel point que l’ex-candidate écolo Sandrine Rousseau s’est réjouie sur Twitter que le wifi défaillant de son TGV l’empêche de regarder la suite du débat, car [sic] « sur l’immigration on était à deux doigts du dérapage vers l’extrême ==+=droite… ».
C’est une « règle tacite » selon les rescapés. Lors des commémorations des attentats du 13-Novembre, on se fait discret. Eric Zemmour n’avait vraisemblablement pas eu le mémo lorsqu’il s’est rendu samedi devant le Bataclan, où 90 personnes ont été tuées par des terroristes le 13 novembre 2015. Après une première salve vendredi, le toujours-pas-candidat à l’élection s’en est pris devant la salle de concert à l’ancien président François Hollande, estimant qu’il avait « pris une décision criminelle de laisser les frontières ouvertes ».
Tollé chez les survivants. « Les victimes du 13 novembre ne seront pas le marchepied d’Eric Zemmour », a fait savoir, au milieu des réactions indignées, l’association Life for Paris. Elle estime qu’Eric Zemmour « n’a pas seulement sali une journée de commémorations dédiées aux victimes […] : il a abîmé la mémoire des 90 personnes décédées au Bataclan ».
Entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, son cœur balance ? Début octobre, Marion Maréchal estimait déjà que deux candidatures à l’extrême droite rendraient la situation « un peu compliquée ». « J’ai tendance à plaider pour une candidature unique derrière le mieux placé », a-t-elle répété dimanche sur Europe 1, en estimant qu’elle représenterait un « bloc à 36-37 % soit près de 10 points au-dessus d’Emmanuel Macron ».
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili y est de son côté peu favorable. « Il y a déjà une police de l’environnement qui existe et qui est exercée par diverses catégories de fonctionnaires assermentés », a-t-elle rappelé, jugeant toutefois que « si les paroles de Willy Schraen veulent dire qu’on peut augmenter les compétences des salariés assermentés [des fédérations de chasseurs] pour la gestion de déchets sauvages, ça se regarde ».
Ça n’a échappé à personne : de nombreux Français ne votent plus. En juin dernier, 66,72 % des électeurs ne s’étaient pas déplacés aux urnes pour les élections régionales, un record absolu pour un scrutin en France.
Promis, juré, il s’est « mal exprimé ». Après le tollé sur sa proposition de bloquer des transferts d’argent vers les pays qui ne rapatrient pas leurs ressortissants, Arnaud Montebourg a rétropédalé lundi, et a vite tenté de faire oublier la polémique.
Mais au sein de son entourage, celle-ci a provoqué de vives tensions, rapportait vendredi « le Figaro », chacun se défendant de la paternité de cette idée. Auprès du quotidien, François-David Cravenne, ancien conseiller de Paris venu de la droite qui se présente comme un simple « visiteur du soir » dans l’entourage du candidat, l’assure : Arnaud Montebourg « lui-même tenait à cette proposition ».
Un nouveau soutien pour Emmanuel Macron. Le président du Parti radical, ancien ministre et ex-maire de Nancy Laurent Hénart, estime que le chef de l’Etat « est le mieux placé pour défendre la République et l’Europe contre les extrémismes », a-t-il annoncé au « Figaro ».
Une extrême droite xénophobe au sommet, une majorité de concitoyens qui juge le nombre d’étrangers trop élevé… mais des immigrés qui font vivre des pans entiers de l’économie et contribuent aux finances publiques. Retrouvez notre article, dans lequel nous démêlons le vrai du faux d’une crispation française vieille de plus d’un siècle.